Porté par des acteurs non professionnels, le film de Louise Courvoisier, « Vingt Dieux », nous embarque dans une fiction fromagère ancrée dans le monde agricole et rural. Touchant d’authenticité, il a été distingué à Cannes.
Vingt dieux ! Faire du fromage, a fortiori sous AOP, n’est pas si simple… Le jeune Totone, 18 ans, s’en rend compte après s’être mis en tête de fabriquer le meilleur comté de la région. Pas vraiment par passion : plutôt pour gagner la prime de 30 000 € afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa petite sœur, après le décès du père. « Et puis, j’saurais pas quoi faire d’autre », avoue le héros du film de Louise Courvoisier, en salle le 11 décembre. Originaire de là-bas, où ses parents ont « une petite ferme avec des céréales », la jeune réalisatrice filme amoureusement la Franche-Comté avec ses bois et ses verts pâturages, et ses hommes et femmes rudes à la tâche, qui parlent peu mais étirent les syllabes à l’infini, et ponctuent leurs dialogues d’un juron qui s’est imposé comme titre.
Au lieu d’acteurs professionnels, elle a préféré embaucher des gens du cru : elle voulait leur accent, leur démarche et leurs gestes. Jouant « des rôles proches d’eux », ils incarnent des personnages au caractère bien trempé mais pudiques sur leurs émotions. Pour les recruter, elle a écumé les bals, les comices, les courses de stock-cars, les lycées agricoles…
C’est en BTS agricole qu’elle a trouvé Maïwene Barthelemy, qui incarne à l’écran une jeune cheffe d’exploitation laitière. À l’âge où d’autres font la fête, elle lâche devant Totone qu’elle est « levée à 5 heures, couchée à 22 heures, sans vacances, sans week-ends » — sans se plaindre, juste pour le recadrer quand il ronchonne. « Le film ne parle pas du statut des agriculteurs : ce qui m’intéressait, c’était de raconter les gens, confie la réalisatrice. Ce personnage féminin ne se plaint pas, ne s’excuse pas d’exister, mais dit juste les choses frontalement. »
Des acteurs du cru
Dans la vraie vie, Maïwene travaille aussi dans une ferme laitière : c’était un prérequis pour la scène où son personnage accompagne une mise-bas. Car il n’était pas question de filmer le vêlage à part pour ensuite l’intégrer au montage. « Je voulais sentir la tension qu’il y a entre les personnages à ce moment-là, et sa concentration à elle, insiste Louise Courvoisier. Pour intégrer le vêlage dans un tournage très minuté, on a travaillé étroitement avec l’agriculteur. Toute l’équipe était d’astreinte jour et nuit, et devait à tout moment être prête à aller retrouver la vache. La scène a été tournée comme une scène d’intimité, avec seulement les comédiens, la vache, le chef opérateur, le perchman et moi. Sachant qu’il n’y aurait qu’une seule chance, on avait beaucoup répété pour la connaître par cœur. »
Après ce film bien accueilli à Cannes, un seul des jeunes comédiens a décidé de tenter l’aventure du cinéma. « Les autres avaient des projets et sont retournés à leur ferme ou leur travail, rapporte Louise Courvoisier. Ils ont aimé l’expérience, mais sont aussi très ancrés dans leur vie. Et cela me rassure pour eux. »
Plusieurs projections en avant-première sur le territoire AOP ont été suivies de dégustations de comté offert par l’interprofession. « Nous avons été touchés par ce film, partage la responsable communication Aurélia Chimier. La jeunesse rurale est dépeinte sans fard ni misérabilisme, touchante par la sensibilité et la vérité des personnages. Et le film porte haut les valeurs d’entraide, de fierté, de persévérance, d’authenticité, d’appartenance à une culture. »
Approchée par le distributeur du film, l’interprofession a accepté de poursuivre et étendre cette opération lors de la sortie nationale. Les salles volontaires recevront 4 kg de comté et un kit de promotion afin d’offrir aux spectateurs une dégustation après le film. « À ce jour, 65 salles se sont portées volontaires », indique l’interprofession, qui peut monter jusqu’à 200.
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