Les effets « éclateur  » et « variété  » ont été mesurés

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Elvup, dans l’Orne, poursuit ses mesures au champ pour évaluer les leviers disponibles capables d’améliorer la fragmentation des grains dans l’ensilage maïs. Des progrès sont encore nécessaires dans de nombreux élevages.

Elvup (entreprise de conseil en élevage de l’Orne) milite depuis de nombreuses années pour un meilleur éclatement des grains dans les ensilages de maïs. Yann Martinot, le directeur technique, en rappelle l’enjeu : « Le grain représente 60 % de l’énergie du maïs ensilage avec un amidon dont la digestibilité peut varier de 80 à 98 %. La perte liée à un mauvais éclatement des grains peut atteindre, dans les cas extrêmes, jusqu’à 0,15 UFL/kg de MS. » Et les nouvelles équations Inra 2018, qui intègrent la dégradation de l’amidon, ne prennent pas en compte la granulométrie. Or, une perte de 0,15 UFL sur 30 ha de maïs annoncé à 0,92 UFL représente l’équivalent de 51 tonnes de maïs grain, soit 9 200 €.

Un indicateur existe depuis 2015 : l’indice de fragmentation des grains

Yann Martinot pointe un autre danger lié à l’éclatement des grains de maïs. Cet amidon by-pass, qui se retrouve en grande quantité dans les bouses, engendre aussi un excès de fermentation post-ruminale provoquant des inflammations du gros intestin et la production de toxines, très préjudiciables à la santé des animaux. « Quand nous observons des bouses liquides avec des résidus de grains qui font penser à de l’acidose, c’est plus souvent un excès d’amidon by-pass lié à des grains mal éclatés », signale Yann Martinot. Depuis 2015, Elvup propose un indicateur : l’indice de fragmentation des grains (IFG) pour évaluer la qualité de l’éclatement. Comme d’autres normes internationales, il mesure les fractions inférieures à 4,75 mm. L’objectif est d’en obtenir au moins 70 %. « Entre 50 % et 70 %, c’est insuffisant avec des pertes en UFL entre 4 et 10 %. À moins de 50 %, c’est catastrophique. Or, seulement 20 % des ensilages ornais atteignent la barre des 70 % », constate Yann Martinot.

Une première piste est de s’attacher à mieux régler l’éclateur de l’ensileuse. L’expérimentation menée en 2019 a d’abord comparé deux types d’éclateurs : un modèle à disque proposé par la marque Fendt (Katana 65), et un modèle à rouleaux classique de chez Krone (Big X 70). Sur ce dernier, deux différentiels de vitesse ont été testés (30 et 40 %). Ensuite, trois niveaux de serrage de 1 à 3 mm ont été évalués (voir tableau).

Notons que l’essai s’est déroulé avec un fourrage excessivement sec (38,5 % de MS) et riche en amidon (36,1 %). Cela peut expliquer la difficulté à dépasser le seuil de 70 % d’IFG avec seulement l’éclateur à disque serré à 1 mm. Le même serrage avec un différentiel de 40 % fait aussi du bon travail avec l’éclateur à rouleaux. Le bilan est de 3 à 4 points d’IFG gagnés par mm de serrage, et 5 points d’IFG avec 10 % de différentiel supplémentaire. « Certes, un réglage optimum de l’éclateur doublera son coût à l’hectare, soit un maximum de 20 €/ha. C’est à mettre en perspective avec les 150 à 250 €/ha gagnés par une meilleure valorisation. J’ajoute qu’un éclateur réellement efficace est capable de pulvériser des grains même très secs », précise Olivier Raux, conseiller chez Elvup.

« Ici, le type de grain n’a pas eu d’influence, mais cela restera à valider en 2020 »

Une autre hypothèse est que les variétés de maïs ont des grains plus ou moins faciles à éclater. Les dentés farineux, notamment, auraient un amidon moins vitreux. C’est d’ailleurs un argument commercial parfois utilisé par les semenciers. Avec une même machine (Krone), un même réglage (longueur de coupe de 14 mm, éclateur à rouleaux serré à 0,75 mm pour un différentiel de vitesse de 30 %), Elvup a voulu comparer onze variétés (voir tableau). Premier constat : même avec l’éclateur serré à bloc, l’IFG moyen n’atteint pas 70 %. Et 20 points d’écarts séparent le meilleur IFG du moins bon. Mais on n’observe pas de lien entre la teneur en amidon, la teneur en matière sèche et l’IFG. « Des variétés avec des niveaux de MS et d’amidon identiques ont des IFG très différents », explique Olivier Raux. Certaines variétés apparaissent aussi plus sensibles à l’éclateur avec un risque de défibrage (particules fines supérieures à 10 %). « Ici, le type de grain –  corné, corné-denté ou denté – n’a pas eu d’influence, mais nous validerons cela de façon plus précise en 2020 », conclut Olivier Raux.

Dominique Grémy

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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