
Vous avez pu découvrir le Gaec Augros dans l'Indre dans un premier article sur la vente de viande en circuit court. Voici la deuxième partie sur l'alimentation de leur troupeau de 150 vaches charolaises et leur suite. L'ensemble des femelles et des taurillons sont engraissés en visant le "zéro achat".
« Aujourd’hui, l’engraissement des mâles charolais avec une base de maïs ensilage, ça ne rapporte quasiment rien, la marge est de l’ordre de 50 € par taurillon. Si jamais on perd un animal en cours de route, c’est l’ensemble du bénéfice de l’atelier d’engraissement qui s’envole. C’est bien trop risqué. Il a donc fallu trouver d’autres stratégies, sans tourteaux, en utilisant uniquement les fourrages et les céréales produits sur l’exploitation, raconte Jean-Pierre Augros. Parfois, nous nous posons la question de vendre plutôt des broutards maigres, mais mon frère et moi avons la passion de l’engraissement ! »
Une distribution par semaine
Avec près de 400 bêtes charolaises à nourrir, le Gaec Augros, à Saint-Christophe en Boucherie dans l’Indre (36), se doit d’être très vigilant sur le coût alimentaire. Jean-Pierre et Gilles Augros travaillent depuis près de dix ans avec Yan Mathioux, nutritionniste indépendant du cabinet BDM. Ils ont commencé par élaborer ensemble des mash fibreux pour les veaux et les jeunes bovins à l’engraissement afin de remplacer les achats d’aliments complets. Ce mash fibreux pour les jeunes bovins réclame très peu de main d’œuvre. Il est réalisé à la mélangeuse à raison de 4 tonnes à la fois et distribué à l’auge une seule fois par semaine.
« Le coût de la ration des taurillons est passé de 305 €/t avec des achats à environ 170 €/t cet hiver en autoproduisant un mash à 1 UF et 16,5 % de MAT, calcule le nutritionniste Yan Mathioux. Les mâles affichent un GMQ de 1 500 g/j de la naissance à l’abattage à 14 mois, avec une croissance de près d’1,8 kg durant la période d’engraissement. »
S’approcher du zéro achat
Cet automne, l’élevage achetait encore des coproduits (drèches de blé, pulpe de betterave et d'aliment liquide) destinés aux mâles à l’engraissement. Mais cet hiver, lorsque les stocks de drêche de blé seront épuisés, ils pourront être intégralement remplacés par de la luzerne et s’approcher du « zéro achat » d’aliments.
En effet, afin d’améliorer l’autonomie alimentaire de leurs rations d’engraissement, les éleveurs ont considérablement agrandi leur surface de luzerne pour atteindre 26 hectares de luzernière. Celle-ci est généralement fauchée quatre fois par an avec deux coupes en enrubannage voire en ensilage (à 22,8 % de MAT) et deux coupes en foin (à 18 % de MAT).
Du mash y compris pour les femelles
Les éleveurs réalisent également des mash fibreux pour les jeunes veaux, mâles comme femelles : « nous faisons un mash un peu plus "léger" pour les génisses avec 50 % de fibres, 85 UF et 14 % de MAT. On a remarqué que cette complémentation a bien amélioré l’homogénéité des carcasses des femelles », observent les éleveurs. Une fois sevrées, les génisses sont affouragées avec de l’enrubannage de luzerne et de dactyle complémenté avec 1,3 kg de blé tendre et du minéral ou un bolus oligo-vitamines. Les vaches adultes à réformer et les génisses destinées à être abattues et vendues en circuit court sont finies avec une ration 100 % autonome.
En été, lorsqu’il fait chaud, il est possible de remplacer l’enrubannage par du foin, le mélange se conserve mieux plusieurs jours d’affilée. Ces génisses charolaises « typées viande », sont engraissées ainsi pendant près de six mois afin d’être très bien couvertes. Elles atteignent environ 460 kg de carcasse.
Ensilages de maïs et d’herbe pour les vaches
Sur les 260 hectares du Gaec, plus de 80 % sont en herbe en rotation longue. Le reste est constitué des cultures de maïs ensilage et grain (30 ha), de blé (25 ha) et de luzerne (26 ha). Au fil des années, les frères Augros se sont attachés à faucher des ensilages d’herbe moins tardifs qu’à l’accoutumée et contenant une proportion de trèfles de plus en plus importante. Aujourd’hui, leurs meilleures prairies sont composées de ray-grass anglais, de dactyle, et d’un mélange de trois trèfles : blanc, violet et hybride. L’essentiel de l’herbe non pâturée est ensilée plutôt que stockée en foin. Cet ensilage d’herbe, désormais riche en matières azotées, complète parfaitement l’ensilage de maïs plante entière pour nourrir les vaches allaitantes avant et après les vêlages qui ont lieu en bâtiment de fin novembre à mi-avril.
Mois par rapport au vêlage | - 1 mois | Vache suitée |
Paille de blé seule bonne (kg) | 3 | 0 |
source BDM
Ainsi avec une bonne gestion des fourrages, des stades de fauche, et une grande part de légumineuses, l’élevage Augros parvient à vendre l’intégralité des animaux finis sans acheter d’aliments tout en maîtrisant ses coûts de production. La prochaine étape pour valoriser une partie des mâles sera de castrer quelques veaux pour faire des bœufs nourris à l’herbe, pesant 550 kg de carcasse et vendus en circuit court.
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