
J’ai réalisé deux coupes d’herbe au printemps, au stade feuillu-début épiaison. Ai-je eu raison ? Un éleveur de l’Orne
La Réponse de l’expertstrong
Dans le contexte actuel de hausse du prix des intrants, toute économie est la bienvenue. On peut donc légitimement se poser la question de diminuer le nombre d’ensilages d‘herbe dans la prairie pour économiser du carburant. Le prix du gazole non routier (GNR) a presque doublé en un an : 1,613 €/l début mai en Normandie contre 0,860 €/l en mai 2021. Plus globalement, les frais de mécanisation augmentent, main-d’œuvre comprise. Le carburant n’en représente qu’une petite part : 10 %.
La comparaison des dépenses engagées entre une parcelle fauchée deux fois (2,5 t de MS/ha par coupe) et une parcelle fauchée une fois (5 t de MS/ha) pointe logiquement un coût inférieur pour la seconde : 400 €/ha contre 675 €/ha.
Si l’on se focalise uniquement sur le carburant, au tarif de 1,613 €/l, la dépense en GNR s’élève à 74 €/ha pour deux coupes, contre 39 €/ha pour une seule.
Précisons, pour finir, que cette comparaison est réalisée à partir de la base coûts des fourrages Perel 2015, réévaluée de l’indice Ipampa.
Prix du carburant : pas l’unique critère de décision
Pour un rendement identique, le différentiel de coût de 275 €/ha, au profit d’une unique coupe, fait spontanément pencher la décision vers cette stratégie. Mais les deux ensilages d’herbe n’affichent pas la même qualité alimentaire. Au stade début à pleine épiaison, la récolte de 5 t de MS/ha offre de l’ordre de 0,8 UFL et 11 % à 12 % de MAT/kg de MS, soit, ramenées à l’hectare, 4 000 UFL et 550 kg de MAT. En deux coupes, l’herbe est plus jeune, avec des valeurs en énergie et protéines supérieures : 0,95 UFL et 16 à 17 % de MAT pour 4 700 UFL et 800 kg de MAT/ha. Pour compenser cet écart, il faut donc compléter le moins riche en correcteurs azoté et énergie pour un surcoût de 345 €/ha (détails dans l’infographie). L’avantage final revient donc à la stratégie « deux coupes » et valide votre choix. Le seul critère du carburant n’est pas suffisant pour décider de réaliser une ou deux coupes.
Deux coupes : pour les laitières
La qualité alimentaire des deux coupes d’ensilage permet, sans hésitation, de réserver le fourrage aux vaches en lactation.
Une coupe : pour les laitières ou les génisses ?
Les éleveurs ayant récolté en une fois s’interrogent sur la destination de l’ensilage. Tout dépendra des réserves fourragères plus ou moins touchées par la sécheresse printanière. Si les stocks insuffisants obligent à le distribuer aux laitières, une correction en azote et énergie sera nécessaire, mais son efficacité sera pénalisée par l’encombrement de l’ensilage. Selon la quantité incorporée, il pourra entraîner une moindre production. S’il est donné aux génisses, il faudra le complémenter en azote pour fournir une ration d’au moins 13 % de MAT.
Quant à envisager une troisième coupe, à moins d’une pluviométrie abondante en juin, elle diminuera fortement la réserve utile du sol, déjà mise à mal en avril et mai.
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