AVEC E-TRAITE, LES VACHES SONT IDENTIFIÉES DÈS LEUR ENTRÉE SUR LE QUAI. LE SYSTÈME EST CONNECTÉ À INTERNET ET DONNE AUTOMATIQUEMENT DES ALERTES.
IMAGINEZ UN GRAND ÉCRAN CONNECTÉ À INTERNET dans votre salle de traite. Vous y voyez les numéros des vaches positionnées sur le quai. Et des alertes s'affichent pour vous informer que l'une vient de vêler et doit être branchée au pot. Une autre est à tarir. Une troisième est lente à traire et vous avez intérêt à la brancher en premier. Et quand vous découvrez un quartier mammité au cours de la traite, vous entrez cette nouvelle information d'un simple clic, sans quitter votre poste, grâce à la souris infrarouge que vous gardez dans votre poche.
Ce système fonctionne déjà dans quelques élevages bretons et a pour nom E-traite. Il a été mis au point par BCEL Ouest (Bretagne conseil élevage).
ÉVITER LA DOUBLE SAISIE ET RELIER LES INFORMATIONS
« L'idée est de faire venir l'information là où l'éleveur en a besoin avec un outil le plus pratique possible », précise Anne Le Bras, chef de produit informatique éleveur à BCEL Ouest. 72 % des adhérents sont abonnés à Agrael, un outil informatique qui regroupe un ensemble d'informations sur l'élevage : identification, sanitaire, insémination, production laitière… Il évite la double saisie et permet de relier les informations entre elles. Par exemple, les dates d'insémination ou d'échographie donnent l'alerte pour le vêlage. Une déclaration de naissance implique d'écarter le lait de la mère durant sept jours. Les traitements en cours sont également renseignés et l'alerte est donnée pendant tout le délai d'attente. Disposer de ces alertes de manière automatique est devenu possible d'abord via les téléphones portables. Mais c'est en salle de traite que le besoin en informations est le plus crucial. Notamment dans les élevages où le nombre de vaches ou de personnes susceptibles de traire rend problématique l'identification individuelle des animaux. La plupart des éleveurs s'en sortent avec des tableaux de consignes et des bracelets de couleur.
« BCEL Ouest ne pouvait pas se lancer dans la promotion des colliers ou autres systèmes d'identification existant sur le marché. Avec la mise en service de la boucle électronique, on a pu imaginer une réelle automatisation de l'arrivée de l'information en salle de traite. »
Le principe est relativement simple. La boucle est lue lors de l'entrée de la vache sur le quai de traite. Sa position s'affiche aussitôt sur l'écran, avec l'éventuelle alerte qui la concerne. L'éleveur dispose d'une souris infrarouge qui lui permet d'entrer des informations d'un simple clic.
Chacun peut paramétrer le système afin d'adapter les alertes à ses propres besoins. Certains souhaitent repérer les vaches à cellules : l'information peut s'afficher dès le soir du contrôle, pour la durée choisie par l'éleveur. « Les possibilités du système donnent plein d'idées aux utilisateurs. Certains s'en servent, par exemple, pour trierles animaux en sortie de salle de traite », dit Anne Le Bras. Plusieurs conditions sont à remplir pour que le système fonctionne. Tout d'abord, des aménagements sont souvent à prévoir à l'entrée du quai pour que le lecteur puisse « voir » les vaches une par une. Ensuite, toutes les vaches doivent porter des boucles électroniques, qui coûtent 1 € de plus que les boucles classiques. S'y rajoutent l'écran et l'ordinateur.
UN BUDGET MOYEN DE 10 000 €
Le système peut fonctionner sans accès internet ou sans Agrael, mais il perd une grande partie de son intérêt. Le mieux est de prévoir une connexion en salle de traite. « En moyenne, le budget est de 10 000 €, mais cela varie beaucoup d'un élevage à un autre », précise Anne Le Bras. Ce chiffre est à comparer à l'équipement en compteurs à lait qui donne des alertes, mais pour un coût dépassant 2 000 € par poste. E-traite prend tout son intérêt dans les grands troupeaux où les éleveurs ont plus de mal à identifier chaque vache. C'est également le cas lorsque plusieurs personnes se chargent de la traite, avec des fréquences limitées. Le système apporte alors une sécurité en évitant notamment de mettre au tank du lait qui ne doit pas être livré. D'autres développements vont venir, notamment dans le cadre du contrôle de performances qui va s'automatiser de plus en plus. E-traite pourra graver le numéro de l'animal instantanément sur l'échantillon. Les perspectives sont multiples et restent à imaginer. Mais déjà les Dac récents peuvent lire les boucles électroniques. Les éleveurs qui s'équipent font ainsi l'économie des colliers.
PASCALE LE CANN
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