LE TOURTEAU DE COLZA, UN CHOIX TECHNIQUE PAYANT

Depuis 2011, le prix de parité entre le soja et le colza s'est toujours révélé favorable à ce dernier.© SÉBASTIEN CHAMPION
Depuis 2011, le prix de parité entre le soja et le colza s'est toujours révélé favorable à ce dernier.© SÉBASTIEN CHAMPION (©)

Les réticences à l'utilisation de niveaux élevés de tourteau de colza dans la ration ne sont pas levées. Pourtant, une nouvelle étude réalisée par la chambre d'agriculture de Haute-Marne atteste de son efficacité technico-économique.

PLUSIEURS ÉTUDES ONT DÉJÀ DÉMONTRÉ L'INTÉRÊT ÉCONOMIQUE DU TOURTEAU DE COLZA dès lors que son prix rendu ferme reste inférieur à 75 % de celui du tourteau de soja. Les données bibliographiques lui confèrent un effet légèrement favorable sur le niveau de production et sur le TP, associé à une diminution du TB. Dans la ration, il apporte la même quantité de protéines lorsqu'il est distribué selon la règle de substitution suivante : 1,5 kg de tourteau de colza en remplacement de 1 kg de soja. Sur ce principe, depuis 2011, le prix de parité entre ces deux produits s'est toujours révélé favorable au tourteau de colza. Pourtant, bien que la Haute-Marne soit depuis dix ans une vitrine en matière d'utilisation du tourteau de colza, seulement 35 % des éleveurs du département l'utilisent pur dans la ration. « Au regard de son intérêt technico-économique, cette matière première reste donc sous-utilisée en raison d'un certain nombre d'idées reçues qui persistent sur le terrain, observe David Bouthors, conseiller d'élevage, en charge de la veille économique à la chambre d'agriculture de Haute-Marne. Beaucoup d'éleveurs pensent encore que l'utilisation exclusive du colza pour la correction azotée n'est pas adaptée aux troupeaux à haut niveau de production. »

Dans ce contexte, la chambre d'agriculture a réalisé une étude auprès de 84 exploitations laitières en vue de valider ses observations et les résultats d'essais réalisés principalement en stations expérimentales(1).

PERFORMANCES LAITIÈRES IDENTIQUES

L'objectif de ce travail était de mesurer l'influence de niveaux élevés de tourteau de colza dans les rations, comparé à d'autres sources protéiques, sur les performances techniques et économiques. Pour ce faire, les résultats zootechniques de deux groupes homogènes de 42 élevages (66 troupeaux holsteins, 14 montbéliards et 4 simmentals) ont été comparés : le lot 1 regroupait des élevages avec des rations comportant au moins 4 kg/VL/j de colza (et 90 % de complémentation azotée) et le lot 2 misait sur d'autres sources d'apports azotés. Les deux groupes ainsi constitués présentaient des caractéristiques techniques similaires en matière d'effectif, de mois moyen de lactation, d'index laitier, de densité énergétique et protéique de la ration, avec une proportion équivalente de maïs ensilage distribué quotidiennement (11,6 kg de matière sèche par vache). Le lait par vache, les taux et la réussite à l'insémination ont été mesurés de janvier à mars 2014 dans le cadre du contrôle laitier. Le coût et la marge alimentaires ont été calculés en tenant compte du prix d'achat moyen des concentrés et coproduits dans les élevages concernés et d'un prix standardisé pour les fourrages, soit 100 €/t de MS de maïs.

Les résultats du lot 1 révèlent que l'apport d'une quantité importante de tourteau de colza (4,8 kg/VL/jour sur un total de 5,2 kg/VL/j de correcteur azoté dans la ration) n'a pas modifié significativement la production de lait, ni le TP (+ 0,3 g/kg) ni le TB (- 0,3 g/kg), alors que l'ingestion des deux lots est quasiment identique. « La plus grande teneur en azote soluble et en méthionine du colza pourrait expliquer cette légère hausse du lait et du TP. » Enfin, sur un total de 10 000 inséminations, il n'y a pas eu de différences concernant le taux de réussite en première insémination.

Sur le plan économique, le coût alimentaire du lot 1 est en moyenne inférieur de 15,90 €/1 000 l et la marge sur le coût alimentaire supérieure de 17 €/1 000 l par rapport au lot sans colza. « Ces résultats confirment les observations de la chambre d'agriculture depuis plusieurs années, à savoir que le coût et la marge alimentaires des utilisateurs de tourteau de colza se démarquent favorablement des exploitations utilisant d'autres sources de protéines. Par extrapolation des données issues de cet essai, l'utilisation du tourteau de colza peut conduire à un gain annuel de presque 8 700 € pour un troupeau de 60 vaches à 8 500 kg de lait. » Le gain économique attendu doit cependant être nuancé en fonction de la stratégie d'approvisionnement. En effet, 80 % des éleveurs misent sur du vrac par camion de 25 à 30 tonnes pour réduire les coûts. Mais les livraisons de petites quantités peuvent nuancer l'intérêt économique du tourteau de colza par rapport au soja (252 €/t en 2014, contre 420 €/t pour le soja). « Entre un camion complet benné à la ferme et la livraison de 10 tonnes, l'écart de prix est de + 35 €/t, observe le conseiller. En revanche, il n'y a pas de gain à attendre de la livraison groupée de plusieurs camions. Une stratégie qui pourrait entraîner par ailleurs des pertes pendant la conservation. » Réalisée en conditions de ration hivernale, l'étude mériterait d'être approfondie au pâturage, période au cours de laquelle la plus grande teneur en azote soluble du colza apparaît moins adaptée à la complémentation des laitières.

JÉRÔME PEZON

(1) Etude réalisée en partenariat avec le Cetiom, l'Onidol et le CNC, sera présenté le 13 mars au lycée de Choignes (52).

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,35 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 7,15 €/kg net +0,04
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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