« La distribution d’un kilo de concentré de production de type VL 2 litres ou VL 3 litres permet-elle véritablement une production supplémentaire de deux ou trois litres par vache, comme son nom l’indique ? »
Non. Au-delà d’une ration équilibrée à 95 g de PDI/UFL,la production supplémentaire sera au mieux de 0,9 litre de lait par kilo de concentré de production. C’est ce qu’ont établi les essais menés par la ferme expérimentale de Trévarez (Finistère) de 1998 à 2003. Ceux réalisés de 2011 à 2014 le confirment et mettent en évidence que le système fourrager avec plus ou moins d’herbe pâturée n’interfère pas dans cette réponse. Elle est de 0,9 litre, que ce soit pour 25 ou 40 ares de pâturage par vache. Il en est de même pour les primipares et les multipares, ce qui va à l’encontre de l’idée répandue d’en distribuer un peu plus pour soutenir la lactation des primipares.
L e stade de lactation a-t-il une incidence sur la réponse au concentré de production ? Là encore, non. De 2011 à 2014, Trévarez a également testé des apports de concentré de production à différents stades de lactation : 2 à 4 mois, 5 à 7 mois, 7 à 9 mois et 8 à 11 mois (pour les intervalles vêlage-vêlage de 18 mois dans ce dernier cas). Dans tous les cas, elle est identique : 0,5 litre/kg de concentré. Cet essai est conduit sur des prim’holsteins aux lactations persistantes. En fin de lactation, elles continuent d’orienter l’énergie fournie par le concentré vers la production. Continuer à en distribuer – en cohérence avec la ration de base équilibrée – peut donc s’envisager, à condition que le rapport économique prix du concentré/prix du lait le permette. En revanche, pour les normandes et montbéliardes en fin de lactation elles aussi avec une ration de base équilibrée couvrant leurs besoins, distribuer un concentré de production n’est pas recommandé. À ce stade-là, elles utilisent l’énergie pour fabriquer des taux plutôt que du lait et reconstituer leurs réserves corporelles. Elles risquent un état d’engraissement trop élevé au vêlage et des troubles métaboliques dans les jours et les semaines qui suivent.
Sur 0,95 UFL apportée, 0,32 UFL est transformée en lait
Pourquoi 1 kg de concentré de production ne fournit-il pas plus de lait ? Il apporte 0,95 UFL supplémentaire à la ration équilibrée à 95 g de PDI/UFL. Mais moins de la moitié est transformée en lait. L’Inra a montré que le concentré rentre en concurrence avec les fourrages proposés. Par un effet de substitution, la vache consomme moins de fourrages, ce qui représente, selon l’institut de recherche, une perte de 0,38 UFL. À cela, il faut déduire 0,15 UFL, résultat de l’interaction entre le concentré et les fourrages qui conduit à un « gaspillage » de l’énergie fournie par le concentré. Il faut également compter 0,10 UFL utilisée pour la reprise d’état corporel. Au final, sur 0,95 UFL fournie par 1 kg de concentré, il ne reste plus que 0,32 UFL pour la seule fabrication du lait.
L’effet du concentré de production sur la baisse de consommation des fourrages par les vaches est difficile à observer et à évaluer par les éleveurs. Sans doute est-ce pour cette raison que le ratio 1 kg de concentré/1 à 2 l de lait en plus reste ancré dans les esprits.
La meilleure digestibilité du maïs ensilage amoindrit-elle l’intérêt du concentré de production ? Elle favorise effectivement l’ingestion du premier aux dépens du second. La teneur en matière sèche du maïs joue également un rôle important sur la quantité consommée. Au final, c’est l’ingestion totale qui compte. Si les fourrages, le maïs mais aussi l’herbe conservée, sont de bonne qualité, comme c’est le cas cette année, mieux vaut s’appuyer sur une ration de base équilibrée à 95 g de PDI/UFL et distribuée à volonté, c’est-à-dire avec 5 % de refus, pour produire sa référence.
C’est encore plus pertinent si le prix du kilo de concentré est supérieur à celui du lait. Les derniers litres produits grâce au concentré ne doivent pas être antiéconomiques. À chacun de faire son calcul.
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