Le trèfle violet, alternative à la luzerne en sols humides

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trèfle violet
Le trèfle violet, riche en protéines, est intéressant pour l'alimentation des vaches laitières en remplacement de la luzerne. (© THIERRY PASQUET)

Quatre années d’essais menés à la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou montrent que la culture du trèfle violet pur représente une piste intéressante pour remplacer la luzerne afin de produire de la MAT dans des sols au potentiel limité.

L’essai de culture de trèfle violet (TV) à la ferme expérimentale de Thorigné, dans le Maine- et-Loire, répond à la recherche de fourrages riches en protéines, dans un système allaitant bio à vocation autonome. Dans des sols limono-sableux au pH limité (6,4 après chaulage), et surtout à forte alternance hydrique, la légumineuse est apparue comme une piste intéressante pour remplir cette fonction en remplacement de la luzerne. En effet, le TV tolère mieux l’humidité que la luzerne, mais aussi les sols acides (pH > 5,5). Plus agressif au démarrage, il concurrence mieux les adventices et s’avère facile à ensiler grâce à sa teneur en sucre (147 g/kgMS, contre 109 g pour la luzerne). Mais sa résistance à la chaleur est moindre et sa pérennité limitée à trois ans.

Les essais conduits en microparcelles de 2019 à 2021 ont permis de comparer les résultats de la luzerne à ceux du TV cultivé pur ou en associations (voir l’infographie). Dans ce cadre, le semis a été réalisé début septembre, après une céréale, à une dose de 20 kg/ha de TV et de 25 kg/ha de luzerne.

L’intérêt de 3 à 4 kg de graminée au semis

Le semis d’automne autorise une première coupe au stade début bourgeonnement lors de la première quinzaine d’avril. Les coupes suivantes interviennent après 50 à 60 jours de repousses, soit quatre exploitations possibles par an. « Les rendements cumulés de quatre coupes pendant trois ans sont en moyenne très bons. Avec une météo estivale plutôt favorable au cours de l’essai, nous n’avons pas observé de chute de rendement du TV en troisième année. Au regard de ces résultats, le trèfle violet représente une alternative crédible à la luzerne. Dans les conditions de la ferme, cette dernière a été pénalisée par la présence importante d’espèces diverses », analyse Bertrand Daveau, ingénieur recherche à Thorigné-d’Anjou. Compte tenu de ce salissement, le trèfle violet affiche même une valeur MAT supérieure à la luzerne. Mais, dans une ration de vache laitière, sa valeur UFL nécessite un complément d’énergie.

« L’association TV-RGH, avec une dose très réduite de graminée au semis (3 à 4 kg/ha au maximum), semble un bon compromis pour mieux maîtriser le salissement et sécuriser les UF face aux risques d’aléas climatiques, comme cette année avec une humidité globalement défavorable aux légumineuses. » Cet essai soulève la question de la dernière coupe enrubannée mi-octobre. Avec moins de volumes, à peine 2 tMS/ha, est-il pertinent de remettre en route un chantier d’enrubannage ou de valoriser le TV au pâturage ? Cette approche fait l’objet d’un nouvel essai qui vise à évaluer le comportement du TV au pâturage, après deux coupes de printemps destinées à faire du stock. « Dans l’état, nous privilégions la luzerne dans les parcelles les plus saines, pour sa pérennité dans la rotation (quatre à cinq ans), sa plus grande productivité en année sèche et sa capacité à intégrer le cycle de pâturage estival. » Le TV est maintenu dans les parcelles les moins favorables. Dans la pratique, il est semé en sortie d’hiver (fin mars-début avril), sous couvert d’une avoine de printemps semée à demi-dose (70 kg/ha). Ce semis simultané est réalisé à l’aide d’un semoir à double caisson, avec une toute première coupe programmée mi-juin au stade grain pâteux de la céréale.

Un semis d’automne ou de printemps dans un sol rappuyé

Face à l’enjeu de l’autonomie protéique, la chambre d’agriculture de Normandie diffuse des conseils de conduite de TV pur. Une légumineuse qui valorise bien les pluies régulières et les sols à pH limité en zone de bocage, avec des rendements réguliers de 9 à 12 tMS/ha. « Le TV s’adapte mieux que la luzerne aux sols qui ressuient moins bien, mais reste déconseillé en sols humides, où l’on préfèrera le trèfle hybride, souligne David Delbecque, conseiller d’élevage. Pour les éleveurs qui se lancent dans la culture de légumineuses pures, le TV a l’avantage d’être moins exigeant techniquement : il n’a pas besoin d’inoculation, sa rapidité d’implantation et son pouvoir couvrant le rendent moins sensible au salissement, comme aux nuisibles. » Tout d’abord, comme toute espèce prairiale, le lit de semences doit être fin, sans mottes, et roulé pour assurer un bon contact avec la graine. Le semis a ensuite lieu en milieu d’été et au plus tard début septembre après une céréale. « Dans notre région, le conseil est un semis à partir du 15 août en sol frais. Le trèfle est en effet une plante de lumière. Semé trop tard, il y a un risque qu’il ne se développe pas assez vite et soit concurrencé par les adventices ou qu’il ne soit pas assez développé avant les premières gelées. L’avantage du semis d’été est qu’il permet de faire quatre coupes dès l’année suivante. Mais le semis de printemps, début mars, a aussi ses avantages. Son développement très rapide au printemps limite le salissement et la sensibilité aux nuisibles. » À condition de rentrer dans la parcelle à cette période. Le semis peut être réalisé à la volée suivi d’un roulage, ou avec un semoir classique en ligne à un écartement de 12 à 17,5 cm et une profondeur de 1 cm au maximum, suivi d’un roulage également. Les doses conseillées vont de 15 à 20 kg pour les variétés diploïdes à 25 kg pour les tétraploïdes. Les premières sont plus résistantes à la verse et plus faciles à sécher. En première coupe ensilée, un ressuyage est nécessaire pour atteindre 25 % de MS. À partir de 30 % de MS, via un préfanage, il est possible de se passer de conservateur. Pour les coupes suivantes, l’enrubannage est plus facile à mettre en œuvre et a l’intérêt de limiter les pertes de conservation. Les besoins en phosphore et potasse d’une culture de fauche ne sont pas à négliger : pour un trèfle à 10 tMS/an, apporter 80 U de phosphore et 95 U de potasse en sol bien pourvu. De 25 à 30 t de fumier couvrent ces besoins, mais, dans la région, l’épandage de lisier ou de fumier est interdit et agronomiquement inutile pour les légumineuses. S’il peut être justifié à l’implantation, le désherbage est peu pratiqué, car les produits phyto sont limités et la pérennité de la culture réduit l’intérêt d’y consacrer des frais supplémentaires. Enfin, côté ravageurs, surveiller dès le semis les limaces, tipules et sitones.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,35 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 7,15 €/kg net +0,04
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
L'ensilage de maïs épis correspond à la récolte de l'épi avec les rafles et les spathes (©Terre-net Media)

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