
Automatisation. Cette machine charge et distribue seule fourrages et concentrés sans qu’il y ait besoin d’infrastructures supplémentaires dans le bâtiment. Une nouveauté annoncée au même coût qu’un robot d’alimentation.
«Aura est une machine différente, sans équivalent sur le marché. Il y a un fossé technologique avec les robots d’alimentation traditionnels, pour pouvoir embarquer en toute sécurité un module de chargement polyvalent. C’est une innovation de rupture », annonce d’entrée le constructeur. Cette mélangeuse, qui a été présentée au mois d’août pour la première fois en fonctionnement dans une exploitation laitière, est une solution autonome capable de charger, de peser, de mélanger, de distribuer et de repousser les rations des ruminants. « Nous avons voulu un outil en mesure de réaliser un travail quotidien d’alimentation sans intervention humaine, qui s’adapte à n’importe quel élevage, et accessible financièrement. » Le constructeur alsacien a-t-il réussi son pari ? Sur l’autonomie, la comparaison aux robots d’alimentation actuels ne fait aucun doute : l’astreinte liée à l’approvisionnement d’une cuisine ou d’une banque d’aliments n’existe plus, ni l’installation d’un bâtiment destiné à recevoir cette cuisine. Pas besoin non plus d’aires planes ni d’équipements de guidage (rail, guidage au sol).
Pour autant, si Aura se charge effectivement en toute autonomie et se joue de pentes jusqu’à 20 %, elle ne débâche ni entretient les bords du silo et demande souvent quelques aménagements pour rationaliser son parcours, certes sans infrastructures supplémentaires. Pas de précipitation si vous êtes intéressés par cette nouveauté. Aura restera en phase de pré-série en 2021 et 2022, essentiellement dans des élevages du Grand Ouest, pour ne pas trop s’éloigner de l’usine vendéenne. À partir de 2023, la diffusion nationale se mettra en place.
La sécurité à plusieurs niveaux
Le module de chargement d’Aura est constitué d’une fraise et d’un convoyeur, capable d’avaler tous les ensilages et fourrages grossiers, comme une automotrice classique. Particularité, le bras est équipé d’un dispositif de translation, pour gagner du temps devant le front d’attaque du silo. La machine pilote (par wi-fi) les périphériques (vis sans fin) qui alimentent la cuve en concentrés et minéraux. Le mélange s’effectue par deux vis verticales à vitesses programmables et recoupe ajustable.
La distribution à l’auge s’effectue par un tapis de déchargement (droite-gauche). La ration est repoussée par des brosses, en même temps que la distribution ou indépendamment.
Aura est animée par un moteur thermique de 42 kW qui consomme 3,5 à 4 l de GNR/heure pour une autonomie d’une semaine. Une version e-Aura électrique est en développement. La navigation, d’une précision centimétrique, utilise le GPS RTK et l’odométrie (capteurs sur les roues) pour les déplacements en extérieur. Dans les bâtiments, elle fait appel à un Lidar (télédétection par laser) qui nécessite une cartographie 3D réalisée par un géomètre. La sécurité est évidemment un enjeu capital pour ce type d’équipement. Elle commence par la mise en conformité des installations. Kuhn décline le processus en quatre étapes. Avant même la signature du bon de commande, une prévisite permet de repérer tout ce qui pourrait poser problème (route ou chemin public à traverser sont, bien sûr, rédhibitoires). À J-90, un rapport de sécurité précise les points et actions à mettre en place (aménagements des périphériques, signalétique, etc.). À J-8, une dernière visite de sécurité valide la conformité avec le rapport de sécurité et donne le « go » (ou le « no go ») pour la livraison. Enfin, arrive l’intégration d’Aura dans l’élevage et la formation du client.
Pas plus d’astreinte qu’une mélangeuse en Cuma, sans le chauffeur
La machine dispose en outre d’équipements de sécurité embarqués : une bordure sensible qui déclenche l’arrêt au contact à vitesse lente, et des arrêts sans contacts (par Lidar) pour la marche avant rapide. Arrêt sans contact également par un contrôle périmétrique de la zone de travail de la fraise, y compris le dessus du silo. Enfin, quatre arrêts d’urgence sont répartis autour de la machine.
L’intégration de la machine dans l’élevage se déroule aussi en plusieurs phases. Quand les points d’intérêt et les parcours ont été définis, et les relevés du géomètre effectués, la première semaine sert à tester les trajectoires et à calibrer les périphériques. La deuxième semaine permet un démarrage progressif sur des catégories d’animaux moins sensibles (génisses). La semaine 3 lance la mise en production avec l’ensemble du cheptel et la poursuite de la formation des utilisateurs sur toutes les interfaces. La semaine 4 est une phase d’optimisation, notamment aux silos, de façon à réduire les temps de cycle.
Quel gain permet Aura sur l’astreinte de l’alimentation ? Une étude de 2019 des chambres d’agriculture de Bretagne a évalué le temps nécessaire pour différents modes de distribution de la ration en minute par semaine et par vache. La distribution la plus chronophage est la désileuse ou le godet désileur : 7,1 et 6,3 min/VL. Plus économe en temps, le libre-service et le robot d’alimentation, tous deux à 3 min/VL. Imbattable est la Cuma d’alimentation, avec son automotrice et son chauffeur : 0,2 min/VL. C’est l’objectif d’Aura mais sans qu’il y ait besoin d’un chauffeur.
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