Un pâturage tournant permet de limiter le risque parasitaire lié aux strongles digestifs. Il n’existe pas de « recette miracle » mais des outils de simulation permettent d’y voir plus clair quant aux périodes à risque (excrétion des œufs). La gestion des parcelles devra tenir compte de la pression parasitaire, que ce soit pour les vaches comme pour les jeunes animaux non immunisés.
Les strongles gastro-intestinaux sont les parasites dominants du pâturage. Ils ralentissent la croissance des jeunes animaux et font chuter la production laitière. Les animaux contaminés maigrissent et partent généralement en diarrhées. Il est alors essentiel de mettre en place une immunité chez les bovins pâturants. Cela passe par la conduite du troupeau mais également du pâturage.
Plus les cycles parasitaires se succèdent et plus la pression augmente
Nadine Ravinet, de l’Inra, explique : « Les strongles se développent en deux phases : interne (qui dure trois semaines) puis externe lorsque les œufs sont sécrétés par l’animal et se développent pour devenir des larves qui migrent hors des bouses, prêtes à être ré-ingérées. Cette phase prend au minimum une semaine. » En pâturage continu, on assiste alors à une accumulation de générations larvaires due à la succession des cycles parasitaires. La population de strongles augmente alors de façon exponentielle.
Du pâturage tournant pour décaler les cycles et diminuer la pression parasitaire
L’experte explique qu’un pâturage tournant permet d’allonger les cycles. La pression parasitaire augmente alors plus lentement. « Prenons l’exemple d’un pâturage sur 4 parcelles, 10 jours par parcelle : les animaux commenceront à excréter leurs premiers œufs la 4e semaine, soit à partir de la parcelle n°3. En revenant sur la parcelle n°1, après avoir fait un premier cycle de pâturage, la pression n’y sera pas plus élevée qu’au début de la saison pour les animaux puisqu’ils n’y auront pas encore excrété d’œufs. Ainsi de suite, le contact avec les générations larvaires s’étalera sur une plus longue période et la pression parasitaire ne deviendra importante qu’au bout d’un certain temps (plus long qu’en pâturage continu). »
Cas 1 : pâturage continu sur une seule parcelle d'avril à septembre
Mois
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Semaines
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
Générations larvaires
GL0
GL1
GL2
GL3
GL4
Générations d'œufs
gO1
gO2
gO3
gO4, etc.
Remarque : les cycles se succèdent. 1ers contacts avec la 3e génération larvaire début juillet
Cas 2 : rotation sur 4 parcelles (10 j/parcelle)
Mois
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Semaines
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
Parcelle 1
P1
P1
P1
P1
Générations larvaires
GL0
GL0
GL1
GL2 et 3
Générations d'œufs
-
gO1
gO2
gO3
Parcelle 2
P2
P2
P2
P2
Générations larvaires
GL0
GL0
GL1
GL2 et 3
Générations d'œufs
-
gO1
gO2
gO3
Parcelle 3
P3
P3
P3
P3
Générations larvaires
GL0
GL1
GL1
GL2 et 3
Générations d'œufs
gO1
gO1
gO2
gO3 et 4
Parcelle 4
P4
P4
P4
P4
Générations larvaires
GL0
GL1
GL1 et 2
GL2 et 3
Générations d'œufs
gO1
gO1
gO2
gO3 et 4
Remarque : 1ers contacts avec des larves de la 3e génération larvaire début août (au plus tôt)
La spécialiste met en garde : « Tous les systèmes de rotation ne se valent pas. Plusieurs paramètres entrent en compte : le nombre de parcelles, le temps de présence par parcelle, le chargement, le temps de retour et la température. » Concernant le chargement, « plus on l’augmente, plus la pression augmentera car la densité des bouses sera plus importante. En revanche, la tendance peut s’inverser si les animaux se tournent vers d’autres aliments ou si le couvert est rasé plus bas car les larves ne survivront pas. » Pour ce qui est des températures, la pression diminue en période de sécheresse : les larves présentes dans l’herbe meurent tandis que celles dans les bouses sont emprisonnées. Attention cependant, le retour des pluies provoque une migration massive des larves restées dans les bouses, ce qui fait grimper la pression d’un coup.
Le risque lié aux strongles varie en fonction de la conduite du pâturage (en cours mais également passée) et de la température. Ainsi, des outils informatiques permettent de prédire ce risque. À titre d’exemple, Parasit’Sim simule le développement de l’immunité des animaux (en fonction du temps de contact avec les parasites) et le niveau de contamination des parcelles en fonction de la conduite du pâturage. Cela lui permet de définir le niveau de risque à chaque moment de la saison en fonction de la température.
Sortir les génisses au plus tôt pour développer leur immunité
« L’immunité se développe chez les animaux au contact des parasites. Elle dépend de la durée et de l’intensité de contact avec les vers. Le mieux est de sortir les génisses au plus tôt pour qu’elles acquièrent rapidement cette immunité. Les génisses ayant fait deux saisons de pâturage seront par la suite moins sensibles que celles n’en ayant fait qu’une seule. », explique Nadine Ravinet.
Enfin, l’experte explique : « Les coproscopies chez les bovins n’ont que très peu de valeur car la corrélation entre quantité de larves et quantité d’œufs excrétés est faible. » Elle conseille également : « En cas de traitement antiparasitaire des animaux, mieux vaut éviter de le faire au changement de parcelle car cela augmente les phénomènes de résistance. »
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