« L’irrigation est notre assurance récolte »

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Florent Claudel, en Gaec avec son oncle, ne regrette pas de payer pour de l'irrigation, sécurisant ses stocks de maïs ensilage. (© E.Durand)

Au Gaec RHEA 66, en Dordogne, Florent Claudel et Patrick Gaillard sont férus du maïs ensilage pour leur centaine de prim’holsteins. Ils irriguent depuis trois générations, autour de 50 hectares aujourd’hui, et sécurisent ainsi leurs stocks.

«Aujourd’hui, on ne reviendrait pas en arrière », entame d’office Florent Claudel, installé en Gaec en 2015 à Montagnac-la-Crempse avec son oncle Patrick, au sujet de l’irrigation. La ration de ses 100 vaches laitières est basée sur du maïs ensilage et, en Dordogne, l’irrigation est un atout. Le premier des deux plans d’eau a été monté dans les années 1990, par son grand-père, alors maire du village, en association avec huit agriculteurs. Des subventions de la Région avaient aidé à la création du plan d’eau et à l’installation des canalisations.

Aujourd’hui, seuls deux des huit adhérents utilisent l’irrigation, lui et un céréalier, ancien éleveur qui a arrêté la production laitière. Dans les 15 km à la ronde, là encore, ils ne sont plus que trois éleveurs et l’irrigation reste un élément différenciant car elle sécurise les stocks.

« Le sorgho, j’ai essayé : une année 5 ha et une autre année 15 ha. Mais c’est une plante compliquée à faire naître. Et la qualité n’était pas au rendez-vous. Il fallait réadapter la ration. Le maïs reste une plante extraordinaire ! Nous avons de 60 à 70 % de chance de ramasser quelque chose à chaque fois. Le tournesol, comme le sorgho, c’est plus aléatoire. Ce n’est pas pour moi ! », analyse Florent, qui reconnaît que «chacun a sa façon de travailler ».

Des bassins alimentés par les cours d’eau

L’un des plans d’eau est rempli par l’eau de la Crempse en hiver et l’autre par « un petit chevelu ». En cas de trop-plein, l’eau repart dans la rivière d’origine.

La retenue d'eau, de près de 2,5 ha a été à sec en juillet 2019. Elle fait environ 4m de profondeur et mi-août 2023, il reste environ 2m d’eau. Pour Florent Claudel, l’étang créé de toute pièce est un écosystème à lui tout seul, garant de la biodiversité. (© E.Durand)

Le Gaec produit 1 million de litres dont 30 000 l sont transformés à la ferme en yaourts et fromages blancs. La marque Le P’tit Gaillard, vendue localement, fonctionne bien. Le reste du lait est collecté par Savencia. «Au moment de mon installation, le prix du lait était à 320 €/1 000 l. Il est aujourd’hui [en août 2023, Ndlr] à 420 €/1 000 l », observe-t-il. Une augmentation qui ne compense toutefois pas encore la hausse des charges globales.

Environ un quart de la SAU est irrigué

Malgré le départ d’un associé, l’exploitation s’agrandit pour atteindre 180 ha de SAU, emploie une personne à plein temps et un apprenti grâce au groupement d’employeurs et au service de remplacement départemental. « Nous faisons au minimum 50 ha de maïs, dont 45 ha en ensilage et 5 ha en maïs humide conservés en boudin. Nos sols sont essentiellement argilo-calcaires avec quelques terrains limoneux-sableux », souligne Florent.

Florent Gaillard va ouvrir la vanne pour que l’eau circule dans les canalisations jusqu’aux parcelles irriguées. Le réseau de canalisations est enregistré à la Mairie. (© E.Durand)

« L’irrigation, c’est environ 20 000 € par an de charges pour l’Association syndicale autorisée (ASA), répartie entre les membres », explique Florent, mais une récolte est garantie.

Des frais importants mais un stock garanti

Pour réduire ces coûts fixes, l’étang est loué à un pisciculteur – de fait, la pêche y est interdite. À cela s’ajoute, pour l’éleveur, le coût de fonctionnement des pompes pour faire circuler l’eau. « C’est ce qui coûte cher. Sur 12 000 € de frais liés à l’irrigation sur l’exploitation, près de 7 000 € représentent l’électricité. En moyenne, 1 m3 d’eau me revient à 15 centimes hors frais fixes. Et je consomme entre 45 000 à 65 000 m3par an. Beaucoup plus en 2022, car il faisait très sec. Chaque année, on réalise 4 tours d’eau sur chaque parcelle avec de 35 à 40 mm d’eau. On attend six jours avant de revenir », précise Florent.

Les enrouleurs de 450m et 400m de long sont neufs et plus pratiques que les anciens (380 m), revendus d’occasion dans les pays de l’Est. Il se déroule à une vitesse de 12m par heure. (© E.Durand)

En temps de travail, l’irrigation représente, durant quatre mois – soit du 20 mai au 20 septembre environ –, l’équivalent d’un temps plein, entre les réparations, la surveillance, les déplacements et les prévisions. Tous les ans, la saison est différente et, tous les ans, des modifications ou des travaux sont réalisés. Les canalisations qui acheminent l’eau s’abîment avec le temps. «Le prix de la terre monte avec l’irrigation. Il peut y avoir jusqu’à 2 000 € d’écart sur certaines parcelles en Dordogne», constate-t-il. Finalement, Florent ne craint pas la sécheresse pour son maïs, mais bien plus les sangliers.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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