Une visite pour un problème respiratoire sur une génisse, rien de très surprenant en cette période où les fortes variations de température et d’hygrométrie entraînent de nombreux cas de pneumonie dans notre clientèle. Et la génisse en question s’avère vraiment essoufflée. Elle n’a pas de fièvre mais l’auscultation respiratoire révèle des bruits typiques de pneumonie, et l’éleveur me dit qu’il l’a entendue tousser. Il m’indique aussi une deuxième génisse, qui, elle, présente de la fièvre mais des bruits respiratoires moins marqués.
Plusieurs génisses du lot toussent
Il me dit également que dans le même lot, plusieurs autres génisses toussent depuis quelques jours. Bien que ce ne soit pas le plus probable à cette saison, je pense tout de même à la bronchite vermineuse, qui est provoquée par un strongle pulmonaire. Ce parasite se développe dans les voies aériennes des bovins et entraîne toux, amaigrissement, fièvre, pneumonie, œdème pulmonaire et parfois séquelles respiratoires voire mort par asphyxie. Les symptômes se déclarent généralement en début d’été, mais ces dernières années, avec le réchauffement climatique, les premiers cas de bronchite vermineuse peuvent apparaître dès le printemps, et jusqu’à la fin de l’automne en cas de contamination massive. En effet, des conditions climatiques chaudes et humides sont très favorables à la multiplication parasitaire, les hivers doux permettant la contamination résiduelle des pâtures et les épisodes orageux, lors de fortes chaleurs estivales, favorisant la persistance du parasite dans les parcelles et la reprise des infestations.
La coproscopie détecte la présence de larves de strongles pulmonaires
Il faut donc considérer l’hypothèse de bronchite vermineuse lors de toux collective chez les bovins au pâturage, en particulier chez les jeunes, plus sensibles, mais aussi chez les adultes, car l’immunité n’est que peu durable et les récidives sont fréquentes dès que la charge parasitaire devient trop élevée.
Le diagnostic s’effectue par coproscopie. Je prélève des bouses des deux génisses malades afin de confirmer ou non l’hypothèse de bronchite vermineuse. Les bouses doivent être prélevées sur des animaux qui toussent depuis peu de temps, si possible les plus jeunes, et l’analyse doit être réalisée rapidement pour pouvoir retrouver des larves encore vivantes. Dans ce cas, la coproscopie s’est révélée positive, mais un résultat négatif ne signifie pas forcément que le bovin n’est pas contaminé. Il faudra cependant envisager dans ce cas les autres causes de problème respiratoire : passage viral, infection bactérienne, ehrlichiose, etc.
Attention à la reprise de contamination l’année prochaine
Vermifuger.
Lors de bronchite vermineuse, le traitement passe par la vermifugation, qui, selon le contexte, peut concerner soit seulement les bovins atteints en début d’évolution (traitement sélectif), soit tous les bovins du lot.
Rotation des parcelles pâturées.
Une bonne gestion du pâturage, avec une rotation des parcelles adaptée, éventuellement associée à un traitement antiparasitaire préventif ciblé, permettra de maintenir une faible charge parasitaire et de développer une immunité suffisante pour prévenir l’apparition d’épisodes cliniques.
Prévention antiparasitaire au printemps prochain.
L’existence de bovins porteurs sains, c’est-à-dire infectés sans manifester de signes cliniques, rend l’infestation pérenne dans un cheptel et la reprise des contaminations reste possible chaque année, dès que les conditions météorologiques sont favorables. Une prévention antiparasitaire sera donc généralement nécessaire en début de saison de pâture dans les troupeaux ayant déjà connu des épisodes de bronchite vermineuse les années précédentes.
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