Un atelier de veau de boucherie complémentaire rémunérateur

Article réservé aux abonnés.

Clément Gélineau : "Au regard du temps passé, l'atelier d'engraissement apporte un revenu stable." (©Jérôme Pezon)

La création d’un atelier veau de boucherie, dans la perspective d’installation d’un jeune, offre une voie de diversification complémentaire de l’élevage laitier, dans le cadre d’un contrat d’intégration qui limite les effets des fluctuations de marché.

Lorsque Clément Gélineau s’installe en 2011, le régime des quotas et la pression foncière ne permettent pas de miser sur l’agrandissement du troupeau laitier. Il obtient néanmoins une rallonge de 100 000 litres de lait et, en parallèle, bâtit son projet sur la création de deux ateliers hors sol, des volailles de reproduction et un atelier d’engraissement de veaux de boucherie .

Un système d’élevage 100 % intégré

« La situation a évolué, mais à l’époque l’atelier veaux représentait l’opportunité de créer une activité complémentaire sans besoin d’acquérir de foncier, témoigne cet éleveur du Maine-et-Loire, associé en Gaec. J’ai donc décidé d’investir dans deux bâtiments tunnel de 100 places chacun, dans le cadre d’un contrat d’intégration avec Denkavit, ce qui correspond à l’équivalent de 0,5 UTH. »

Dans ce schéma d’intégration, l’éleveur réalise en effet l’investissement initial dans le bâtiment, prend en charge les frais de fonctionnement (eau, gaz, électricité) et fournit sa force de travail. Ici, le coût des deux tunnels s’élevait à 226 000 €, soit une production permise de deux bandes de 200 veaux/an. L’atelier n’est pas totalement détaché de tout lien au sol, puisque l’investissement comprend également une fosse à lisier de 500 m3, associée à un plan d’épandage qui prévoit une surface de 1 ha pour 20 veaux. L’intégrateur, Denkavit, fournit les équipements d’élevage (silos, cuve de préparation automatique de la buvée, taxis-lait), les veaux nourrissons, les aliments, les produits vétérinaires sur prescriptions et le suivi technique.

Après les 15 premiers jours en case individuelle « baby case », les veaux sont élevés en cases collectives sur caillebotis de 7 individus, soit 1,8 m²/veau. En plus de l’aliment d’allaitement, ils ont à disposition 1,2 kg/jour d’un aliment granulé intégrant de la fibre. (© JP)

Avant leur transfert en exploitation, des bandes de veaux homogènes sont constituées dans un centre de tri et leur état sanitaire contrôlé par un vétérinaire. La phase d’élevage dure cent-cinquante jours par bande, en vue d’obtenir des animaux de 250 kg de poids vif, soit 140 à 150 kg carcasse. Au cours des quinze premiers jours, les veaux sont élevés en case individuelle, ou baby case, avec un aliment d’allaitement de démarrage. Ils passent ensuite dans des cases collectives de 7 individus. Le plan lacté comprend de 200 à 220 kg de poudre de lactosérum enrichie d’un noyau nutritionnel et de matière grasse végétale. Le dosage et la dilution de la buvée sont réalisés automatiquement, en vue d’une distribution deux fois par jour à 40 °C.

Rémunération : 70 % forfaitaires + 30 % à la performance

Dès le premier jour, les veaux ont aussi à disposition un concentré intégrant une part de fibre sous forme de paille broyée, soit un total de 350 kg/veau. Ce mode de rationnement doit assurer un apport de fer suffisant pour maintenir un taux d’hémoglobine compatible avec la santé des animaux et leur bien-être, sans induire une coloration trop prononcée de la viande. Le suivi technique réalisé par Denkavit propose au minimum trois visites vétérinaires, au cours desquelles des prises de sang sur chaque animal permettent de contrôler le niveau d’hémoglobine. Un taux trop bas implique alors une administration de fer par voie intramusculaire. Ce suivi comprend par ailleurs le passage hebdomadaire d’un technicien, dans une logique préventive : en effet, si, par exemple, une épidémie de grippe survient dans l’élevage, la facture vétérinaire revient à Denkavit. L’éleveur, lui, assume les retards de croissance. « Le principal risque sanitaire est lié aux affections respiratoires en hiver, souligne Clément. Des diarrhées peuvent aussi apparaître lors de la phase d’adaptation, pendant les quinze premiers jours suivant l’arrivée des veaux. Globalement, le taux de mortalité est de l’ordre de 2 % et n’excède pas les 5 %. » La rémunération prévue par le contrat pluriannuel passé avec Denkavit comprend 70 % d’un prix fixe forfaitaire + 30 % de variable lié à la performance, c’est-à-dire en fonction du GMQ et de l’indice de consommation. En 2024, cela correspond à une rémunération de 90 à 92 cts/veau/jour, ou un total de 52 498 € permettant de couvrir les frais de fonctionnement, l’épandage du lisier, les annuités, le salaire et les charges sociales de l’exploitant.

Deux à trois heures d’astreinte par jour

En routine, Clément évalue son astreinte entre une heure et une heure et demie matin et soir, avec des pics de travail à plusieurs étapes clés : le chargement et le déchargement, la désinfection avant le vide sanitaire entre deux bandes, ou encore la tonte du dos et bien sûr les prises de sang et éventuelles injections de fer. « Pendant les quinze premiers jours, les veaux sont élevés à la tétine en case individuelle, il faut être plus vigilant, s’assurer que le démarrage se passe bien, que chacun consomme bien sa buvée. Au regard du temps passé, je peux dire que la rémunération permise est satisfaisante et stable, d’autant plus avec la perspective de la fin des annuités bâtiments en 2026 », estime l’éleveur. Les prix du gaz pour le chauffage de l’eau et de l’électricité sont les principaux facteurs de variation du revenu. Mais, dans un contexte où l’offre est limitée pour répondre à la demande, la tendance de prix est favorable. Selon une enquête de l’Idele portant sur la campagne 2022-2023 auprès de 108 exploitations sélectionnées pour leurs performances, le veau de boucherie autorise une rémunération moyenne à hauteur de 1,86 Smic.

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

Monitoring

Tapez un ou plusieurs mots-clés...