Prévention. Sonores, visuels ou multi-effets : voici un tour d’horizon des différents effaroucheurs à oiseaux pour les éloigner des silos ou de la table d’alimentation. Leur coût ? De quelques dizaines à 2000 euros. Dans les situations extrêmes, empêcher l’accès aux grains reste parfois la seule solution.
Les oiseaux, et notamment les étourneaux, raffolent des grains de maïs. Leurs passages sur les tas d’ensilage et les tables d’alimentation peuvent avoir de lourdes conséquences pour l’éleveur : baisse de la valeur et de la qualité de la ration, salissures des installations par les fientes. La chute de production peut atteindre de 1 à 3 l/VL/j, cumulée à une perte de taux de 1 à 1,5 point. Au silo, les oiseaux détériorent le front d’attaque provoquant la chute de l’ensilage avec, à la clé, de possibles échauffements. Un phénomène plus ou moins grave selon la densité des populations d’oiseaux. Contre ces hôtes indésirables, différentes solutions d’effarouchement existent, avec des efficacités variables.
LES DIFFUSEURS SONORES
Le plus connu est le canon de type bazooka. Pour un usage à la ferme, la détonation de 120 décibels est rarement compatible avec la tranquillité de l’éleveur, des animaux et du voisinage. Plusieurs fabricants proposent donc des diffuseurs sonores plus adaptés aux abords de bâtiments (AgriProtech, Proxalys-Environnement, Ratdown…). Le concept : une centrale et des haut-parleurs diffusant des cris de rapaces ou d’oiseaux en détresse. Selon le mode d’alimentation (sur batterie ou secteur), les fonctionnalités (programmation des plages horaires d’émission, commandes à distances…) et la surface potentiellement couverte, le tarif de l’équipement varie de 250 € à près de 1 000 €.
LES EFFAROUCHEURS VISUELS
Les modèles visuels sont assez variés. Pour 20 ou 30 €, plusieurs solutions existent comme des ballons ou des rubans à fixer à la charpente au-dessus de la table d’alimentation. Leur mouvement, rythmé par le vent, dérange les oiseaux et le plus souvent, les fait fuir. Même principe pour les cerfs-volants en forme de rapaces, montés sur un mât. Ce type d’effaroucheur déplaçable s’utilise aussi au champ au printemps pour protéger les semis de maïs. Des mannequins gonflables, qui se soulèvent quand la soufflerie se déclenche, sont une autre option. AgriProtech a développé une torche laser baptisée Light Trac 40 que l’éleveur doit diriger à la main pour faire s’envoler les oiseaux. Une version autonome sur pied est à l’étude.
LES SYSTÈMES MULTI-EFFETS
Les éleveurs constatent parfois que les oiseaux s’accoutument aux dispositifs cités ci-dessus. Les fabricants ont donc développé des équipements mêlant à la fois des effets sonores et visuels, comme un mannequin gonflable associé à des haut-parleurs. Le déclenchement à intervalles irréguliers est le plus fréquent pour créer un effet de surprise. L’Avistop de Proxalys-Environnement est une solution très complète qui combine une détonation aléatoire de canon de l’ordre de 80 db, la diffusion de cris d’oiseaux et l’envoi d’un leurre le long d’un mât de 7 m. Ce dernier simule un envol de détresse introduisant ainsi un effet supplémentaire. Cet effaroucheur, utilisable également au champ, s’installe et se règle en quinze minutes. Il peut aussi être monté devant la table d’alimentation ouverte, car les vaches finissent par s’y habituer. Selon la version, le tarif oscille entre 1 500 et 2 200 €.
« Plus le système combine d’effets différents, plus il est efficace, souligne Antoine Métayer, de la FDGDON (1) de la Manche. L’effet de surprise joue également beaucoup, c’est pourquoi il est important d’avoir un déclenchement aléatoire de l’effaroucheur. Toutefois, sur certains territoires, comme dans le centre de la Manche ou sur les côtes bretonnes par exemple, ce sont plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers d’étourneaux qui se concentrent en hiver sur une zone restreinte. La pression est si forte que pratiquement plus aucun dispositif ne les effraie. Nous avons estimé des pertes de l’ordre de 10 000 € par an dans les élevages les plus touchés. Pour éviter cela, la seule solution consiste alors à empêcher les oiseaux d’accéder à l’ensilage. » Du côté du silo, beaucoup d’exploitants choisissent de placer un filet ou de retirer la bâche tous les jours sur le front d’attaque. C’est efficace, mais cela implique une charge de travail supplémentaire et surtout, un risque élevé de chute depuis le haut du tas parfois situé à 3 ou 4 mètres de hauteur. La FDGDON de la Manche a travaillé avec un constructeur local sur un prototype de grille rigide à placer devant le tas au moyen du chargeur. Le système est facile à positionner grâce notamment aux deux parties coulissantes de chaque côté et à un filet pour protéger le haut. Mais le principal obstacle reste le coût de ce système : environ 8 000 €. Les demandes de subventions auprès des pouvoirs publics n’ayant pas été validées pour le moment.
Reste ensuite à éviter les attaques sur la table d’alimentation. « Les éleveursqui ont des bâtiments fermés ne sont pas épargnés, constate Antoine Métayer. Les étourneaux passent par le moindre interstice. Il faut donc placer des bavettes en caoutchouc sous les portes et des grillages au niveau des ouvertures dans la toiture. Nous avons aussi développé des closoirs qui se fixent sous les tôles ondulées en fibrociment. Le coût global d’aménagement de ces différents systèmes peut vite atteindre 10 000 ou 20 000 euros. »
Dans le cas d’un bâtiment totalement ouvert sur sa longueur, installer des filets de protection sur tout un pan de la stabulation est bien souvent trop cher et complexe par rapport au risque de dégradation dans le temps. Certains éleveurs font alors le choix de distribuer le maïs tôt le matin ou tard le soir pour qu’il n’y ait pas de grains disponibles en journée quand les oiseaux reviennent sur la ferme. Si les attaques sont effectivement réduites, ce principe présente tout de même plusieurs inconvénients. Selon les retours d’éleveurs, cela se traduit par une baisse de la production car les vaches n’ont pas accès à leur nourriture en pleine journée, comme elles le souhaiteraient. De plus, cette technique impose aussi des horaires de travail contraignants.
(1) FDGDON : Fédération départementale de défense contre les organismes nuisibles.
Voir les différents modèles en photo page suivante


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