Le calcul des marges sur coûts alimentaires permet un pilotage de l’atelier lait au jour le jour. Littoral Normand a analysé celles de ses adhérents sur les deux dernières campagnes et montre que, même si les coûts alimentaires ont connu une progression exceptionnelle ces deux dernières années, la hausse sans précédent des prix du lait a permis des marges elle aussi en forte hausse.
Des coûts alimentaires en augmentation mais un prix du lait qui a quand même permis des marges élevées. C’est le bilan établi sur les campagnes laitières 2021-2022 et 2022-2023 par Littoral Normand, société de conseil en élevage, d'après l'étude des chiffres de ses adhérents (3500 élevages, 290 000 vaches laitières).
La marge sur coûts alimentaires (MCA) est calculée de la manière suivante : production - coûts alimentaires
La production correspond à l’addition du lait vendu (à la laiterie et en vente directe), du lait donné aux veaux et du lait jeté.
Les coûts sont les suivants :
- Les semences ;
- Les engrais et les traitements ;
- Les frais de récolte (y compris les bâches, les ficelles, etc.) ;
- Eventuellement les fourrages achetés ;
- Les concentrés ;
- Les compléments minéraux et vitaminiques.
Hausse des prix des matières premières...
Fabien Bregeault, référent technico-économique chez Littoral Normand, a calculé les MCA de ses adhérents pour les deux dernières campagnes : 2021/22 et 2022/23. Les chiffres montrent, sur ces deux années, une augmentation importante des coûts de production.
Le prix des engrais a en effet fortement fluctué et augmenté. L’ammonitrate 33.5, qui sert de référence, coûtait en moyenne 260 €/t au cours de la campagne 2021/2022 et 590 € pendant la suivante. La plus grande partie des achats a été réalisée aux alentours de 200 € en 2020 (pour la campagne suivante) et 400 € l’année d’après. Mais au vu des fluctuations, il apparaît que certains exploitants ont acheté de l’ammonitrate au prix de 800, voire parfois 1 000 € la tonne.
Le tourteau de soja a lui aussi connu une forte hausse de son prix. Vendu 440 €/t en moyenne pendant la campagne 2021/2022, il coûtait en moyenne 560 € pendant la suivante. Il a également connu un pic au printemps 2022, en raison du conflit en Ukraine.
Le tourteau de colza a quant à lui connu une augmentation de 60 €/t. Au printemps 2022, il a atteint 560 €/t, ce que Fabien Bregeault qualifie de « prix jamais vu ».
Enfin, le prix du blé a aussi augmenté : de 260 €/t au début de la période étudiée à 330 € au printemps 2022. « Et même si les prix ont baissé à la fin de la période, la plus grande partie des achats réalisés par les fabricants d’aliments l'a été au prix fort », souligne le spécialiste.
Résultat : une augmentation des coûts alimentaires en général et des coûts de concentrés en particulier. Ces derniers ont, par exemple, fait un bond de 61 € à 81 €/1 000 l entre les deux campagnes étudiées.
Le coût des prairies a lui aussi augmenté, de 112 € par hectare à 162 € par hectare, d'une campagne à l'autre.
...mais augmentation du prix du lait
À ces effets de conjoncture s’ajoutent ceux de la météo : en 2022, la sécheresse a fortement pénalisé les rendements du maïs. Alors qu’ils se situaient généralement entre 13 et 15 tonnes de matière sèche à l’hectare, ils n’ont été que de 12 tonnes en moyenne.
De tels chiffres pourraient être inquiétants. Ils doivent cependant être mis en rapport avec ceux du lait. Le prix de base du lait standard a atteint 349 €/1 000 l sur la campagne 2021/22 et 429 €/1 000 l sur la campagne 2022/23. « Une augmentation rarissime », commente Fabien Bregeault.
Par conséquent, le calcul de la MCA moyenne montre qu’elle est de 303 €/1 000 l durant la campagne 2021/2022 et de 364 € au cours de la campagne 2022/23. « Alors que ce chiffre tourne généralement autour de 280 € pour 1 000 l, il s’agit d’un niveau de marge exceptionnellement haut », pointe Fabien Bregeault.
Le même calcul par vache et par jour donne quant à lui un chiffre de 5,95 € en 2021/22 et 7,06 € en 2022/23.
« L’étude des MCA montre donc que malgré l’augmentation des coûts, la période était favorable, commente Fabien Bregeault. Il n’y avait donc pas lieu de diminuer les quantités de concentrés distribués, par exemple ».
Votre email professionnel est utilisé par les sociétés du groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters
et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici.
Consultez notre politique de confidentialité
pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.
Notre service client est à votre disposition par mail : serviceclients@ngpa.fr.
Il intègre 5 % de pommes de terre dans son silo de maïs ensilage
Fermeture de l’export de bovins : « les acheteurs vont en profiter pour faire baisser les prix »
Tendances saisonnières : l’hiver 2025-2026 sera-t-il pluvieux ou sec ?
Récolte 2025 : « une situation particulièrement alarmante » pour les producteurs de maïs grain
Y a-t-il vraiment un plafond de verre pour le prix de la viande bovine ?
Le Grand Ouest met la main à la poche pour la recapitalisation bovine
Logettes ou aire paillée ? Comment sont logées les vaches laitières françaises
Après la Prim’Holstein, la Génétique Haute Performance débarque en Normande
Avec 1 % de marge nette, l’industrie laitière française « fragilisée »
À Versailles, les agriculteurs de la FNSEA/JA veulent interpeler Emmanuel Macron