Scandinavie : une longueur d’avance sur la longévité

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Un système de collecte de données hors pair et des règles sanitaires drastiques ont conduit les Scandinaves à un modèle de sélection unique sur la longévité et la rentabilité.

Le Danemark et la Suède ont réuni leurs schémas de sélection en 2008 en créant ensemble une coopérative, Viking Genetics. La Finlande les a rejoints en 2010 et l’ensemble regroupe aujourd’hui 25 000 éleveurs. Ces petits pays laitiers ont beaucoup en commun, à commencer par les races avec lesquelles ils travaillent. La holstein, bien sûr, mais aussi la jersiaise et la rouge scandinave. Mais surtout, ces trois pays se caractérisent par une extrême rigueur dans l’utilisation des médicaments. Ici, ce sont les vétérinaires qui traitent les animaux. Pas un antibiotique n’est administré sans une identification préalable du germe. Les vétérinaires enregistrent tous les traitements administrés.

Ces contraintes engendrent des coûts élevés, ce qui a poussé les éleveurs à rechercher les animaux les plus résistants. De plus, les Scandinaves ont mis en place des organisations d’élevage extrêmement structurées et centralisées. Pas de querelle, ici, pour l’accès aux données. Tout remonte dans un unique fichier, y compris les informations collectées par les robots de traite. Les personnes travaillant dans le conseil technique ou encore dans la sélection génétique puisent dans ce trésor pour améliorer les services et les conseils aux éleveurs.

Les Danois, champions d’Europe de la productivité

Tout cela explique, en partie, pourquoi les Danois sont champions d’Europe de la productivité avec une production par vache à 11 000 kg.

Dans ce contexte, les coopératives, dont est issue Viking Genetics, ont mis l’accent sur la longévité des animaux depuis plus de trente ans. L’index de synthèse NTM (Nordic Total Merit) accorde un poids de 53 % aux critères de santé et de reproduction, 30 % pour la production et seulement 17 % pour la conformation. Il est identique pour les trois races.

Au chapitre de la production, on retrouve les volumes et les taux. S’y ajoute un index de croissance entre 24 heures et 15 mois pour les femelles. Il se base sur les traitements reçus par ces jeunes animaux, mais également sur la collecte systématique des informations sur le poids et l’âge à l’abattoir.

En morphologie, le NTM ne prend en compte que la mamelle, les pieds et les membres, le caractère laitier, la vitesse de traite et le tempérament. Pas de taille, ni de capacité corporelle. Les Nordiques estiment que les ­grandes vaches sont plus fragiles et moins rentables.

Des particularités mal reconnues par Interbull

Les critères retenus dans le NTM pour évaluer la santé sont très spécifiques. La santé de la mamelle est évaluée sur la base des mammites cliniques qui sont systématiquement recensées depuis trente ans. Ce critère est nettement plus corrélé à la longévité que les taux cellulaires, à 60 % selon Viking Genetics.

Un index santé concernant les autres maladies est également calculé. Là aussi, l’information est facilement accessible puisque les vétérinaires enregistrent tout (maladies métaboliques, problèmes de reproduction…). La corrélation de cet index avec la longévité est de 42 %.

Un autre index concerne la santé du pied. Les informations sont enregistrées depuis 2003 par les pareurs. Ils notent le type de lésions observées et leur degré de gravité. Cet index est très corrélé avec la longévité, mais peu avec les membres. De manière plus classique, la fertilité, la facilité de naissance et la longévité sont également évaluées. La coopérative travaille aujourd’hui à l’indexation de l’efficacité alimentaire. Aucune date n’est avancée pour sa sortie.

Tout cela a permis de sortir des lignées qui améliorent à la fois la production et la santé, des caractères généralement antinomiques.

Malgré ses atouts, la génétique scandinave ne perce pas dans les classements internationaux. Les particularités de ses index ne se traduisent pas bien dans les conversions Interbull, par exemple. Cependant, ses taureaux sortent en tête sur les postes de santé, et se classent également bien en production. Viking Genetics croit en son potentiel de développement à l’export. La coopérative mise surtout sur le croisement Procross. Partenaire de Coopex dans cette entreprise, elle fournit les doses de rouge viking, qui apporte ses qualités de santé, fertilité et longévité.

La demande est soutenue aux États-Unis notamment, mais les Vikings comptent bien se développer aussi en France sur ce créneau.

Pascale Le Cann

Au Danemark, un troupeau productif et en bonne santé
Rouge danoise Holstein Jersiaise Total

Effectif en race pure

31 600 360 000 70 000 461 000
% du total 6 69 13 88
Effectif par troupeau 116 169 190 183
Production/vache 9 600 kg 10 660 kg 7 370 kg 10 050 kg
MG en kg/vache 416 433 438 431
MP en kg/vache 342 364 306 352
Traitements médicaux/an/vache 2 2,4 1,76 2,25

Âge au premier vêlage

25,7 25,4 24,2 25,3
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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