Mammites : rechercher tous les facteurs de risque

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Check-list. Mettre de son côté toutes les chances de régler des cas de mammites implique d’établir une liste des facteurs de risque à vérifier.

En février, un élevage d’une centaine de holsteins en lactation nous demande de l’aide pour arrêter une épidémie de mammites qui dure depuis trois mois. Heureusement, le traitement mis en place, qui inclue un anti-inflammatoire injectable et un antibiotique intra-mammaire à base de cloxacilline, fonctionne bien. 19 mammites ont été guéries, sur 21 traitées. Comme à chaque fois dans cette situation, une check-list des facteurs de risque s’impose.

1. Que disent les données du contrôle laitier ?

Mon premier travail cible les données fournies par le contrôle laitier. Cela donne une idée sur la conduite alimentaire. L’absence de taux inversés (TB/TP) et un écart d’au moins 3 points entre le TB et le TP sur plus de 80 % du troupeau m’indiquent qu’il est peu probable que les vaches soient en acidose ruminale. En revanche, des TB très élevés en début de lactation, avec des TP bas, signent un déficit énergétique en début de lactation. Cependant, les mammites ne touchent pas plus particulièrement les débuts de lactation. C’est donc, dans notre cas, un facteur de risque secondaire en matière de mammite.

2. Qu’indique le protocole de traite ?

Le déroulement de la traite met en évidence d’autres facteurs de risque :

L’absence de premiers jets, qui permettent une détection rapide et améliorent les chances de guérison. Mais dans notre cheptel, les guérisons sont bonnes !

Le peroxyde d’hydrogène, utilisé en spray après le passage des vaches à mammites, est mal élaboré et certainement peu efficace. Il est préparé pour plusieurs semaines !

De la graisse à traire est utilisée deux à trois fois par semaine à la place des produits de trempage. Elle n’a malheureusement aucune action désinfectante et pas d’effet barrière qui éviterait la contamination dans la litière

Les manchons trayeurs en silicone viennent seulement d’être changés, au bout de 18 mois et 7 500 traites, au lieu de 5 000 traites. C’est un gros facteur de risque, car les bactéries se logent dans des microfissures et peuvent se transmettre d’une vache à l’autre.

3. Le bâtiment au cœur du problème

Côté bâtiment, le risque majeur décelé ici vient de l’échauffement de la litière. La température y oscille de 38° à 57°. À ce niveau, la litière est un bouillon de culture, entre autres pour E. Coli et Streptocoques Ubéris.

4. Que nous disent les vaches ?

L’état corporel des vaches est correct en moyenne , elles ruminent bien, leurs rumens sont pleins, le poil est beau. Seules les primipares en début de lactation maigrissent un peu trop, ce qui peut affaiblir leur système immunitaire et favoriser les mammites. Le manque de place au cornadis peut aggraver ce phénomène car les primipares sont généralement dominées.

Les recommandations appliquées

Dans cet élevage, l’ensemble des recommandations visant à maîtriser les facteurs de risque se sont résumées à :

Surveiller la température de la litière, et curer dès qu’elle atteint 38 °C.

Mettre un produit de post-trempage à effet barrière après chaque traite (attention, filmogène ne veut pas dire barrière).

Arrêter la graisse à traie.

Changer les manchons trayeurs toutes les 5 000 traites.

Limiter la taille du troupeau de façon à ne pas dépasser le nombre de place à l’auge

Préparer le péroxyde d’hydrogène à froid chaque jour, afin de garantir son efficacité.

Une fois ces conseils mis en œuvre, la situation dans le cheptel s’est rapidement améliorée et la vigilance des éleveurs permet depuis de maîtriser les facteurs de risque. Bien sûr, ces derniers diffèrent d’une année sur l’autre, et évoluent en fonction du bâtiment, de l’alimentation, de la traite. Mais il faut, à chaque fois qu’il y a un problème, chercher ce qui permet aux pathogènes de se développer et ce qui amoindrit l’immunité des vaches, c’est-à-dire diminue leur capacité à s’autoguérir

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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