
Consolidation. Grâce au dispositif proposé par la Safer et le Crédit Agricole, le Gaec Rio a pu récupérer 16 hectares à proximité de sa stabulation tout en reportant son acquisition dans les cinq à dix ans à venir.
En novembre 2020, Céline Rio, associée en Gaec avec son mari, Sylvain, et son beau-frère, Martial, a pu acquérir 16 hectares dans le cadre d’un portage foncier et ainsi conforter le pâturage du troupeau. « Sans ce dispositif, nous n’aurions pas eu les moyens de racheter ces terres qui se libéraient à 250 mètres de la stabulation », explique Céline Rio. L’éleveuse s’est installée en décembre 2018, en remplacement de sa belle-mère dans le Gaec, en apportant 300 000 litres de lait. En prévision de son installation, le Gaec a investi en 2017 dans une nouvelle stabulation équipée de deux robots pour un montant total de 900 000 € tout compris (silos, racleur…).
Depuis dix ans, l’activité était répartie sur deux sites avec deux salles de traite. « À peine le deuxième robot mis en route, début 2019, l’un des propriétaires des terres a souhaité vendre 27 ha loués à un prix de 4 000 €/hectare », rapporte Sylvain. Ils ont emprunté pour acheter.
Capacité financièrelimitée
« Lorsque nous avons découvert la mise en vente des 16 hectares, juste après, nous savions que cela ne se représenterait pas de sitôt, surtout aussi bien situés », résument les éleveurs.
Malgré l’équipement en robot, les associés du Gaec privilégient le pâturage pour leurs animaux. Seul problème, le Gaec n’avait pas la capacité financière pour réinvestir dans l’immédiat compte tenu des forts investissements réalisés précédemment. D’autant plus que la montée en puissance de la production a aussi pris du retard avec la mise en route des nouveaux équipements : « Il a fallu que les vaches s’habituent aux logettes, qu’elles découvrent le robot et que nous trouvions nos repères… on a tout changé d’un coup », justifie Martial. « C’était le bon projet, ce n’était juste pas le bon moment, confirme Adeline Fresquet, leur conseillère du Crédit Agricole Morbihan. C’est pourquoi, pour éviter des remboursements d’emprunt supplémentaires, le dispositif de portage foncier à destination des jeunes agriculteurs a été retenu. »
Convention d’occupation précaire
Céline, jeune agricultrice remplissait les critères (voir encadré). Ce mécanisme consiste à porter le foncier pour le jeune pendant un temps déterminé. La Safer se substitue au jeune en se portant temporairement acquéreur du foncier non bâti.
« Concrètement, la Safer passe une convention d’occupation provisoire et pré caire avec l’agriculteur pour une période de cinq ans renouvelable une fois », explique Philippe Averty, conseiller foncier Safer dans le Morbihan. La banque apporte à la Safer le financement nécessaire à l’acquisition du foncier (sous la forme d’ouverture de crédits). En contrepartie, le jeune agriculteur paie une redevance annuelle fixée dans le cas de Céline Rio à 160 €/ha pour les surfaces en portage. « Lors de l’acquisition, les sommes versées seront déduites du prix d’achat », précise le conseiller. « Le gros intérêt pour nous est que le prix d’achat est garanti. C’est sécurisant il n’y aura pas de mauvaise surprise à la fin », expliquent les associés du Gaec. Il a été établi à 80 000 € pour les 16 ha compte tenu de la qualité des terres et de la situation géographique. À ce prix s’ajouteront les frais de notaire, d’intervention de la Safer, les frais financiers, les taxes foncières.
Une fois que les annuités se réduiront, Céline pourra envisager d’acheter ces terres en souscrivant un prêt auprès du Crédit Agricole. Cette opération a été bénéfique en matière d’amélioration des conditions de travail mais aussi d’élevage pour le Gaec Rio, et également pour deux autres exploitations. En effet, lors de la transaction, des échanges parcellaires sur 4 et 5 hectares ont été réalisés avec deux agriculteurs voisins.
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