La traite est aussi un travail d’équipe

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Hygiène. Le défaut de propreté d’un trayeur peut provoquer une épidémie de mammites cliniques.

Lorsque les méthodes des différents trayeurs intervenants dans un élevage sont hétérogènes, le risque de survenue d’un problème sanitaire augmente.

Fin novembre 2021, une éleveuse bretonne nous a alerté sur une vague de mammites cliniques  : en deux semaines, 8 vaches sur 84 avaient développé cette infection, soit une incidence d’environ 10 % depuis le début de l’épidémie. Or, le seuil d’alerte d’incidence mensuelle est de 5 %. La situation justifiait donc notre intervention. D’autant plus qu’habituellement, la santé mammaire de ce troupeau est bonne avec, avant le début de l’apparition du problème, une incidence annuelle des mammites cliniques de 18 % (objectif : < 20-25 %), et plus de 85 % des comptages inférieurs à 250 000 cellules/ml.

Des trayons sales après la préparation des trayons

Six mammites sur huit s’étaient déclarées à plus de trente jours de lactation. Il s’agissait principalement de nouvelles infections, dont la sévérité allait de bénigne (modification du lait uniquement) à sévère (mammites avec atteinte de l’état général).

Cette situation a motivé une visite d’élevage, qui a débuté par une inspection de la traite.

Le jour de notre venue, deux trayeurs étaient présents. Le premier portait une tenue spécifique, propre, et des gants en latex neufs. Il s’était lavé les mains et veillait en permanence à leur propreté. Le second, trayeur occasionnel, était vêtu de sa combinaison habituelle d’élevage, d’une propreté douteuse, et ne portait pas de gants.

Par ailleurs, 57 % des mamelles étaient anormalement sales et 40 % des trayons présentaient, juste avant la pose des faisceaux, une note de propreté supérieure ou égale à 3 (voir tableau).

Le deuxième trayeur était moins rigoureux lors de la préparation des mamelles. Les autres anomalies remarquées lors de la traite ne représentaient pas de facteurs de risques importants pouvant expliquer l’épidémie.

L’épidémiologie des mammites réalisées en amont de la visite et les anomalies constatées étaient ainsi indicatives d’infections d’origine environnementale. Par ailleurs, neuf bactériologies ont été réalisées (deux avant la visite et sept après) à partir des laits de vaches infectées. Les résultats étaient variés : Escherichia coli (2 laits), Streptococcus uberis (3 laits), Serratia marcescens (1 lait), et trois analyses négatives. Associés à des antibiogrammes, ces résultats ont confirmé le caractère environnemental des infections.

Modification du protocole de traitement

Les mesures suivantes ont été conseillées pour améliorer l’hygiène de traite :

Insister sur l’extrémité des trayons lors de l’essuyage du produit de prémoussage.

Tondre les queues tous les trois mois et brûler les poils des pis toutes les six semaines.

La première mesure, mise en œuvre dès la traite suivante, s’est avérée efficace. La fréquence mensuelle des mammites cliniques est redescendue à moins de 2 % les mois suivants. Par ailleurs, les bactériologies et les antibiogrammes ont mis en évidence l’inadaptation du traitement habituellement appliqué pour les mammites. Nous l’avons modifié en optant pour l’association céfalexine–kanamycine pendant quatre jours, en première intention. La probabilité de guérison a ainsi nettement augmenté.

Ce cas illustre l’importance de l’hygiène de traite pour la gestion de la santé mammaire, et le rôle du vétérinaire dans son évaluation. Il montre aussi qu’il est fondamental de former les trayeurs, qu’ils soient nouveaux ou occasionnels. Il démontre enfin l’utilité de la bactériologie du lait dans la gestion de la santé mammaire individuelle et de troupeau.

Propreté du trayon lors de la traite
Score Description
1 Absence de saleté
2 Trayon légèrement recouvert de saleté
3 Trayon modérément recouvert de saleté
4 Grande quantité de saleté sur l’extrémité du trayon

- Pierre Sauvage

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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