LA MONTBÉLIARDE VEUT GAGNER EN PUISSANCE DANS L'AVANT-MAIN

La race donnera plus de poids à la largeur de poitrine. Objectif : ne plus stagner sur ce caractère original et indirectement, regagner un peu de valeur bouchère.

LA MONTBÉLIARDE DE 2011 N'EST PLUS VRAIMENT celle de la fin des années quatre-vingt. Son choix de sélection vers un type d'animal plus laitier est passé par là. En vingt ans, le potentiel génétique a fait un bond de plus de 1 200 kg de lait, sans perdre en TP. Cela se traduit par une moyenne des lactations brutes passée de 5 158 kg/VL en 1987 à 6 746 kg en 2010.

Sur le plan morphologique, la progression est tout aussi spectaculaire dans la qualité des mamelles. Et ce n'est pas seulement lisible dans les index. Elle saute aux yeux sur chaque concours. La rupture positive s'est jouée au milieu des années quatre-vingt-dix avec la mise en oeuvre du modèle animal permettant une sélection plus efficace. Tous les postes du pis ou presque en ont profité, à commencer par les attaches. Le gain a été plus modeste pour le volume.

LA BAISSE DE VALEUR BOUCHÈRE APPARAÎT ENRAYÉE

L'évolution vers des animaux plus grands et profonds, surtout dans le flanc, inscrite dans les index transpire aussi dans chaque étable. La race s'oriente vers des bassins plus larges et plus carrés, comme recherché, mais aussi plus plats… à peine trop, même pour ce poste à optimum intermédiaire où la finalité est un index de 100.

« On se trouvait hier trop incliné, on l'est beaucoup moins », commente Jean-Marc Vacelet, directeur de l'organisme de sélection montbéliarde.

Revers de la médaille de ces progrès indéniables vers un type d'animal plus laitier : la montbéliarde a cédé du terrain sur sa valeur bouchère. Or, ce caractère fait beaucoup dans l'originalité et les arguments de la race face à la holstein… outre sa résistance aux mammites, sa fertilité et sa longévité. « Oui, la race a perdu un peu de sa mixité, mais surtout avant le milieu des années quatre-vingt-dix. Depuis, on se maintient autour de l'index moyen de 100 recherché », note Jean-Marc Vacelet.

Comme pour la mamelle, les changements de méthode d'indexation ont joué. « Jusqu'au milieu des années quatre-vingt dix, la sélection des taureaux passés en station de contrôle individuel (pour tenter de maintenir le potentiel viande de la race) se faisait sur le modèle du père. L'inconvénient de cette méthode est que les animaux n'étaient pas comparables d'une série à l'autre et entre les deux stations raciales d'Umotest et de Jura-Bétail. Résultat : même en éliminant 40 % des moins bons en viande, on ne voyait pas la moyenne de la série baisser. De surcroît, la non-indexation des femelles occultait aussi leur baisse de niveau sur ce critère. »

L'arrivée du modèle animal en 1996 a donné un vrai outil de sélection pour mesurer plus précisément les évolutions génétiques et corriger le tir.

PLUS DE POIDS À LA LARGEUR DE POITRINE, MOINS À LA TAILLE

La baisse apparaît aujourd'hui stoppée sur le plan génétique. La sortie, ces dernières années, de quelques taureaux améliorateur en aptitude bouchère (Redon, Uclair, Triomphe, Vase…) laisse aussi l'espoir de tenir le cap, après la vague des Micmac et Masolino, très laitiers mais très détériorateurs en viande. Il y a de surcroît dans la génétique de Montbéliarde Sélection, toujours restée attachée à préserver la puissance et la conformation bouchère de ses animaux, un vrai levier à manoeuvrer… comme pour la variabilité génétique. Reste à ne pas laisser cette bouteille d'oxygène dans un coin.

Ce n'est d'ailleurs pas la valeur bouchère qui a fait le plus de débat depuis deux à trois ans à l'organisme de sélection montbéliarde, mais la largeur de poitrine. Le fait est que la race stagne sur ce poste. D'où la décision effective depuis juin de modifier son poids (porté de 15 à 35 %) dans la note de corps aux dépens de la taille (ramené de 30 à 10 %). Le choix est stratégique. Pas question pour la montbéliarde de céder du terrain sur cette puissance dans l'avant-main que lui envie une holstein trop sélectionnée sur son angularité, qui a perdu sa rusticité et travaille à redresser la barre. Ce choix devrait aussi par ricochet servir à conforter la condition corporelle des animaux, si cruciale quand il s'agit de reproduction. La largeur de poitrine est en effet corrélée positivement (0,75) à la valeur bouchère.

JEAN-MICHEL VOCORET

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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