L e médiateur des relations commerciales se voit adresser des dizaines de courriers signés par des adhérents de Sodiaal, lui demandant de « faire la lumière sur le respect (ou le non-respect) par la coopérative Sodiaal, de la loi Egalim 2, notamment sur les modalités de détermination du prix. » Le coup est parti du Finistère cet été. « Sodiaal valorise mal le lait et tire l’ensemble du marché vers le bas » , affirme Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA de ce département. Il craint une accélération des cessations. Et il dénonce le fait que les autres opérateurs s’appuient sur cet événement pour limiter la hausse de leurs propres prix, ce qui pénalise tous les éleveurs .
Sodiaal joue en réalité, et bien malgré elle, le rôle de détonateur. Car, s’il est vrai qu’elle n’applique pas une formule de calcul de prix intégrant le coût de production des éleveurs, elle n’est pas la seule ! La majorité des coopératives font la même chose. Si la FNPL s’attaque à elle, c’est parce que son prix est à la traîne.
Dans la foulée, les syndicalistes bretons rencontrent leurs députés et demandent une commission d’enquête parlementaire sur les comptes de Sodiaal. « Derrière la faiblesse du prix payé se cachent des difficultés financières. Nous voulons des éclaircissements sur sa rentabilité, sachant qu’elle résulte en partie de choix politiques faits dans le passé », poursuit Jean-Alain Divanac’h. Effectivement, la coopérative a souvent subi les pressions des politiques et du syndicalisme,pour reprendre des entreprises en difficultés, ce qui a probablement contribué à la fragiliser.
Le problème va bien au-delà du respect de la loi par Sodiaal
Cette demande n’aboutira pas, faute de fondement légal. En revanche, les parlementaires pourraient enquêter sur la filière laitière. Car l’écart de prix entre la France et le reste de l’Europe devient insupportable. En août, même la Pologne a franchi la barre des 500 € t, tandis que les Pays-Bas et la Belgique dépassent 600 €/t. Comment expliquer ce décalage ? Il y a bien sûr le refus des GMS d’appliquer les hausses demandées. Il y a aussi ce mélange entre les règles du marché et la législation qui brouille les pistes.
Le problème va donc bien au-delà du respect de la loi Egalim par Sodiaal. C’est sur le fond qu’il faut agir. Car, pendant que les éleveurs français couvrent à peine leurs charges, leurs concurrents européens engrangent des réserves substantielles qui leur seront bien utiles en cas de retournement de conjoncture.
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