Ensilage : éclatement difficile avec des grains vitreux

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Essais. Aucune des cinq ensileuses mises au défi par Elvup n’a réussi à fragmenter suffisamment les grains. Il ne faut pas que l’éclateur soit serré à plus de 1 mm. Mais avec des grains trop vitreux, la mission apparaît quasi impossible.

Quels réglages sur l’ensileuse pour obtenir un éclatement des grains suffisant et la bonne longueur de coupe ? Certaines machines seraient-elles plus performantes sur ces critères ? Pour répondre à ces questions, Elvup (ex-Orne Conseil Élevage) a organisé une journée « Défi Ensileuses », en collaboration avec cinq constructeurs : Claas, Fendt, John Deere, New Holland et Krone.

« Il faut des grains coupés en huit »

La longueur de coupe est aujourd’hui relativement bien maîtrisée par les éleveurs. Elle se situe dans une fourchette de 14 à 18 mm, selon le niveau de matière sèche et les outils de reprise de l’ensilage. Toute autre est la maîtrise de l’éclatement des grains. « L’évolution de la génétique végétale et animale nous conduit à modifier nos recommandations. Les variétés de maïs présentent aujourd’hui des profils stay-green avec un appareil végétatif vert à la récolte et des grains très mûrs (25 à 30 % de vitreux). De leur côté, les vaches hautes productrices ont une ingestion élevée et des vitesses de transit plus rapides. Pour éviter de retrouver des quantités anormales d’amidon dans les bouses, on ne peut plus se contenter de grains simplement touchés parl’éclateur dans l’ensilage. Ils doivent être coupés en quatre, voire en huit », explique Yann Martinot, directeur technique d’Elvup.

Dans l’Orne, en 2016, moins de 10 % des silos analysés atteignaient cet objectif. À la clé, des pertes conséquentes qui peuvent approcher les 10 000 € dans un élevage (voir encadré page suivante). Dans les parcelles du Perche ornais, les cinq ensileuses étaient dans des conditions habituelles avec un maïs à maturité : 33,4 % de MS dans une parcelle, 36,7 % dans l’autre.

« La longueur de coupe a peu d’influence »

Deux longueurs de coupe leur étaient imposées : 14 mm et 18 mm. Pour chacune, deux essais ont été réalisés : un réglage de l’éclateur à 2 mm, ou un réglage selon le choix du constructeur :

l 2 mm pour Fendt,

l 1 mm pour New Holland,

l 1,2 mm pour Krone et Claas,

l 0,75 mm pour John Deere.

Notons que toutes ces machines étaient équipées de leur éclateur standard, c’est-à-dire deux rouleaux avec différentiel de vitesse. Seul Fendt présentait un modèle d’éclateur à disques, en standard chez lui.

« Entre 10 et 20 mm, la longueur de coupe a souvent peu d’effet sur la qualité d’éclatement des grains. Celle-ci est davantage influencée par la matière sèche de la plante et, bien sûr, par le réglage de l’éclateur. Il faut soupçonner aussi l’usure de l’éclateur et peut-être un effet machine », poursuit Yann Martinot. Une enquête réalisée en 2016 dans l’Orne a établi que l’éclateur est serré en moyenne à 1,8 mm. Ce que confirment les ETA du secteur : « Entre 1 et 3 mm selon la MS de la plante. »

Le jour de l’essai, les cinq machines ont travaillé dans un maïs allant de « mûr » à « très mûr » (32 à 39 % de MS selon les passages), avec des grains présentant une proportion d’amidon vitreux importante (25 à 50 %). L’ensilage a été passé au tamis (Penn State) pour juger des longueurs de coupe.

« Toutes les machines ont effectué un travail correct sur ce critère avec peu de défibrage (moins de 5 % de particules inférieures à 4 mm) et peu d’éléments grossiers (particules supérieures à 19 mm) », commente Yann Martinot.

À plus de 35 % de MS, les variétés cornées ont un grain vitreux

À l’inverse, l’éclatement des grains est globalement insuffisant avec un IFG (indice de fragmentation des grains) moyen de 52 % quand l’objectif est de dépasser les 70 % (voir encadré).

L’essai confirme qu’il y a peu de différences entre les deux longueurs de coupe de 14 et 18 mm. Nous pouvons aussi affirmer qu’il y a peu d’écarts entre les constructeurs. En toute logique, l’éclateur le plus serré (John Deere à 0,75 mm) a tendance à être un peu au-dessus sans atteindre un IFG de 70 %. « Nous constatons surtout que l’éclatement des grains est rendu plus difficile quand la matière sèche de la plante dépasse 35 %, et cela quelle que soit la machine. Il faudrait ensiler des maïs avec des grains présentant un maximum de 33 % d’amidon vitreux. C’est parfois difficile avec des variétés cornées. Les variétés dentées, qui présentent un amidon plus farineux, sont plus tendres. Enfin, il ne faut pas hésiter à régler l’éclateur à moins de 1 mm, même si cela ralentit le chantier. L’enjeu zootechnique prime sur le coût de la récolte », conclut Yann Martinot.

Dominique Grémy
Une coupe correcte mais un éclatement insuffisant
Constructeur IFG P > à19 mm P de 19 à 8 mm P de 8 à 4 mm P < à 4 mm % de fibres efficaces Pertes UFL/kg de MS % de MS
Claas 46 % 6 % 72 % 12 % 10 % 84 - 0,05 34
Fendt 51 % 3 % 74 % 13 % 10 % 81 - 0,04 34
John Derre 58 % 4 % 69 % 16 % 10 % 80 - 0,04 35,2
New Holland 49 % 7 % 74 % 11 % 8 % 88 - 0,05 35,8
Krone 55 % 5 % 72 % 13 % 9 % 82 - 0,05 36,2
Moyenne 52 % 5 % 72 % 13 % 9 % 83 - 0,04 35
IFG : indice de fragmentation du grain. P : particules (tamis Penn State). Source : Elvup

© D.Grémy - « Défi Ensileuses ». Lors de cette journée, Elvup a réuni cinq marques d’ensileuse pour juger de la qualité de l’ensilage de maïs, en particulier sur l’éclatage des grains et la longueur de coupe. Se sont prêtés au jeu : Claas Jaguar 940,

© D.Grémy - La méthode du seau. Quelques poignées de maïs dans un seau d’eau et en quelques instants, les grains plus lourds que le reste de la plante décantent dans le fond. On peut alors apprécier la qualité de l’éclatage.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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