La fédération Eliance issue du rapprochement entre Allice, l’union des coopératives de sélection génétique et France conseil élevage en avril 2022, accueillait le 31 mai une table ronde autour des enjeux de l’adaptation du secteur face au changement climatique. Les consignes de la Cour des comptes du 22 mai sur la réduction des émissions de l'élevage avaient déjà suscité une levée de boucliers et des réactions au plus haut niveau de l’État. Élisabeth Borne avait alors notamment apporté son soutien au secteur en affirmant que « l’élevage a un avenir dans le pays », avant de citer les effets bénéfiques de cette activité sur l’environnement.
Le constat de la méconnaissance de l’élevage
C’est précisément dans cette direction que s’est orienté le débat engagé lors des tables rondes d’Eliance. « Ce qu’on entend part souvent d'une incompréhension, d’une méconnaissance. Pour faire face aux idées reçues sur l’élevage, il faut faire de la pédagogie, trouver pourquoi on en est arrivés à cette méconnaissance, et cette incompréhension, savoir comment on peut corriger la perception des citoyens », suggère ainsi Dominique Chargé, président de la Coopération agricole.
L’agriculture a indéniablement contribué au phénomène de réchauffement climatique. Le secteur était responsable de 19 % des émissions de GES en 2017, constituées principalement de méthane (45 %) et de protoxyde d’azote (42 %) liés à l’élevage, selon une étude du Citepa. Néanmoins, lors de cette conférence à l’initiative de la fédération des éleveurs, l’accent a également été mis sur le rôle positif qu'aurait cette activité sur l’environnement. Il s’agissait ainsi d’aborder le sujet sous un angle qui serait moins réducteur et d’évaluer l’ensemble des effets du secteur sur le changement climatique.
« Notre élevage joue un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité, le maintien des paysages et la vitalité des zones rurales », assure ainsi la député européenne Irène Tolleret.
Les acteurs de la filière opposent d'ailleurs à la recommandation de réduction du cheptel français, l'argument des « émissions importées. »
Nous devons nous poser collectivement une question majeure. Est-ce que nous voulons plutôt consommer de la nourriture produite par des agriculteurs français et européens dont nous maîtrisons les techniques de production ou acceptons-nous d’importer davantage des pays tiers pour lesquels nous ne les maîtrisons pas ? Qui dit réduction du cheptel, dit davantage d’importations », poursuit ensuite la député européenne.
Un secteur engagé dans la transition agroécologique
« L’élevage est conscient et acteur, des marges de progrès existent et les initiatives sont nombreuses pour trouver des solutions », affirme d’emblée Dominique Davy, président d’Eliance.
Le groupe met notamment en avant les travaux de recherche effectués pour réduire les émissions de méthane des bovins. Le potentiel de réduction s’établirait entre 20 à 50 % en actionnant divers leviers. La fédération évoque notamment les additifs alimentaires, les rations (10 à 15 %), la sélection génétique (10 %) ou encore la conduite optimale du troupeau avec l’amélioration de la longévité des vaches laitières. Cette recherche d’efficience peut même amener à « réduire les périodes improductives en améliorant la précocité sexuelle et le développement des bovins » selon Eliance.
L’outil Cap’2ER, logiciel de Calcul Automatisé des Performances Environnementales en Elevage de Ruminants, permet enfin depuis 2015 de mieux évaluer l’empreinte carbone du secteur et de déterminer les actions à mener en vue de réduire ses émissions de GES.
« Beaucoup de décisions politiques se prennent à l’émotion, au sondage à l’audimat et ne se basent pas sur la science. Ce dont nous avons besoin, c’est de quantifier les émissions, ce qu’on peut réduire », renchérit Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA. « Dans le rapport d’orientation de la FNSEA de 2020, je retiens surtout ce chiffre, – 23 % d’émission de gaz à effet de serre pour un litre de lait produit en 15 ans », conclut la syndicaliste.
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