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Conseils de nutritionnisteLes points clés pour réussir la mise à l’herbe de son troupeau

Pour réussir la mise à l'herbe du troupeau, il est important d'anticiper en faisant une transition correcte. (©Terre-net Média)
Pour réussir la mise à l'herbe du troupeau, il est important d'anticiper en faisant une transition correcte. (©Terre-net Média)

Si ce n'est pas déjà fait, vous songez à mettre vos animaux à l'herbe. Cela paraît simple. Pourtant, il ne s'agit pas seulement d'ouvrir la barrière et de laisser les vaches dehors. Yan Mathioux, nutritionniste du cabinet BDM, énonce plusieurs points de vigilance : matériel à préparer, transition à ne pas rater, quelques chiffres pour se repérer... Tout ça pour un seul et même objectif : économiser !

Les points clés pour réussir la mise à l'herbe des vaches
Pour réussir la mise à l'herbe du troupeau, il est important d'anticiper en faisant une transition correcte. (©Terre-net Média)

C’est à l’occasion du premier webinaire élevage qu’organisait Web-agri le 15 mars que Yan Mathioux, nutritionniste et co-fondateur du cabinet BDM, abordait un sujet dans l’air du temps : la mise à l’herbe. Selon lui, il est d’abord important de se poser la question « quel est mon objectif ? ». La réponse diffèrera d’un éleveur à l’autre : faire des économies sur les stocks de fourrage, réduire le coût de concentrés, économiser en paillage, améliorer la santé des animaux, réduire le travail d’astreinte…

Anticiper la mise à l’herbe pour ne pas se laisser surprendre

Selon l’expert, il est primordial d’anticiper la mise à l’herbe des animaux. En effet, il s’agit d’un grand changement d’environnement et d’alimentation pour eux. De plus, cela leur demande plus d’effort physique que de rester en bâtiment. Leurs onglons doivent être parés (mais pas la veille).

Ensuite, il faut vérifier que les points d’eau, chemins et clôtures soient prêts à assurer leur fonction. Pour cela, un tour des parcelles peut s’avérer nécessaire.

Pour en revenir aux animaux, leur état corporel doit être correct avant de les lâcher en pâture car la transition risque de les faire maigrir, notamment les vaches laitières fraîches vêlées et les primipares. Quant aux vaches allaitantes, un apport de sélénium doit être prévu pour éviter les risques de myopathie-dyspnée, surtout sur les jeunes veaux auxquels on peut administrer un bolus plusieurs jours avant la sortie.

Pour rappel, qui dit pâturage dit parasites. Sur ce point Yan conseille d’éviter le surpâturage et/ou le pâturage ras car les larves sont essentiellement à 5 cm du sol. Selon lui, « le traitement des animaux dépend de leur immunité. Il vaut mieux réaliser une coprologie pour identifier les lots atteints plutôt que de traiter systématiquement tout le monde ».

Une transition alimentaire progressive pour éviter les risques

La transition doit permettre aux bactéries de s’acclimater au changement. En effet, l’herbe étant un aliment plus humide et plus riche en sucre et en azote que leur ration habituelle, les vaches auront un transit plus rapide au pâturage et les excès pourront causer des diarrhées.

Si l'on veut fermer le silo, il faudra au moins 25 ares disponibles par vache avec de longues périodes de pâturage et de la hauteur.

Selon le nutritionniste, l’objectif est d’apporter une quantité d’herbe progressive sur trois semaines : « La semaine qui précède la mise à l’herbe, il faut commencer par donner de l’oxyde de magnésie aux animaux, explique-t-il (préférer l’oxyde plutôt que le chlorure qui se réserve pour les vaches taries). Pour leur premier jour dehors, il faut les sortir 2h30 au maximum et réduire la ration de quelques parts seulement. Le lendemain, selon les observations, on augmente la plage horaire de pâture en adaptant le nombre de parts à l’auge. Ensuite et jusqu’à la troisième semaine à l’herbe, la transition se poursuit jusqu’à atteindre l’objectif propre à chacun (fermer le silo de maïs, avoir 50 % d’herbe dans la ration…). Si des diarrhées persistent, il faudra recaler la ration ou donner de l’argile (de 50 à 100 g/vache/j) afin de réduire l’excès d’azote soluble dans l’organisme. Le risque avec cet excès est de faire couler les vaches, prévient-il. Attention cependant à retirer l’argile une fois que tout est calé car elle absorbe également les minéraux  », prévient-il.

Pendant la transition, il conseille d’augmenter la quantité de paille ou de foin dur de la même manière que l’offre en herbe afin de gérer le transit des animaux. Plus la part d’herbe augmente dans la ration, plus l’éleveur peut réduire sa quantité de maïs et de soja. Cependant, tant que le maïs conserve une part importante, l’urée doit être maintenue.

Des repères pour y voir plus clair

Pour la mise à l’herbe, Yan préconise de privilégier les parcelles saines et portantes (il faut que la marque laissée par le sabot ne dépasse pas 1,5 cm et que la hauteur de l’herbe dépasse les 6 cm) en évitant les parcelles riches en légumineuses par risque de météorisation et les pâtures fraîchement amendées. Le déprimage, s’il a lieu, doit être fait par les animaux les moins sensibles (génisses ou bœufs) avec comme repère 300°C de température cumulée et 10 cm de hauteur pour l’entrée et 5 cm pour la sortie des animaux.

« Si l'on veut fermer le silo, il faudra au moins 25 ares disponibles par vache avec de longues périodes de pâturage et de la hauteur, affirme le nutritionniste. Par exemple, pour ingérer 15 kg de MS, la vache devra rester au moins 7 ou 8 heures dans la parcelle. »

Objectif : économiser un maximum de tourteau

« C’est bien connu, les plus économes sont ceux qui valorisent le plus d’herbe, déclare l’expert. » L’objectif du pâturage est d’économiser un maximum de concentrés de par la diminution de l’ensilage de maïs.

Selon Yan, « 10 kg bruts d’ensilage en moins permettent une économie d’1 kg de tourteau car il n’y a pas besoin de corriger le manque de protéines de l’ensilage de maïs ». À contrario, augmenter la part de concentrés fait baisser celle de l'herbe et coûte cher par rapport à ce que ça rapporte : « + 1 kg de concentré réduit la part d’herbe consommée de 0,5 kg pour faire gagner 1 litre seulement et 0,2 point de TP avec une perte de TB de 0,3 à 0,6 point, affirme-t-il. C’est le cas des vaches hautes productrices qui n’utilisent pas les aliments pour faire de l’état corporel mais plutôt pour faire plus de lait. »

Pour une bonne valorisation de la ration à l’herbe, il est important de faire manger de la fibre qui ralentira le transit. « La mélangeuse permet d’introduire facilement de la paille ou un foin dur qui feront augmenter la durée de rumination et feront remonter le pH ruminal. »

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