EN FINIR AVEC LA CORVÉE DU DÉBÂCHAGE DE SILO ET DES PNEUS

Une zone de recouvrement variable En jouant sur la zone de recouvrement des deux tapis géotextiles, il est aisé de s'adapter à un silo peu rempli ou très bombé. C'est là toute l'astuce du système. Pour plaquer les deux tapis l'un contre l'autre et sur la bâche, on utilise le même rail métallique de 3 m que sur le pour tour, en le lestant avec un poids d'une dizaine de kilos.
Une zone de recouvrement variable En jouant sur la zone de recouvrement des deux tapis géotextiles, il est aisé de s'adapter à un silo peu rempli ou très bombé. C'est là toute l'astuce du système. Pour plaquer les deux tapis l'un contre l'autre et sur la bâche, on utilise le même rail métallique de 3 m que sur le pour tour, en le lestant avec un poids d'une dizaine de kilos. (©)

ÉLEVEUR ET INVENTEUR, GILBERT DUHAMEL TRAVAILLE DEPUIS DIX ANS À PEAUFINER LA MÉCANISATION DU BÂCHAGE DE SES DEUX SILOS. SON DERNIER DISPOSITIF, LE PLUS ABOUTI, S'ADAPTE À TOUTES LES SITUATIONS, NOTAMMENT AUX SILOS BOMBÉS REMPLIS BIEN AU-DESSUS DES MURS.

GILBERT DUHAMEL EST UN INVENTEUR DE GÉNIE pour améliorer le quotidien des éleveurs. Et pour cause, lui-même est producteur de lait. Associé avec sa femme et son fils, il gère, à La Chapelle-Rainsouin (Mayenne), 157 ha de SAU et une cinquantaine de vaches prim'holsteins… le terrain d'expérimentation de toutes ses inventions. On lui doit la porte-pont rotative pour salle de traite de plain-pied, l'auge mécanisée, le pot à lait distributeur et réchauffeur pour veaux, l'élève-tête pour droguer les bovins au cornadis. Autant d'astuces qu'il vend via sa société GDG Innovations, en Mayenne (Tél. : 02 43 01 08 80).

Mais le domaine dans lequel Gilbert excelle et qui lui a donné le plus de fil à retordre, c'est la mécanisation du bâchage des silos. Son exploitation en compte deux accolés (35 x 11 m avec un mur de 1,90 m) et biseautés côté front d'attaque. Douze années qu'il peau fine son dispositif, aujourd'hui pleinement abouti. Pour en arriver là, il lui a fallu trois étapes.

Première étape à la fin des années quatre-vingt-dix : Gilbert Duhamel abandonne définitivement les pneus pour un tapis géotextile. « Au début, c'était le même que celui utilisé pour stabiliser les routes, un géotextile non-traité anti-UV donc. Il le sera par la suite. »

Ce tapis, posé sur la bâche noire, est enroulé avec cette dernière sur un axe souple. En fait, il s'agit de tubes en plastique rigide de 90 cm de long, reliés entre eux par un cardan en Inox pour épouser la forme bombée du tas. Protégée des UV, la bâche noire peut être réutilisée plusieurs fois. L'ensemble tapis géotextile+bâche est ainsi enroulé puis déroulé l'année suivante, à l'aide d'une roue actionnée depuis l'extérieur du silo. L'opération se fait manuellement et sans trop d'effort grâce à son grand diamètre (1 600 mm).

DE LA ROUE EXTÉRIEURE À L'ENROULEUR À CLIQUET

Quelques années plus tard, le dispositif s'enrichit, sur le même principe mais avec une roue de petit diamètre (500 mm), d'un second système d'entraînement d'une bâche fine (40 microns) au contact de l'ensilage… histoire de bâcher comme on le fait classiquement en Allemagne. Pour l'herméticité, des sacs remplis de gravier sont disposés sur le pourtour du silo. Outre leur manutention, travail aussi pénible (15 kg chacun) que prenant, le système n'est pas idéal. Il faut impérativement que le silo soit rempli au-dessus du mur. De surcroît, la roue ne fonctionne qu'avec un mur biseauté. Pas un mur droit, comme ont la majorité des silos en France.

Deuxième étape, il y a cinq ans : l'entraînement par roue est remplacé par un dispositif d'enrouleur-dérouleur à cliquet, avec deux bras de levier. Il fonctionne sur le principe d'une crémaillère avec une bague fixe solidaire du tube (où s'enroulent le tapis géotextile et la bâche noire) et une bague mobile, chacune étant mue par un bras. Avantage : l'enrouleur fonctionne à l'extérieur ou à l'intérieur du silo.

Mais il reste encore un souci. Impossible avec un silo non rempli de couvrir à 100 % la surface du tas avec le géotextile et la bâche noire, l'enrouleur étant situé à l'une des extrémités et mesurant 20 cm d'épaisseur. Sur la bâche murale ramenée sur l'ensilage, il faut donc disposer, sur toute la longueur et au ras du mur, une bande de géotextile de 20 cm sur laquelle roule l'enrouleur. Impossible aussi d'imaginer de faire un ensilage sandwich. La faute à la surface à couvrir différente au printemps, avec 1 m d'ensilage d'herbe dans le silo, et en fin d'été, avec l'ensilage de maïs au-dessus du mur.

