Conséquences. Une suite d’erreurs alimentaires peut provoquer la mort en quelques heures.
Les solutions pour remédier à un problème d’élevage ne se trouvent pas forcément dans une seringue. Le bon sens, l’observation des animaux et de leur milieu sont la base. Témoin ce cas récent.
Un éleveur nous appelle pour deux jeunes génisses de 6 et 8 semaines frappées de coliques soudaines en milieu d’après-midi. Deux heures plus tard, elles sont mortes. La veille, elles ne présentaient aucun symptôme et avaient jusque-là une croissance normale. L’autopsie réalisée révèle des lésions d’entérotoxémie sur l’une et d’entérite sur l’autre. L’urgence est alors d’en comprendre la cause pour éviter de nouveaux cas.
Rien d’anormalsur le papier
De prime abord, rien ne semble « clocher ». Les génisses sont élevées dans un petit lot de sept, dans un abri fait de bottes de paille sur trois côtés, un toit et un parcours dehors. Le paillage est abondant et le confort assuré. Elles disposent d’un bac d’eau, d’une pierre à lécher à base de sel, d’argile en libre-service, de paille de bonne qualité dans un râtelier facile d’accès, et d’une auge avec un aliment fermier à volonté en libre distribution. L’aliment fermier est fait de céréales, pulpe, tourteau et luzerne déshydratée. Tout devrait fonctionner donc. Mais en y regardant de plus près, plusieurs détails nous interpellent. Ils peuvent expliquer les symptômes et ces deux morts subites.
Trois facteurs de risque de colique et entérotoxémie
Le fond du récipient contenant de l’eau a une odeur putride.
En faisant le tour de la case, une zone où la paille avait pris l’humidité est moisie et mangée partiellement par les veaux.
L’aliment en libre-service a été trié. Il ne reste plus que le tourteau au fond de l’auge.
Réunis, ces trois éléments peuvent entraîner colique et entérotoxémie.
L’eau est l’aliment principal du rumen et il n’y a pas de digestion optimale sans eau propre en quantité abondante. Le seul fait de nettoyer quotidiennement, au lieu de tous les quinze jours, les abreuvoirs d’eau des veaux conduits en lot permet d’augmenter leur GMQ de 5 à 10 %.
Toute douleur abdominale entraîne un comportement de Pica . Le veau se met alors à lécher tout et n’importe quoi (barre, fumier, paille pourrie…), ce qui peut conduire à des proliférations bactériennes dans l’intestin et à la mort.
Le tri d’un aliment fermier est catastrophique au niveau du rumen. Si les veaux mangent certains jours des céréales, ils se mettent en acidose ruminale, entraînant diarrhées et comportement de Pica. Et le lendemain, en consommant le tourteau restant, ils risquent une alcalose, voire une entérotoxémie. Dans l’élevage en question, l’aliment fermier est bien équilibré sur le papier : un quart de céréales, un quart de tourteau de soja, un quart de pulpe déshydratée et un quart de luzerne déshydratée. Ce mélange consommé de façon homogène ne pose pas de problème.
Les remèdes
Les modifications faites dans le lot pour éviter tout autre souci ont été assez simples.
Le bac à eau est désormais nettoyé à fond toutes les semaines.
La paille avariée a été enlevée.
L’aliment est aussi rationné et distribué tous les jours pour forcer la consommation de tous les éléments du concentré par les veaux. Le rationnement ainsi mis en place a stoppé le phénomène de tri et les veaux ont vidé l’auge tous les jours.
Ce phénomène de tri est observé de façon inégale en fonction des lots de veaux et difficile à expliquer.
Cependant, il faut trouver des solutions pour y remédier car il entraîne des instabilités catastrophiques au niveau du rumen.
Sa flore ne supporte pas les changements trop importants et les papilles sont brûlées par les acides produits. La croissance du veau peut en être très affectée et sa carrière également. L’impact du GMQ du veau de 0 jour au sevrage est trois fois plus important que l’index génétique sur la production laitière de la future vache…
De quoi faire réfléchir.
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