Le bale grazing est une technique d’affouragement économe. Avec du foin laissé sur place à la récolte, elle permet de complémenter les animaux en prairie, pendant le creux de pousse estival.
L’une des conséquences de l’évolution climatique est l’amplification des sécheresses estivales et des périodes caniculaires. « Ce qui se traduit pour les prairies, par un ralentissement de la pousse de plus en plus marqué l'été, décode Patrice Pierre, spécialiste des prairies à l’Institut de l’élevage. Cela va revenir à devoir gérer un deuxième hiver avec le besoin de recourir à des stocks fourragers. »
Par la diversité des leviers qui concourent à amortir le manque de pousse estival, il y a le bale grazing. Venue du Canada, cette technique du « pâturage de bottes » consiste à distribuer au champ du fourrage en bottes, foin ou enrubannage. Ce qui permet d’allonger la période de pâturage, tout en réduisant les charges de mécanisation et en améliorant la fertilité des sols par un apport de matière organique.
Sur la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou (49), cette technique a été testée, et validée, en période hivernale, sur le troupeau allaitant conduit en bio. Depuis 2022, elle est aussi utilisée en été. « Certaines parcelles, éloignées de la stabulation, perdaient en productivité car elles manquaient de fertilisation organique. Le moyen le plus économique d’en rapporter est d’avoir des animaux qui y pâturent, retrace Julien Fortin, responsable de la ferme expérimentale. Mais ces parcelles manquent de fourrage en été. »
Le bale grazing permet de valoriser en été sur place le fourrage récolté plus tôt sous forme de foin. « Que ce soit en termes de temps de travail comme de coût de mécanisation, ça nous évite de rentrer du foin début juin pour le distribuer un mois plus tard », souligne Julien Fortin.
Déroulé ou en bottes
Plutôt que de récolter, de transporter, de distribuer ce foin, puis d’épandre les déjections des animaux qui auront été rentrés en bâtiment, les balles sont laissées au champ et tout se fait sur place. À la récolte, elles sont juste réparties dans le champ pour pouvoir organiser un pâturage en bande, avec conduite au fil. « Cela représente l’apport d’une unité fourragère par animal, soit l’équivalent de 90 % de l’ingestion théorique », chiffre Julien Fortin.
Cette technique a été testée sur trois étés, de 2022 à 2024. Pendant 20 à 34 jours, selon les années, des lots de 15 à 18 bovins, âgés de 10 à 22 mois ont été affouragés au champ. Deux modalités ont été essayées : le foin était soit déroulé ou laissé en bottes. « L’ingestion a été de 90 % de quantité consommée par rapport à la quantité apportée avec le foin déroulé, de 85 % du foin laissé en bottes. Pour comparaison avec un râtelier on est à 80 % », détaille Julien Fortin, qui reconnait que le taux de valorisation peut être impacté par la pluviométrie.
Croissance préservée
Le bale grazing a permis d’assurer de bonnes croissances. Le GMQ a été de 461 g/jour avec le foin déroulé et de 443 g/jour pour le foin laissé en botte. « Il n’y a pas d’effet de la modalité sur la croissance, précise Julien Fortin. Il y a eu un effet année en 2023 en raison d’un problème de parasitisme. Par contre, il y a un effet âge car les plus jeunes animaux manquaient de capacité d’ingestion. Leur croissance s’en est ressentie. Si on regarde uniquement les animaux de 22 mois, le GMQ est de 588 g/j ».
Au niveau agronomique, contrairement à l’hiver, le bale grazing estival n’est pas soumis à des contrainte de portance. Les deux modalités de distribution n’ont pas eu de différence d’impact sur la productivité de la prairie ou sa composition floristique. « Cet essai a confirmé la faisabilité opérationnelle, un bon taux de valorisation des fourrages et de performances zootechniques satisfaisantes, synthétise Julien Fortin. En plus, le bale grazing permet de s’affranchir d’un épandage mécanique. Nous allons poursuivre nos travaux pour suivre l’évolution de la fertilité et d’éventuels effets cumulatifs si cette pratique est utilisée tous les ans ».
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