Esthétique, ambiance et prix : ils ont opté pour la stabulation bois

Après une reprise d'exploitation, Damien Durocher et son frère Théo ont rejoint leur père en 2017 sur l'exploitation familiale faisant ainsi passer la référence laitière de 270 000 à 1,3 million de litres. Avec un tel changement, il a fallu pousser les murs de la stabulation, et même plus que ça : les trois associés ont opté pour une construction neuve.

« On a trait sur deux sites tout un hiver. Au printemps, on a rassemblé tout le monde au pâturage, puis les vaches ont intégré leur nouvelle stabulation à la fin de la saison 2018 », se souvient Damien Durocher. Les génisses et vaches taries ont quant à elles pris leurs quartiers dans l'ancien bâtiment.

Le Gaec a fait appel à l'entreprise Roiné pour la conception de son bâtiment. « Ils étaient réactifs, on était assez pressés. Et leur bureau d'étude nous paraissait vraiment sérieux. » Ils ont opté pour une stabulation bois de 2 300 m² (30 x 72 m) + une fumière en kit qu'ils ont montée eux-mêmes. Ci-dessous la vidéo de modélisation du projet :

Déjà en logettes dans l'ancienne stabulation, ils sont passés à 150 places (matelas + 4 kg de paille/j) en 4 rangées avec couloirs de circulation latéraux (béton rainuré et racleurs). Il y a donc deux tables d'alimentation dont celle à l'ouest sous appentis. Mais le bâtiment est totalement ouvert d'est en ouest, seuls les pignons et la nurserie sont bardés.

« Le bois, pas plus cher que le métal, même aujourd'hui ! »

Travaillant dans un bâtiment bois jusqu'alors, les éleveurs ont voulu conserver ce matériau pour leur nouvelle construction. « Les prix étaient similaires entre bois et métal à l'époque. C'était même un peu plus cher pour le métal », confie Damien Durocher. Pour le Gaec, le projet s'est chiffré à 530 000 € tout compris (bâtiment, fumière, fosse, nurserie, salle de traite), amorti sur 15 ans.

Sur ce coût global, l'entreprise Roiné a facturé 125 000 € de construction pure bois (bâtiment et charpente, pas la maçonnerie par exemple) + environ 40 000 € pour la fumière en kit. Les éleveurs ont autoconstruit une bonne partie de leur installation : bardage, logettes, éclairage, installation de traite...

On parle là d'un bâtiment construit en 2018, mais qu'en est-il aujourd'hui ? Jean-François Roger, chargé d'affaires pour l'entreprise Roiné avoue : « Il faut clairement compter 30 % de plus car les prix du bois et du fibrociment ont flambé depuis la crise sanitaire. »

Métal ou bois, le prix pèse dans la balance. « Le cours du métal est en dent de scie : il est actuellement entre 900 et 1 000 €/t, il est descendu à 650 €/t en décembre 2022 mais il est aussi monté à 1 200 €/t en avril 2023. Pour un devis signé à l'instant T, la facture peut être plus salée à l'arrivée... Le bois est plus stable, il est monté au plus haut à 500 €/m³. Pour un bâtiment neuf en bois, il faut compter entre 100 et 110 €/m² aujourd'hui, bardage compris et pose incluse. » Autre argument : la maçonnerie est « plus chère pour une structure en métal qui nécessite un ancrage plus important. Pour un bâtiment de 20 m, il faudra compter + 50 % de coût de maçonnerie en plus par rapport à du bois. »

Le commercial vante les mérites du bois : « Il n'y a pas de risque de corrosion, le bois absorbe l'humidité et il est traité contre les insectes et les champignons donc aucun souci. Un bâtiment bois s'intègre parfaitement dans le paysage et il ne nécessite pas d'entretien particulier. Bien-sûr qu'il prend une teinte grise avec le temps, mais ça ne change rien à sa qualité structurelle. Ceux qui veulent peuvent y appliquer un saturateur pour conserver la couloir bois, mais c'est facultatif. » Et pour tordre le cou aux idées reçues, il ajoute : « En cas d'incendie, les pompiers auront plus de difficultés sur un bâtiment en métal car il se déformera avec la chaleur ce qui augmente les risques d'effondrement, tandis qu'un bâtiment en bois conservera sa structure. »

Une bonne ambiance au quotidien

Si les éleveurs étaient attachés au bois pour son atmosphère plus chaleureuse, ne voulant pas « d'un bâtiment qui fasse usine », ils voulaient quand même un espace bien conçu pour gagner du temps au quotidien.

La traite, un espace central

C'est au niveau de la traite qu'ils ont le plus gagné en confort. Ils ont opté pour un modèle d'occasion Delaval TPA 2x12 avec sortie rapide. Coût total de l'installation : 70 000 €. Et clairement, les éleveurs voient la différence : « On est passé de 3h30 de traite 2 fois par jour dans notre ancienne 2x4 à 2 fois 1h30 dans celle-ci. »

La salle de traite étant située au cœur du bâtiment, on ne s'y sent pas à l'étroit et elle est même très lumineuse. « Grâce au dôme là-haut, on n'allume quasiment jamais la lumière, c'est vraiment un espace de travail agréable », apprécient les deux frères.

La conception du bâtiment fait une forme de L car les éleveurs y ont intégré la nurserie accolée à la laiterie. C'est le seul point qu'ils reverraient s'ils pouvaient revenir en arrière. « L'ambiance y est bonne, on a un bardage en claire-voie. Le souci, c'est la dimension : on est partis sur des cases avec marche en béton et aire paillée + un plancher au-dessus pour pailler, mais les cases ne font que 3x3 m donc on y met 3 veaux maximum. Si c'était à refaire, on verrait plus grand. »

Une toiture pensée pour le confort thermique

La toiture n'est pas isolée, les associés ont préféré miser sur les ouvertures pour faire face aux fortes chaleurs. Les poteaux au milieu du bâtiment ont permis de créer des décrochés de toiture. Ils ont aussi intégré un dôme translucide sur toute la longueur pour ramener de la luminosité et de la ventilation. Le faitage est doté d'ailettes de ventilation avec pare-vent et pare-pluie.

La couverture est en fibro-ciment avec quelques translucides. Ça en plus des ouvertures sur toute la longueur, la stabulation est très lumineuse. Quant aux rayonnements, les éleveurs l'assurent : « le bâtiment est assez haut donc ça ne chauffe pas ».