À cette époque, le géotextile du départ fait place à un tapis traité anti-UV de 5 mm d'épaisseur sur lequel on peut marcher sans risquer de le dégrader. Aucun risque non plus qu'un bec de corbeau ne le perce. Ce géotextile (500 g/ m2), une fois mouillé, multiplie son poids par cinq, un gage de voir la bâche restée collée sur l'ensilage et jouer son rôle d'étanchéité.

PLUS AUCUN DE GRAVIER

Un dispositif un peu complexe remplace également les quelque 80 silos-sacs : un rail fixé sur le haut du mur sur lequel se clipsent des bras tendeurs tous les 2,50 m, ces derniers faisant pression sur deux rails posés côte à côte le long du mur sur le tapis.

Troisième étape qui date de l'année dernière, avec un retour à la simplicité. Plus d'enroulement du tapis géotextile et de la bâche noire ensemble, mais de façon séparée. Et pour cause : le tapis unique qui se composait de deux morceaux de 6 m de large cousus ou collés à chaud (renchérissant son coût), pour couvrir toute la largeur du silo, a été remplacé par deux tapis distincts. Impossible donc de les enrouler avec la bâche noire. Ces deux tapis, également de 6 m de large, s'enroulent chacun avec un enrouleur à cliquet (le même dispositif qu'auparavant), depuis le milieu du silo où ils se chevauchent plus ou moins. C'est là toute l'astuce, car en jouant sur cette zone de chevauchement, on peut s'adapter à un silo peu rempli ou très bombé. Facile dans ces conditions de confectionner un silo sandwich. L'opérateur n'intervient plus non plus depuis le bord du mur avec le risque de chuter. Autre avantage : quand le silo est vide, il n'est plus nécessaire d'avoir une gouttière de la largeur du silo (ou presque) pour manipuler et remiser le tapis. Une fourche avant suffit. L'enroulement de la bâche noire (comme la bâche fine) se gère avec un système très simple, actionné depuis l'extérieur ou l'intérieur du silo. Cela se fait sans effort grâce à un boîtier réducteur (de dix fois), couplé à un manchon sur lequel se fixe un tuyau semirigide où s'enroule la bâche, en réalité deux tuyaux de 6 m mis bout à bout (couplés avec des vis perforeuses). Pour Josef Pflaum, spécialiste allemand de l'ensilage, ce système peut être encore simplifié, en fonctionnant avec une seule bâche fine sous le géotextile, découpée au fur et à mesure de l'avancement et donc renouvelée chaque année. Une poignée d'éleveurs allemands travaille déjà ainsi avec succès.

Gilbert Duhamel a aussi considérablement modifié le dispositif permettant d'effectuer l'étanchéité sur le pourtour du silo sans recourir aux silos-sacs ou à son dispositif de rails et bras tendeurs. Pour cela, il propose dorénavant d'utiliser des rails galvanisés en forme de V (les deux extrémités du V posant sur le tapis) d'une longueur de 3 m, sur lesquels est posé un lest de 13 kg. Ce poids, ajouté aux 5 kg du rail, suffit pour que ce dernier s'enfonce suffisamment dans le tapis et plaque la bâche noire (et/ou la bâche fine) contre la bâche murale indispensable qui vient recouvrir l'ensilage sur environ 1 m

JEAN-MICHEL VOCORET

Deux tapis, deux en rouleurs à cliquet Les deux géotextiles qui recouvrent la bâche noire s'enroulent (ou se déroulent lors de la couverture du silo) séparément avec un système à cliquet. Ce dernier fonctionne comme une crémaillère avec une bague fixe, solidaire à un tube semi-rigide (de 16 mm de diamètre sur lequel s'enroule le tapis) et d'une bague mobile, chacune étant mue par un bras. En fin de silo, chacun des deux tapis de 6 m de long se manipule aisément avec une fourche avant de tracteur.

Enroulement séparé de la bâche noire La bâche noire (comme la bâche fine) s'enroule sans effort depuis l'extérieur ou l'intérieur du silo. Cela se réalise grâce à un boîtier réducteur (de dix fois), couplé à un manchon sur lequel se fixe un tuyau semi-rigide (100 mm) où s'enroule la bâche.

Des rails et des lests métalliques pour remplacer les silos-sacs Pour plaquer le géotextile contre la bâche noire et cette dernière contre la bâche murale rabattue sur l'ensilage, Gilbert Duhamel propose bien plus simple que des silos-sacs mis bout à bout. Il les a remplacés, sur le pourtour du silo, par des rails métalliques en V de 3 m de long(5 kg) alourdis par un lest de 13 kg. Ce dernier, un tube soudé sur un V et rempli de grenailles, est bien plus facile à manipuler avec sa poignée qu'un sac de gravier. Il ne risque pas non plus de percer au bout de quelques années… sans compter le nombre de sacs de gravier en moins à manipuler. Il en fallait environ 80 le long des murs pour un silo de 35 x 11 m.

Protection contre les étourneaux La bâche fine, en plus de la bâche noire, n'est pas indispensable quand on travaille avec un tapis géotextile (500 g/m2, poids multiplié par cinq une fois mouillé). En revanche, elle constitue pour Gilbert Duhamel une vraie barrière contre les étourneaux… très friands dans l'ouest des silos de maïs. Il est aisé de l'enrouler et la dérouler depuis l'intérieur du silo.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

Tapez un ou plusieurs mots-clés...