Le progrès génétique nous a permis des gains réguliers en production, permettant aux éleveurs dans ces systèmes de produire régulièrement 30 voire 35 litres/VL/j. Cela n'a jamais été un gage de rentabilité, en particulier dans les cas où on achète le lait à grands coups de concentrés industriels. Heureusement, il existe des élevages ne travaillant qu'avec des produits de la ferme et des matières premières simples. Coup d’œil sur ces rations assurant une belle marge.
Commençons dans l’ordre : il n’y a aucun hasard. Un troupeau qui tourne à 35 litres est un troupeau qui fonctionne bien, avec un éleveur qui gère bien tous les éléments importants. La plupart du temps d’ailleurs, aller visiter ce type de troupeau est assez "décevant" car il n’y a pas de produit magique, ni d’idée incroyable à piquer, seulement de très bons fondamentaux.
Premier point : un troupeau qui vieillit bien
La génétique nous amène des vaches laitières à haut potentiel, avec du coffre, qu’il faut faire durer dans le temps. À 2,2 lactations par vache en moyenne, on a un troupeau trop jeune, et qui donc n’est pas à son pic d’expression potentiel.
Il faut donc bien élever nos génisses, et très bien traiter nos taries. Pas d’impasse non plus sur des fibres de bonne qualité, et bien ingérées dans vos rations. C’est dans sa 4e lactation qu’elle exprime tout son potentiel !
Les conditions de logement sont toutes aussi importantes. Couchage, ventilation, temps de repos, santé des pieds... Tous ces aspects sont essentiels. Et petit rappel : l'eau est primordiale. Une vache peut consommer plus de 150 litres par jour.
Des fourrages de qualité et des matières premières simples et nobles
Pour revenir aux rations, les deux principaux points sont :
- Des fourrages d'excellentes qualités : riches et peu encombrants sont les caractéristiques nécessaires à ce type de ration. Il faut que les vaches puissent ingérer en grandes quantités, et bien digérer ces fourrages. Les valeurs élevées, une grosse DMO, et une excellente conservation sont gages de réussite. Un gros niveau de NDF, un faible niveau d’énergie ou des taux de MS extrêmes rendront le challenge impossible.
- Des matières premières simples et nobles : pas de place pour des coproduits à faible valorisation, seules les meilleures matières premières sont admises dans ces rations. La liste n’est pas exhaustive, mais elle restera courte : tourteau de soja, tourteau de colza, tourteau de lin, maïs grain ou humide, orge, pulpe de betterave déshydratée, coque de soja, corn gluten, wheat-feed, et les matières grasse hydrogénées (palme) ou du lin extrudé. On évitera les brisures et autres balayures, le tourteau de tournesol, le tourteau palmiste, bref tout ce qui ressemble à un ingrédient bas de gamme.
Avec de très bons fourrages, des matières premières nobles, et une ration bien dosée, nous mettons tous les éléments en place pour exprimer le lait et les taux du troupeau. Si les vaches vont bien, elles reproduisent et durent. Si elles reproduisent, le stade de lactation reste bas, et donc on a du lait, etc.
Des exemples de rations
Regardons maintenant dans les détails plusieurs rations simples qui fonctionnent très bien à ces niveaux de production :
Gaec Nord Vendéen (85) :
Ration 51,8 kg brut, 0,92 UFL/kg MS, 12,5 % MAT, 18 % CB, 22,5 % amidon | |
Ensilage maïs 36,6 % MS, 0,96 UFL, 7,8 % MAT, 31,9 % amidon, 73,8 % DMO | 34 kg |
Ensilage 50 % RGI 50 % méteil 30 % MS, 0,88 UFL, 16 % MAT, 24 % CB | 13 kg |
Tourteau soja 48 | 1,2 kg |
Tourteau de colza | 1 kg |
Paille blé | 1 kg |
Maïs farine | 1 kg |
Minéral | 370 g |
Sel marin | 80 g |
Argile bentonite | 100 g |
En moyenne : 1,8 kg de tourteau de soja et 3 kg de VL au robot /VL/j | |
VL au robot en pourcentage | |
Tourteau soja 48 | 12,5 % |
Tourteau colza | 12,5 % |
Maïs | 25 % |
Orge | 25 % |
Coques de soja | 25 % |
Cet élevage travaille depuis de nombreuses années de manière simple et très performante. Le troupeau de 130 VL est régulièrement à 35 l ou plus au robot. La qualité et la santé suivent également. L'efficacité alimentaire est > 1,6 et la marge journalière par vache > 11 € (lait produit - alimentation)
Gaec Fontis (01) :
Ration (kg brut/VL/j) 0,95 UFL/kg MS, 16,1 % MAT, 16,3 % CB, 19,9 % amidon | |
Ensilage maïs 36,8 % MS, 0,93 UFL, 7,8 % MAT, 30,9 % amidon, 72,5 % DMO | 22 kg |
Carottes | 15 kg |
Enrubannage RGI 51 % MS, 13 % MAT, 0,93 UFL et 6,2 % sucres | 9,5 kg |
Ensilage épi 65 % MS | 3,5 kg |
Tourteau colza | 2,6 kg |
Tourteau soja expeller gras | 2,1 kg |
Orge aplatie | 1,5 kg |
Foin luzerne 2019 | 1,5 kg |
Enrubannage luzerne 55 % MS | 1,2 kg |
Minéral 0,7/12,7/1,8 | 450 g |
95 à 100 Montbéliardes à 35 litres avec 40,5 TB et 35 TP, 200 000 cellules. La ration est très diversifiée et avec uniquement des bons ingrédients, dont le maïs épis et le tourteau de soja gras riche en énergie. Du coup, pas besoin de forcer en azote soluble, comme souvent la clé c’est concentration en énergie ET ingestion. Ces deux qualités se retrouvent dans toutes les excellentes rations !
Rations complètes vues en Italie :
Lors du dernier voyage d'étude en Italie, nous avons vu des rations complètes à haut niveau de production. Elles reprennent complètement l’esprit de ce que l’on vient de voir. On peut ajouter ces points communs :
- Génétique : recherche de vaches à gros gabarits, en particulier au niveau poitrail, synonyme de capacité d’ingestion et d’un cœur puissant et endurant « pour emmener du lait » ;
- Bâtiments systématiquement isolés en toiture, ouvrables sur les côtés, avec de l’eau disponible en grande quantité et une majorité de logettes creuses très confortables. Des vaches à 35 litres ne pardonnent pas des étés chauds mal gérés ;
- Rations : des ensilages de maïs typés dentés pour l’énergie, et pour la protéine des ensilages de RGI bien boostés à l’azote et irrigués dans le secteur visité. Bien sûr, la luzerne et même le méteil ont toute leur place dans ces rations. Le maïs grain est plutôt apporté sec et broyé fin. Enfin, rien de neuf en tourteau sauf peut être la graine de coton qui apporte protéines et matière grasse.
Au final, on trouve des rations très denses en énergie (>0,95 UFL/kg MS), à gros niveau d’ingestion, et des fibres appétentes, respectant les normes Penn State, même si visuellement elles nous ont paru coupées courtes. La clé des VLHP reste vraiment l’énergie, et la capacité à l’emmener sans mettre les vaches en acidose.
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