
À la suite du départ de leur associé en 2020, Emmanuel et Muriel Bois ont entrepris de revoir leur organisation pour alléger leur charge de travail. Le couple d’éleveurs a embauché un salarié à mi-temps et arrêté l’engraissement des bœufs. En 2021, ils diminueront leur production laitière.
Troisième génération à la tête de la ferme de Montreteau, Emmanuel Bois s’installe en Gaec avec ses parents en 1992. Il a repris pour cela des études agricoles, après une formation en ébénisterie. Son épouse, Muriel, quitte la restauration, après y avoir exercé son activité une quinzaine d’années, pour s’associer à lui en 2003. Dans la foulée du départ à la retraite du père puis de la mère d’Emmanuel, son frère, Alain, les rejoint en 2009. « Travailler à trois sur cette exploitation était bien adapté, constatent Emmanuel et Muriel. Nous étions à l’aise, nous pouvions nous rendre disponibles dans la semaine et prendre chacun deux ou trois semaines de vacances par an. Quand nous nous sommes retrouvés à deux au début de l’année 2020 après le départ d’Alain, cela a été difficile en charge de travail. » Par chance, au cours de cette année scolaire, la ferme accueille pendant plusieurs semaines un stagiaire en formation BP REA. Satisfait de son travail, le couple lui propose de rejoindre l’exploitation. C’est ainsi que Paul, 21 ans, devient, selon son souhait, salarié du groupement d’employeurs départemental de la Sarthe (GED 72), consacrant un mi-temps au Gaec de Montreteau. Il travaille par ailleurs sur d’autres fermes, dont celle de ses parents, éleveurs de vaches allaitantes, située à proximité.
Un diagnostic pour simplifier le travail
Soulagés d’avoir trouvé rapidement une solution, Emmanuel et Muriel ne s’arrêtent toutefois pas là. « Nous avons sollicité Seenovia pour réaliser un diagnostic, car nous souhaitions repenser plus globalement notre organisation. Notre but a toujours été de simplifier le travail de façon à être capable de bien faire les choses, et pouvoir assurer si l’un d’entre nous tombe malade. Nous voulions lever un peu le pied et nous avions besoin d’un avis extérieur. »
Consultant en projets et stratégie pour Seenovia, Jean-Luc Romejon rencontre les éleveurs en juin 2020. Avec eux, il estime un temps de travail global sur l’exploitation de 6 800 heures, soit 2 280 h/UMO avec trois associés. « Le diagnostic a permis de nous conforter dans la nécessité d’embaucher un salarié, mais aussi de réduire le nombre d’animaux pour revenir à un temps de travail équivalent. Nous avons donc décidé d’arrêter l’engraissement des bœufs et de diminuer la production laitière. » L’exploitation a compté jusqu’à 60 bœufs. Les dix derniers, âgés de 25 mois, quitteront l’exploitation avant l’été. « Cette production avait de bons côtés, reconnaissent les éleveurs. Nous avions de la place, de la main-d’œuvre, des prairies à exploiter. Cela ne nous coûtait pas trop cher et permettait une entrée de trésorerie deux fois par an. »
Un véritable partenariat avec la laiterie Bel
Concernant la production laitière, le couple n’a pas complètement tranché l’objectif de vaches à atteindre, entre 65 et 60. Actuellement, la traite du matin et les soins aux veaux sont assurés par Muriel entre 6 h 15 et 9 heures, pendant qu’Emmanuel gère l’alimentation et la litière des vaches et des génisses. La traite du soir est faite en binôme de 16 heures à 18 heures. Passer de 70 à 60 vaches permettrait de gagner environ une heure le matin et une demi-heure le soir.
« Actuellement, le lait représente 70 % de notre marge globale, indique Emmanuel. Notre ambition est de produire un lait de qualité, avec des taux protéique et butyreux élevés, sans trop pousser le niveau de production. C’était la stratégie de mes parents et nous l’avons poursuivie. Nous avons aussi la chance de travailler en véritable partenariat avec la laiterie Bel qui nous rémunère correctement. »
Pour répondre aux besoins de la laiterie, les vêlages s’étalent tout au long de l’année. Les éleveurs ont investi en 2020 dans un détecteur de chaleurs, facilitant la programmation de la reproduction. Ils gagnent ainsi du temps et améliorent la réussite de l’insémination. Emmanuel a par ailleurs rénové la nurserie cette année, avec l’aide de son salarié, afin que le bâtiment soit plus lumineux, plus grand et plus fonctionnel. Le plancher en hauteur permet de stocker la paille et de faciliter le travail.
Le choix de l’enrubannage pour maîtriser la qualité
Il prévoit d’agrandir et de refaire le sol et les murs de la laiterie afin de rendre la pièce plus agréable.L’alimentation quotidienne des vaches se compose d’une ration à base de maïs (de 7 à 15 kg en fonction des saisons), de pulpe de betterave déshydratée en bouchons, d’enrubannage en libre-service, de minéraux et bicarbonate.
Les éleveurs ont opté pour la conservation de l’herbe fauchée sous forme d’enrubannage plutôt qu’en ensilage, afin d’assurer une meilleure maîtrise du stade jeune du fourrage et par conséquent une richesse en protéines plus élevée.
L’hiver, les laitières mangent un complément de pulpe de betterave surpressée (voir encadré), alors qu’au printemps et, dans une moindre mesure, l’été et l’automne, c’est l’herbe pâturée qui complète leur ration.
« L’accès au pâturage est libre de mars à octobre »
Une vingtaine d’hectares sont réservés aux vaches laitières (sept parcelles, deux à trois jours par parcelle) et autant aux génisses, autour du siège de l’exploitation. « Du mois de mars au mois d’octobre, l’accès au pâturage est libre, précise Emmanuel. En été, elles sortent en général le matin et la nuit pour éviter la chaleur. » Avec plus de 150 jours de pâturage dans l’année, les éleveurs ont droit à la prime de 6 €/1 000 l prévue par Bel, à laquelle s’ajoutent 15 €/1 000 l pour le choix d’un correcteur azoté sans OGM (tourteau de colza). Ce dernier est mélangé à l’orge produite sur l’exploitation et stockée par Agrial, dans le cadre d’un échange céréales-aliments. Côté cultures, Emmanuel et Muriel cherchent également à alléger leurs tâches. L’enrubannage, les moissons et l’ensilage de maïs sont assurés par la Cuma en prestation complète avec chauffeur. « En 2020, nous avons également délégué les semis de maïs, qui ont lieu en même temps que la fauche de l’herbe, ainsi que les semis de colza, entrant désormais en concurrence avec les chantiers d’ensilage de maïs de plus en plus précoces. Nous nous posons aussi la question de déléguer l’épandage des fumiers et lisiers. »
« Économiquement, nous pouvons descendre à 60 vaches »
À la suite du départ du troisième associé début 2020, le Gaec de Montreteau devrait en 2021 retrouver davantage de sérénité quant à la charge de travail, grâce au salarié présent deux ou trois jours par semaine (en alternance une semaine sur deux), à la délégation de travaux, et à la réduction progressive de l’effectif d’animaux. « Économiquement, nous pouvons descendre à 60 vaches, mais nos annuités sont encore élevées en raison du rachat des parts d’Alain et de l’achat d’un nouveau tracteur. Dans trois ans, elles diminueront fortement et nous y verrons plus clair. Il faudra aussi préparer notre transmission car nos deux enfants ne souhaitent pas prendre la suite. Notre exploitation permettrait l’installation de deux jeunes éleveurs. »
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