PAS DE RISQUES INUTILES : ISOLER VOS MALADES

TROIS CAS RÉCENTS au sein de ma clientèle m'ont alerté sur la notion essentielle d'isolement des animaux malades.

1. Appelé pour une primipare prim'holstein en lactation avec une diarrhée importante, je constate qu'elle est restée au milieu des autres laitières du troupeau. Les symptômes observés pourraient être ceux d'une salmonellose ou de la BVD, des maladies toutes les deux hautement contagieuses au sein d'un troupeau réceptif en phase de mise à la reproduction. Coup de chance, il ne s'agit que de la paratuberculose et les jeunes veaux sensibles n'étaient pas présents à proximité de cette jeune vache.

2. Autre exploitation, autre cas, mais même prise de risque inutile. Deux boeufs me sont présentés à deux reprises sur une courte période, avec une diarrhée profuse associée à une déshydratation, un abattement et une hypothermie. Là aussi, l'éleveur a de la chance car il ne s'agit pas d'une maladie très contagieuse pour tous les autres animaux menés sous le même toit.

3. Troisième cas d'école : une laitière qui vient d'avorter est remise avec le troupeau pour faciliter la traite alors qu'elle était en stabulation avec quelques taries. Là encore, probablement pas de catastrophe, mais la salmonellose aurait pu également montrer son nez.

En discutant et en argumentant avec mes clients, je constate que l'isolement des animaux leur avait effleuré l'esprit, mais n'a pas été effectué par manque de temps ou de local disponible. L'erreur a été corrigée dès mon départ. Dans ces trois situations, le pire a sûrement été évité grâce à l'absence d'animaux sensibles et réceptifs à la maladie présente. Tout cela se termine bien. Tant mieux ! Mais qu'en serait-il si le virus de la BVD ou une salmonelle s'étaient propagés au milieu des laitières. Le bilan en aurait été bien différent et probablement catastrophique.

UNE SÉPARATION AVEC TROIS TUBES N'EST PAS SUFFISANTE

L'isolement est essentiel dans la protection des élevages, que ce soit pour les animaux malades ou lors d'achat. Il consiste en une séparation physique des animaux et de leurs déjections. En d'autres termes, une séparation avec trois tubes ne suffit pas. Les écoulements vulvaires, les matières fécales, la salive et les produits d'expectoration de l'appareil respiratoire circulent parfaitement et peuvent contaminer d'autres animaux avec ce type de protection, bien pratique, mais trop sommaire et inefficace.

Ce local d'infirmerie doit aussi être facilement nettoyé et désinfecté afin de détruire les agents pathogènes. On conseille un local de quarantaine, un local de vêlage et une infirmerie. Cette recommandation, qui semble insurmontable et inapplicable, serait néanmoins à prendre en considération dans la construction des bâtiments neufs.

Dans les autres situations, pour être opérationnel et efficace, on peut commencer par un local réellement isolé des autres animaux. Tous ne tombent pas malades en même temps, les vêlages non plus, les introductions encore moins. Avec un peu de bon sens et des investissements limités, l'isolement pourrait éviter bien des catastrophes économiques, comme la contamination du troupeau reproducteur par la BVD ou la salmonellose.