L. et M. Bühlmann optimisent leur système herbager

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Leur système est simple, cohérent avec leurs idées et leur stratégie, et permet de bien vivre de la production laitière. (©Btpl/ Edf)
Leur système est simple, cohérent avec leurs idées et leur stratégie, et permet de bien vivre de la production laitière. (©Btpl/ Edf)

A Rothenburg au Sud de Zurich en Suisse, Lucia et Markus Bühlmann cherchent à produire le maximum de lait sur leurs 34 hectares d’herbe avec le minimum de charges opérationnelles. Leur système très optimisé sur les plans économique et environnemental leur permet de dégager une marge nette de 82 € par tonne de lait.

Lucia et Markus Bühlmann ont ouvert leurs portes aux éleveurs du réseau European Dairy Farmers dont le congrès s’est déroulé en Suisse en juin dernier.

Produire 330.000 litres de lait à l’herbe, cela nécessite beaucoup de technicité. Markus et Lucia Bühlmann le savent mais leur démarche est valorisée par le prix élevé des produits issus de l’exploitation, et par les aides spécifiques pour protéger le patrimoine naturel de leur région.

L’exploitation est dans la famille depuis plusieurs générations. La ferme produit du lait et possède également un atelier porcin. Markus et Lucia gèrent l’exploitation avec deux apprentis. Leur fils Pascal effectue des études agricoles avec l’intention de s’installer sur l’exploitation.

Produire plus et mieux en travaillant moins !

L’atelier de 60 vaches laitières produit 329.000 kg de lait par an. L’objectif est de produire le maximum de lait par hectare d’herbe avec le minimum de charges opérationnelles.

Markus et Lucia limitent au strict nécessaire les investissements en bâtiment et matériel. Les vaches sont logées en stabulation libre dans un bâtiment construit en 2002, avec une  salle de traite en 2x6. Plutôt que de s’agrandir, ils  cherchent en permanence à optimiser le système qu’ils ont choisi, tout en restant innovant et ouvert sur l’extérieur.

L’efficacité de la main d’œuvre est aussi une priorité. Avec une moyenne de 46 heures passées par vache laitière, ils sont nettement en dessous de la moyenne suisse qui est de 72 heures par vache. Ce calcul comptabilise tout le temps passé autour du troupeau laitier, que ce soit pour l’astreinte, l’élevage, les fourrages, l’administratif etc…

Ils obtiennent de tels résultats grâce à une bonne organisation et à des vêlages très groupés au printemps  : 50 vêlages sur 60 en un mois. Ils ne traient donc pas de décembre à février.

Les vaches sont inséminées pendant quatre semaines puis sont ensuite avec le taureau de rattrapage. Les génisses sont envoyées en alpage pendant une centaine de jours en été.

Les bâtiments sont rudimentaires
Les bâtiments et équipements sont réduits au strict nécessaire. (©Btpl/ Edf)

100 % herbe et zéro concentré en pâture

Les éleveurs exploitent 32 ha d’herbe et il n’y a pas de maïs sur l’exploitation. Les vaches laitières accèdent à 19 ha de pâture, organisés en 17 paddocks en pâturage tournant de mars à novembre, à proximité de la ferme.

En mars, les vaches sont au pâturage à mi-temps. En avril, elles pâturent jour et nuit. A partir de début octobre, le plat d’herbe pâturée étant riche en azote, est complémenté avec du foin fibreux. Au pâturage, les vaches ne reçoivent aucun concentré, seulement une complémentation minérale riche en magnésium

Toutes les semaines, la hauteur d’herbe est contrôlée à l’herbomètre :

  • Hauteur objectif pour l’entrée dans la parcelle, 7 cm au printemps, 8 cm l'été et 9 cm en automne.
  • Hauteur objectif pour la sortie de la parcelle : 3.5 cm.

Cinq hectares supplémentaires d’herbe sont récoltés en foin et en ensilage pour les rations hivernales et les débuts de lactation. Les vaches reçoivent également des betteraves fourragères en hiver.

Les génisses de renouvellement pâturent sur 10 ha supplémentaires éloignés et sont complémentées avec des navets à l’automne. Il y a aussi des génisses qui partent en alpage pour quelques mois.

Les foins sont fauchés très ras, à 3.5 cm. Cela est possible car les plantes se sont adaptées au pâturage ras à 3.5 cm et leur système reproductif se trouve plus bas. Sinon il faudrait faucher classiquement à au moins 7 cm.

Les éleveurs pratiquent le sursemis très régulièrement : pâturage très ras puis sursemis, puis pâturage 10 jours plus tard afin de donner de la lumière aux plantules sursemées. Côté engrais, la limite est fixée à 150 unités d’azote maximum par hectare. Les prairies reçoivent  30 à 35 m3/ha de lisier à  1 unité d’azote /m3.

Les vaches semblent adaptées à cette alimentation. Ce sont des croisées de génétique Holstein néo-zélandaise, qui pèsent 400 à 500 kg. Leur longévité est de 4 à 5 ans.

L'herbomètre
L'herbomètre est de sortie chaque semaine durant la saison de pâturage. (©Btpl/ Edf)

Préserver l’environnement, une démarche récompensée

L’exploitation adhère à l’organisation IP-Suisse qui prône la préservation de l’environnement dans les pratiques agricoles. Cette organisation regroupe 20.000 membres en Suisse soit 1/3 des agriculteurs du pays. Les éleveurs de cette association bénéficient d’aides complémentaires s’ils respectent le cahier des charges. Les aides peuvent aller jusqu’à 33 euros par 1.000 litres de lait, 140 euros par veau destiné à la viande, 30 à 50 euros par tonne de blé pour l’alimentation humaine.

Des points sont affectés aux éleveurs en fonction de certains critères comme l’utilisation de pratiques privilégiant la biodiversité et les ressources naturelles, le mode de gestion des troupeaux, la communication avec les consommateurs, l’embauche de stagiaires, l’utilisation limitée de concentrés… Un minimum de 50 points est exigé pour bénéficier des aides.

Markus et Lucia comptabilisent 69 points au vue de leurs pratiques très respectueuses de l’environnement. Ils  bénéficient également d’aides de l’association pour la production de lait à l’herbe, à hauteur de 100 euros par hectare.

Association IP Suisse
Le système de Markus et Lucia semble simple et cohérent optimisant les produits et les charges. Les efforts des éleveurs sont récompensés par les aides de l’association IP-Suisse ce qui rend le système très rentable. (©Btpl/ Edf)

 

Données 2013, source European Dairy Farmers

Markus et Lucia (Suisse)

Réseau European Dairy Farmers Europe

Productivité des terres kg lait/ha

10.400

14.000

Productivité du travail kg de lait par h de travail

124

198

Quantité de concentrés en g/kg de lait

108

316

Charges opérationnelles €/1.000 kg

103

196

Charges liées aux terres €/1.000 kg

109

32

Total charges €/1.000 kg (incluant les charges calculées : travail des associés, terres en propriété et la rémunération des capitaux)

629

493

Total produits €/1.000 kg

711

439

Marge €/1.000 kg

82

- 54

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
récolte d'herbe dans un champ

Les stocks d’herbe sont limités avant l’arrière-saison

Herbe

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