La France manque de viande bovine, alors que dans le même temps, la plupart des réformes laitières sont abattues maigres. Quel est l’intérêt économique de finir ses réformes et à quelle période ? L’Institut de l’élevage s’est penché sur la question.
Les Français mangent du steak haché. Beaucoup plus que n’en produit le troupeau national qui est passé de 6,5 millions de vaches laitières en 1985 à 3,7 millions en 2015. Malgré les faibles prix de la viande actuellement, « la France est déficitaire, en quantité et en qualité, en viande bovine, tous morceaux confondus », remarque Jérémy Douhay, de l’Idèle. Pour produire ces steaks hachés tant consommés, la filière importe des réformes laitières d’Allemagne, des Pays-Bas ou encore d’Irlande. Alors que dans le même temps, un tiers des laitières réformées sont abattues maigres, notamment en race montbéliarde (une vache sur deux, voire moins en zone AOP).
70 kg x 2,5 €/kg = 175 €
« Entre une vache non finie, abattue à une note d’engraissement de 1 ou 2, et une bête finie par un engraissement de trois mois, il y a 70 kg de viande à gagner sur une Holstein, chiffre Jérémy Douhay. Cela va de 65 kg sur une Montbéliarde à près de 80 kg sur une Normande, avec un gain de 1/2 à 2/3 de classe de conformation. Si toutes les vaches laitières de réforme étaient finies jusqu’à un engraissement de 3, notre troupeau laitier fournirait 17 000 tonnes équivalent carcasse (téc) en plus, de quoi combler 22 % de notre déficit en viande bovine, estimé à 80 000 téc ».
Sur l’année, le cours de la viande de vache prim’holstein a varié entre 2,40 €/kg et 2,70 €/kg, ce qui équivaut pour un gain de poids de 70 kg à une augmentation du prix de vente de 168 à 189 € par vache engraissée.
Calculer sa marge sur coût alimentaire
Si l’intérêt de la finition des réformes est clair du côté de la balance commerciale, l’éleveur doit le raisonner en marge sur coût alimentaire. Pour valider l’intérêt technico-économique, l’Idèle a décortiqué les systèmes d’éleveurs finissant leurs réformes et d’autres ne le faisant pas. « La stratégie de finition est dictée avant tout par le système fourrager », éclaire Jérémy Douhay. Que ce soit au pâturage ou à l’auge, finir ses réformes demande des fourrages. « Engraisser à l’herbe en été, par exemple pour valoriser des prairies éloignées, est le plus intéressant économiquement, ne cache pas le spécialiste. En hiver, le coût alimentaire est évidemment plus élevé. » Pour chiffrer l’intérêt de la finition, chaque éleveur doit mettre dans la balance : ses disponibilités en fourrage, le taux de chargement qu’apporterait ce temps supplémentaire sur l’exploitation, la place en bâtiment, l’écart entre le prix du maigre et du gras, le temps de travail en plus. « Il faut aussi tenir compte de l’aptitude de chaque vache à être engraissée. Sur une vache trop âgée, l’intérêt est moindre. »
De ces calculs, l’Idèle estime qu’engraisser à l’auge 10 vaches de réforme par an sur un troupeau de 67 laitières, grâce à une intensification du système fourrager et une modification de l’assolement pour remplacer du blé par du maïs, permet d’augmenter de 10 % le produit viande et de 3 % son EBE. En système herbager, avec une finition estivale au pâturage, le produit viande augmente de 31 % et l’EBE de 5 %. « Cet engraissement peut être fait sous de nouvelles formes, comme par exemple, en créant des ateliers d’engraissement à plusieurs », encourage Didier Bastien, ingénieur viande bovine à l'Institut de l'élevage.
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