UNE FLAMBÉE DE MÉTRITES DANS UN ÉLEVAGE LAITIER

LES PARAMÈTRES DE REPRODUCTION D'UNE SOIXANTAINE DE VACHES LAITIÈRES de race holstein, à 8 900 l de moyenne pour un quota de 500 000 l, sont très dégradés. L'origine de cette situation est la présence d'environ 45 % de métrites, d'un taux de réussite en première IA inférieur à 40 % et de plus de 30 % de vaches cyclées mais infertiles.

L'intervalle vêlage-vêlage est de 454 jours. L'éleveur souligne également que les vêlages sont languissants et les métrites difficilement curables. De plus, trois non-délivrances et un avortement ont été recensés dans l'année écoulée. L'élevage vaccine depuis plus de dix ans contre la BVD. Le troupeau est indemne d'IBR. L'analyse du bilan sanitaire indique la présence saisonnière, sur une dizaine de vaches, de pics d'hyperthermie (supérieurs à 40°C), de trois jours en moyenne, associés à une forte chute de production et d'appétit. La récupération est progressive en dix jours, sans autre symptôme. « Avec la ration qu'elles reçoivent (jusqu'à 5 kg de tourteau de soja) et le temps passé, les résultats sont décevants », commente l'éleveur.

Les différentes causes possibles de métrites sont liées soit à la sphère reproductrice comme les avortements, le défaut d'hygiène lors des manoeuvres obstétricales et les non-délivrances, soit au rationnement aussi bien au tarissement qu'en lactation (déséquilibre en calcium, phosphore et magnésium, carences en vitamines et oligo-éléments, déficit énergétique et amaigrissement excessif après le vêlage, vaches grasses au vêlage, excès azoté et acidose chronique), soit encore à des pathologies spécifiques comme la fièvre Q, l'IBR, le BHV-4, la chlamydiose et l'aspergillose.

Dans le cas présent, nous pouvons écarter les non-délivrances, les avortements et l'IBR. Avec les parts languissantes, l'hygiène des manoeuvres obstétricales est primordiale et son évaluation est satisfaisante. L'analyse de la ration en lactation indique un déficit en calcium et un apport excessif en correcteur azoté.

LE TP SIGNE UN DÉFICIT ÉNÉRGÉTIQUE MAJEUR EN DÉBUT DE LACTATION

Les documents du contrôle laitier indiquent un dosage d'urée dans le lait régulièrement supérieur à 350 mg/l et un déficit énergétique majeur en début de lactation, puisque 53 % des laitières au premier contrôle ont un TP inférieur à 28 g/l et 41 % un rapport TB/TP supérieur à 1,5, le TP corrigé étant lui régulièrement inférieur à 30,5 g/l. La mesure du pH du jus du rumen de cinq vaches et l'observation au microscope des protozoaires sont satisfaisantes, ce qui permet d'écarter l'acidose. Un profil sanguin en vitamines et oligo-éléments n'a pas révélé de carences. L'analyse de deux écouvillons des sécrétions utérines infectées a permis d'écarter les métrites d'origine mycosique.

Des recherches sérologiques sont menées. La fièvre Q et l'erlichiose sont diagnostiquées. Contrairement aux petits ruminants, la fièvre Q n'engendre que rarement des avortements, mais la fréquence des métrites est élevée.

Nous avons proposé un plan de rationnement au tarissement pour optimiser l'ingestion des vaches autour du vêlage, gérer les taries trop grasses et réduire l'incidence des maladies métaboliques (fièvre de lait subclinique et acétonémie). La ration de lactation a été corrigée, en partenariat avec le nutritionniste de l'élevage, et la vaccination contre la fièvre Q a été mise en place, associée à une lutte contre les tiques au printemps et à l'automne.