Le projet Albédo-prairies a permis de confirmer que grâce à l'effet albédo, les prairies peuvent avoir un effet refroidissant sur le climat. Pierre Mischler nous présente les principaux enseignements de ce projet Casdar Recherche Technologique, qui s'est achevé en 2023.
« L’herbe dans une rotation est un atout non seulement pour stocker du carbone mais aussi pour son effet albédo », explique Pierre Mischler, chef de projets dans le service Fourrages de l’Institut de l’élevage et responsable du projet Albédo-prairies. L’albédo correspond au pourcentage de lumière solaire réfléchie par une surface, sa valeur est située entre 0 et 1. 1 représente 100 % de lumière réfléchie. « Quand l’albédo d’une surface augmente, cela réduit la quantité d’énergie qui peut réchauffer le sol, l’atmosphère », poursuit l'ingénieur. Un sol nu en France a un albédo généralement faible, compris entre 0,10 et 0,15, quand une prairie se situe entre 0,20 et 0,25. Comme elle réfléchit plus de lumière, elle a donc un effet « refroidissant » par rapport au sol.
Le projet a permis de mesurer l’évolution de l’albédo sur 7 prairies réparties en France, tout au long de l’année. « L’albédo est plus élevé au printemps et en automne, il y a plus de quantité d’herbe et on voit moins le sol. Il diminue en général l’été car il y a moins d’herbe du fait des sécheresses, canicules… »
La fauche et le pâturage réduisent temporairement l’albédo
Autre enseignement de cette étude : la fauche et le pâturage atténuent un peu l’effet refroidissant mais cela reste inférieur à l’effet prairie en tant que tel.
La fauche d’une prairie engendre en effet une diminution de l’albédo de 20 % après le passage de la faucheuse, il commence à remonter deux semaines après, avec la repousse de l’herbe. L’albédo initial est récupéré un mois après la fauche.
Le pâturage a un effet plus modéré que la fauche sur l’albédo. La récupération de l’albédo initial s'effectue en moyenne 24 jours après le pâturage. La baisse est fonction du chargement des animaux : un chargement instantané supérieur à 40 UGB/ha/j aura tendance à laisser du sol nu plus longtemps, le temps que l'herbe repousse.
« Si on veut préserver l’albédo d’une prairie, il faut donc faire très attention à ne pas la surpâturer, particulièrement pour les prairies fragiles si des conditions sèches sont prévues dans les jours à venir », conseille Pierre Mischler.
Couvrir ses sols et faire attention au chargement
La prairie a bien un effet refroidissant sur le climat, qui est d’autant plus fort que les jours sont longs. Plus on a de soleil, plus il y a de rayonnement et de rayonnement réfléchi, et donc la quantité d’énergie renvoyée est élevée.
« La quantité moyenne d’énergie renvoyée dans les sept prairies étudiées par rapport à un sol nu est de - 8,5 Watt/m2 » explique Pierre Mischler. En convertissant l'énergie (Watt/m2) en équivalent CO2, pour pouvoir se comparer aux émissions de gaz à effet et de serre et au stockage de carbone, il s’avère qu’une prairie a un effet refroidissant comme si l'on retirait - 1 400 kg eq CO2 par rapport à un blé d’hiver (qui couvre le sol une partie de l'année) et - 1 800 kg eq CO2 par rapport à un sol nu.
Autre constat : plus il y a d’herbe dans un assolement, plus son albédo augmente. Si les systèmes 100 % cultures présentent des albédos importants au printemps quand les végétaux se développent, ils baissent avec la récolte et avant le semis. « Quand on passe d’un système 100 % cultures (albédo de 0,16) à un 100 % herbe (albédo de 0,24), on retire en termes de bilan d'énergie, l'équivalent de 1 439 kg eq CO2/ha/an. Dans une ferme d’élevage (simulation pour les Pays de la Loire), ajouter 10 % d’herbe dans un assolement, c'est l'équivalent en énergie de - 144 kg eq CO2/ha/an », explique l'ingénieur.
Au final, dans un système élevage, pour accroître l’albédo, il faut couvrir un maximum ses sols. Augmenter les surfaces d'herbe est le levier le plus important. Puis favoriser les couverts intermédiaires et préserver ses prairies en limitant le chargement des plus fragiles viennent en complément.
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