Persuadée que la valorisation des effluents d'élevage passe par la qualité de l'épandage (maîtrise de la répartition et du tonnage épandu), la Cuma Ain Compost développe l'épandage de lisier sans tonne.
VUE EN BRETAGNE, LA TECHNIQUE A SÉDUIT les agriculteurs de la Dombes-plaine de l'Ain qui ont acquis, en 2006, une chaîne de matériel. Composée d'un tracteur de 160 ch, d'une pompe volumétrique, d'une rampe d'épandage avec répartiteur et d'un rouleau de 1 000 m de tuyau, elle permet d'épandre 15 000 à 20 000 m3 de lisier chaque année, aux trois-quarts chez des laitiers. Habituellement, les pointes de travail se concentrent entre janvier et mars, ainsi qu'en mai pour le maïs. « Contrairement à la Bretagne où les chauffeurs se relaient pour faire les 2 x 8,ici, nous sommes bloqués par le gel, précise Yves Cristin, vice-président de la Cuma Ain Compost. Au-delà de - 5°C, il est en effet difficile d'enrouler le tuyau, de replier les rampes et de protéger la pompe. »
SUR CÉRÉALES EN FIN D'HIVER, SUR PRAIRIES ET UN PEU SUR MAÏS
À condition d'avoir un parcellaire adapté, l'épandage sans tonne permet des interventions plus précoces sur une plus longue période, et donc davantage de cultures en place : céréales en sortie d'hiver, prairies, maïs jusqu'à 3-4 feuilles et 10 cm de haut. Le lisier est alors épandu en travers des rangs, et non pas en long. Plus étalés, les apports sont en phase avec les besoins de la plante, ce qui limite le lessivage. Amené à petite dose (25 à 30 m3/ha), l'effluent est mieux valorisé. Outre un moindre tassement des sols, la technique induit également une réduction des odeurs.
Autre avantage : le chantier est calme et soigné. Il n'y a pas de tonne à lisier qui roule et dégrade les chemins. Il est aussi économe en énergie. « Avec deux tracteurs qui tournent au ralenti et pas de tonne à tirer, on économise au moins 50 % de fuel », estime Nicolas Boinon, l'animateur de la FDCuma de l'Ain. De plus, l'épandage sans tonne est bénéfique en termes de charge et d'organisation de travail. Les années où il peut être réalisé en février ou mars, l'agriculteur est plus disponible pour se consacrer à la préparation de ses sols. C'est un aspect important pour des personnes seules sur leur exploitation.
PREMIÈRE CONDITION : AVOIR UN PARCELLAIRE ADAPTÉ
Toutefois, la technique est réservée aux exploitations ayant un parcellaire adapté et des chantiers suffisamment importants pour compenser le temps de mise en route (45 minutes pour l'installation du matériel et le déroulement du tuyau). La présence de routes importantes ou de voies ferrées est rédhibitoire. Pour traverser des petites voies, l'opérateur de la Cuma protège le tuyau par des boudins en sable ou des plaques. « Une fois que le tuyau est en charge à 14 bars, on peut rouler dessus sans problème », précise Nicolas Boinon.
La qualité du lisier et sa fluidité sont essentielles. La technique est incompatible avec du lisier trop pailleux. Sur l'exploitation, avant de brancher les tuyaux, l'opérateur sort un peu de lisier de la fosse pour voir s'il n'y a pas de fourrage ou de paille. Pour une meilleure homogénéisation, il est conseillé de brasser le lisier quelques jours avant son épandage.
L'acquisition de la chaîne de matériel en Cuma est intéressante, car l'équipement est onéreux (60 000 à 80 000 € pour la pompe, la rampe d'épandage, le broyeur, le répartiteur, le tuyau et l'enrouleur).
UN COÛT DE 1,70 À 2,70 €/M3 DE LISIER ÉPANDU
À la Cuma Ain Compost, la facturation se compose d'un forfait de mise en place et d'un tarif horaire. En cas de changement de parcelle, un forfait de repliage intermédiaire est rajouté pour rémunérer le temps non passé à l'épandage. Dépendant du parcellaire de l'exploitation et de l'aide apportée ou non par l'agriculteur, le coût évolue de 1,70 à 2,70 €/m3 de lisier épandu (avec une moyenne autour de 2,15 €) contre 1,70 €/m3 pour l'entreprise qui vient avec sa tonne. C'est donc un système qui revient plus cher, mais qui offre des avantages qualitatifs difficiles à chiffrer.
« L'apport d'azote et de potasse fin janvier-début février permet un démarrage précoce de la végétation, pointe ainsi Yves Cristin, agriculteur à Lent (550 000 l de lait sur 90 ha, dont 65 ha épandables avec un parcellaire relativement groupé). Sur les prairies, avec du lisier bien réparti et épandu à faible dose, on constate une amélioration de la flore. On ne sélectionne pas de ray-grass, mais on a plus de trèfle pour le pâturage, ainsi qu'une flore plus variée qui résiste mieux à la sécheresse. Sur le maïs, l'intervention en post-levée jusqu'à 3-4 feuilles est valorisée. À condition de pouvoir la placer au bon moment. En effet, habituellement en mai, le maïs pousse très vite. »
Cette année, le printemps particulièrement humide et froid a certes compliqué l'organisation des chantiers, mais l'épandage a pu être effectué là où les tonnes traditionnelles ne sont pas passées. « Entre mi-janvier et fin mars, nous avons épandu moitié plus de surfaces que d'habitude, se félicite Frank Loriot, directeur de la Cuma Ain Compost. 10 000 m3 ont été épandus contre 6 000 m3 habituellement à cette période. Les périodes les plus sèches ont été réservées aux passages sur les sorties de céréales. »
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