Un arrêté, qui doit être publié mardi au Journal officiel, interdit l'importation et la commercialisation de ces produits pour une durée d'un an.
Le texte laisse deux mois aux professionnels pour « interroger leurs fournisseurs et avoir l'assurance qu'à la fin des fins la viande ne soit pas issue d'un élevage utilisant des antibiotiques de croissance », a déclaré à l'AFP le ministre de l'agriculture Julien Denormandie. Hors UE où c'est interdit depuis 2006, des élevages ajoutent des antibiotiques dans les aliments des animaux pour favoriser leur croissance et non à des fins de soin.
« Dans les centres d'engraissement énormes, ils ne s'embêtent pas. L'animal est sous antibiotiques toute sa période d'engraissement. Cela permet de le suralimenter sans générer de problèmes de digestion, il est toujours en pleine forme », décrivait récemment Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine, section spécialisée de la FNSEA.
La pratique est mise en cause pour son concours à l'émergence de microbes résistants aux antibiotiques utilisés pour soigner des infections humaines ou animales.
Pour Julien Denormandie, c'est « un non sens en termes de santé environnementale car ces élevages qui utilisent des antibiotiques de croissance créent de l'antibiorésistance, ce qui est dangereux pour notre environnement à tous ».
Mêmes normes sanitaires et environnementales
C'est « aussi une aberration en termes de souveraineté car on met en compétition nos belles productions locales, respectueuses, tournées vers la qualité avec des produits issus de production qui utilisent encore ces antibiotiques de croissance », ajoute le ministre. Il cite les exemples des pays exportateurs de volailles que sont le Brésil, l'Ukraine et la Thaïlande.
L'interdiction d'importer ces produits était attendue à l'échelle européenne fin janvier 2022 au plus tard.
« Je pense qu'il faut aller vite sur ces sujets. Cette échéance étant passée, je prends une mesure au niveau national », soutient le ministre qui milite pour imposer aux produits agricoles importés les mêmes normes sanitaires et environnementales qu'en Europe.
L'interdiction française est un « signal politique » à quelques semaines du premier tour de la présidentielle et une poignée de jours du Salon de l'Agriculture, estime Bruno Dufayet, qui préside aussi la commission Enjeux sociétaux de l'interprofession de la viande Interbev. Interbev estime toutefois que cette mesure « ne sera efficace à 100 % que si elle s'applique à l'ensemble du marché européen ».
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