«Je suis surpris. J’attendais une montée des attentes sur le bien-être des animaux. Je ne pensais pas qu’elle serait aussi forte », confie l’historien Éric Baratay, de l’université Lyon 3, au colloque sur la relation homme – animal organisé à Nantes, mi-octobre, par le Laboratoire d’innovation territorial (LIT) Ouest Territoires d’élevage. « Rentrer en résistance sociétale serait une impasse, poursuit-il. Les éleveurs se sont toujours adaptés. Ils le feront encore. » LIT Ouesterel n’est pas une initiative de plus sur le bien-être animal. Son chef de file est l’Inrae, qui a l’écoute des pouvoirs publics. Il rassemble un certain nombre d’acteurs du Grand Ouest : des éleveurs et industriels, par exemple via les coopératives Terrena et Eureden, les distributeurs Carrefour et Système U, les instituts techniques ou encore les ONG welfaristes dites « réformistes ». Le premier objectif est que ces acteurs aux intérêts divergents… se parlent. Visiblement, il a été rempli au colloque.
Le deuxième – c’est le plus important pour les éleveurs – est l’élaboration de référentiels de la ferme à l’abattage. Le chantier pour les bovins va débuter en 2022. « Il intégrera les références déjà existantes telles que l’évaluation Boviwell du Cniel, indique Romain Piovan, du LIT, mais cela n’empêche pas de se réinterroger sur les pratiques. »
Par exemple, sur le sujet délicat de l’écornage. « L’exercice consiste à faire un pas de côté et de se demander s’il est indispensable pour la sécurité de l’éleveur et de ses animaux. S’il était arrêté, comment pourrait-on la gérer différemment ? » dit-il pour illustrer la méthode de LIT Ouesterel.
Le veau entend l’éleveur in utero
Le bien-être animal est en train de sortir du champ idéologique car il est désormais mesuré à partir de paramètres scientifiques. Les interactions dites « positives » entre l’éleveur et ses animaux que la recherche met en évidence ouvrent des perspectives, et cela dès la gestation puisque le veau entend l’éleveur in utero. S’appuyer sur leur capacité d’apprentissage simplifie la conduite du troupeau. De même, des vaches calmes produisent plus de lait que des vaches stressées : +19 % selon une étude de 2000 qui, pour l’Inrae, est toujours d’actualité.
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