
Prestation. Un entrepreneur franc-comtois propose une prestation originale avec son séparateur de phase mobile. Focus sur un service très demandé par les éleveurs limités en capacité de stockage des effluents et qui veulent économiser de l’engrais.
De puis plusieurs mois maintenant, Pierre-Emmanuel Belot circule de ferme en ferme, au volant de son camion équipé d’un séparateur de phase. L’entrepreneur franc-comtois, à l’origine de cette prestation de services, a été responsable technique au contrôle laitier du Jura une dizaine d’années et occupait depuis 2013, le poste de chef de projet à l’Institut de l’élevage pour la région Bourgogne Franche-Comté. Une expérience de terrain forte qui n’est pas étrangère à son initiative. « J’étais notamment chargé de gérer des conflits qui confrontaient les services environnementaux et les producteurs laitiers. Petit à petit, cela m’a mis la puce à l’oreille. La gestion des effluents étant une problématique qui prenait de l’ampleur, j’ai voulu y apporter une solution. Les éleveurs avaient des questions autour de la liquidité des lisiers. Elles portaient sur les difficultés à travailler la matière à cause de la présence de dépôts lors des épandages et la valorisation agronomique. Certains agriculteurs, équipés d’un séparateur de phase sur l’exploitation, se plaignaient de la charge de travail imposée par l’exploitation au quotidien. »
Dans la réflexion sur son projet, il fait réaliser des études de marché et établit un business plan. Le budget communication initialement prévu n’a pas été dépensé car le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux ont joué leur rôle dans le lancement de l’entreprise. « J’ai créé JurAgro-Services en octobre 2021 sous le statut de SAS, indique-t-il. Au 1er septembre 2022, je quitterai mes fonctions à Idele pour m‘y consacrer entièrement. » Son rayon d’action couvre le grand quart nord-est de la France, du nord de Strasbourg à la Haute-Savoie. Un chantier d’une semaine a eu lieu sur une exploitation en Belgique.
Technicité et intérêts agronomiques
Concernant le choix du matériel, Pierre-Emmanuel Belot s’est lancé dans la recherche de la marque idéale avec laquelle travailler. L’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas sortent du lot dans la conception de ce type d’équipement. Suite à une visite, le chef d’entreprise a arrêté son choix pour le matériel Börger. L’entreprise allemande propose une offre de maintenance et d’entretien plus intéressante que les autres, mais surtout un SAV français. Le siège de l’entreprise se trouvant dans le Jura, la proximité du partenaire de Börger en Haute-Saône facilite les réparations éventuelles.
Le séparateur de phase opère dans 90 % des cas en système lisier, (les digestats représentent 10 % de l’activité). Cette solution est intéressante car la phase solide peut être déposée dans les logettes pour augmenter le confort des vaches. L’apport de paille peut ainsi être substitué à moindre coût, ce qui n’est pas négligeable pour l’éleveur.
Après séparation, la phase liquide est riche en éléments solubles dont de l’azote ammoniacal et minéral. Elle est quasiment équivalente à un engrais minéral en termes d’apport en N, P et K. Son rôle principal est de nourrir la plante. La phase solide est constituée d’éléments non solubles, essentiellement sous forme d’azote organique.
Elle offre plusieurs avantages : elle ne sent pas, est aérée et a un rapport C/N équilibré. Avec ses 25 % de MS, le tas est composté en trois semaines. Les éléments fertilisants se libèrent petit à petit, le produit est stable et peu lessivable. Lorsqu’arrive le moment de l’épandage, la matière se travaille facilement et ne laisse aucun résidu sur le sol, contrairement à certains fumiers pailleux. Elle peut-être valorisée sur prairies après coupe, ou sur céréales après labour. Pour la phase liquide, l’absence de matières en suspension empêche les dépôts sur les feuilles des céréales et donc, leur brûlure.
Un peu plus de 3 €/m3 de lisier traité
Tous les lisiers sont différents d’une ferme à l’autre, c’est intéressant de connaître la valeur initiale. « Depuis le départ, je propose aux éleveurs de faire des analyses. Aujourd’hui, une cinquantaine de prélèvements ont été répertoriés dans ma base de données. »
Au total, l’investissement s’élève à 280 000 €, dont 50 000 € pour financer le poids lourd. Grâce aux études réalisées en amont, il a pu obtenir un prix moyen qui est compris entre 2,35 et 3,55 €/m3 (HT). Aujourd’hui, la prestation se situe à un peu plus de 3 €/m3 de lisier traité. Cela inclut deux autres éléments de facturation : le groupe électrogène à 20 €/heure et 1 €/km, prix ajusté en fonction du contexte.
Pour comparer les deux systèmes, le prix d’un séparateur fixe est compris entre 40 000 et 50 000 €. Il nécessite de la main-d’œuvre, des frais de maintenance et a une durée de vie d’environ 10 ans. Le prix de l’investissement à lui seul équivaut à dix ans de prestations tout compris selon les prix pratiqués par JurAgro-Services. L’offre de service propose aussi le conseil et la revente de poches souples. Ce complément d’activité s’est rajouté car certains éleveurs étaient limités en surfaces et volumes de stockage. Un accord a été passé avec une société du nom de Citerneo, basée à Amboise. Le coût d’acquisition d’une poche souple s’élève à 19 €/m3, rien à voir avec la construction d’une fosse à lisier.
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