Pierre-Yves Le Bozec, président de la fédération nationale des groupements d'employeurs (FNGEAR) et de Solutis Emploi dans le Morbihan, explique en vidéo comment ces organisations se sont structurées et professionnalisées à l'échelon départemental pour répondre aux besoins croissants en main-d'œuvre des exploitations agricoles. Et accompagner les agriculteurs face aux difficultés de recrutement auxquelles ils se heurtent de plus en plus.
Pierre-Yves Le Bozec, éleveur laitier à Lanester (Morbihan), président de la FNGEAR (fédération nationale des groupements d'employeurs) et du groupement d'employeurs morbihannais Solutis Emploi, constate un « fort développement de l'emploi partagé en agriculture » à l'échelle départementale, « jusqu'à 150 % dans plusieurs territoires ». « Un peu partout en France, dans une quarantaine de départements au moins », la tendance est similaire, ajoute-t-il. Une progression liée, selon lui, à « une structuration impulsée il y a une dizaine d'années par le syndicalisme majoritaire FNSEA/JA ».
Jusqu'à + 150 % dans certains territoires.
« Auparavant et encore aujourd'hui dans certaines zones, l'emploi était partagé entre 2-3 exploitations qui forment un groupement d'employeurs : il en existe près de 3 000 en France », explique Pierre-Yves Le Bozec. À l'initiative de la profession, une organisation « départementalisée » s'est mise en place, ce qui a favorisé la « professionnalisation » du service. Les exploitants agricoles adhérents à un groupement d'employeurs sont accompagnés, de l'évaluation du besoin en main-d'œuvre au suivi post-embauche, en passant par le recrutement et l'appui en termes de ressources humaines notamment pour les démarches administratives, la formation et en cas de difficultés (accident, mésentente, etc.).
« Une plus-value sécurisante » des deux côtés
Une réelle « plus-value », insiste le responsable professionnel, « sécurisante » pour les agriculteurs, sur le plan économique également puisque le « risque financier est mutualisé entre plusieurs fermes ». Les parcours des salariés sont, eux aussi, professionnalisés et sécurisés, par exemple concernant l'accès aux droits et à la protection sociale, l'acquisition d'expériences et compétences variées dans des cadres de travail différents... « Du cousu main ou presque » pour les exploitants comme leurs employés, appuie Pierre-Yves Le Bozec, mettant en avant « la force de la marque employeur ainsi créée sur chaque territoire ».
C'est pourquoi le président de la FNGEAR se félicite de la « reconnaissance obtenue de la part de la puissance publique ». Le CGAER a en effet consacré un rapport aux « nouvelles formes d'organisation du travail en agriculture en forte croissance depuis 10 ans (ETA, groupements d'employeurs, intérim, détachement...) », jusqu'à représenter actuellement « 10 à 15 % de la force de travail affectée à la production (de 70 000 à 105 000 équivalents temps plein) ». Et d'après cette étude, les ETA et groupements d'employeurs sont en plein essor (2/3 de la main-d'œuvre totale et de son augmentation) face à la baisse du salariat agricole classique.
« Intégrer de nouveaux profils »
Ce travail a montré qu'avec les problèmes de recrutement et de fidélisation de la main-d'œuvre en agriculture, « les groupements d'employeurs peuvent être une solution pour structurer l'emploi partagé dans les exploitations et sur les territoires », conclut Pierre-Yves Le Bozec pointant la « flexibilité permettant de répondre à une diversité de situations ». De vraies « dynamiques de recrutement » se développent, assurant « l'intégration professionnelle des salariés et leur montée en compétence via la formation », autrement dit « un accompagnement de carrière » complet.
Une flexibilité permettant de répondre à une diversité de situations.
Sans oublier que les groupements d'employeurs contribuent à l'intégration de nouveaux profils dans le monde agricole. « Entre 40 et 60 % des salariés ne sont pas issus de ce milieu. Parfois, ils n'ont aucune formation agricole. Ils peuvent ainsi intégrer nos outils de production avec succès », souligne le président de la FNGEAR et de Solutis Emploi. « Adhérer à un groupement d'employeurs, c'est jouer collectif pour limiter la pression sur l'emploi en agriculture, qui ne cesse d'augmenter », résume-t-il.

350 vaches, 3 traites par jour et 12 salariés : une ferme laitière grand format où il fait bon vivre
Angus, Charolais, Blanc Bleu : quelle race préférer pour le croisement laitier ?
Un taureau limousin vendu 22 500 € aux enchères de Lanaud
Économie, travail, environnement : « S’installer en lait 100 % herbe, mon triplé gagnant »
Décapitalisation : profiter de l’hémorragie pour faire naître un élevage durable ?
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
L’huile de palme est à manier avec précaution
Les systèmes robot de traite redeviennent plus compétitifs que les salles de traite
Simon Huet : « Je gagne plus d'argent à être autonome qu'à être en bio »
Reprendre le contrôle sur les troupeaux à haut niveau cellulaire