La froment du Léon a failli disparaître il y a quarante ans. Mais aujourd’hui, quelques éleveurs vivent grâce à la générosité de cette vache au lait jaune et gras.
Le Léon, c’est une petite région du Finistère Nord où les élevages côtoient les champs d’artichauts et de légumes en tout genre. Si les éleveurs ont abandonné leur race laitière, c’est tout simplement à cause de sa faible productivité, incapable de rivaliser avec la frisonne. Elle a survécu grâce à un programme de sauvegarde et à quelques passionnés qui en ont conservé une ou deux, le plus souvent sans la traire.
Sophie Begat et Jocelyn Bougerol font partie de la dizaine d’éleveurs qui contribue à donner à cette vache un avenir économique. Puisqu’elle se distingue par la richesse de son lait en matière grasse (46 de TB), ils ont décidé de se lancer dans la transformation et la vente directe. Un projet de vie, mais aussi un engagement dans une chaîne en circuit court, de la vache au consommateur. Le couple a commencé son activité agricole dans le maraîchage bio à Mellionnec (Côtes-d’Armor). Pour entretenir quelques prairies, Sophie et Jocelyn voulaient une vache de race locale. Une amie vendait deux froments du Léon. Ils les ont achetées pour les conduire d’abord en allaitantes.
Transmettre
Mais assez vite, ils ont voulu valoriser leur lait. Il y a quatre ans, ils ont participé à la fête de la vache nantaise. « On a discuté avec des éleveurs qui faisaient de la transformation et de la vente directe, ça a été le déclic », raconte Sophie.
Elle s’est formée à la transformation et ils ont investi dans un laboratoire.
Aujourd’hui, la ferme compte six vaches qui produisent une quarantaine de litres chaque jour. Jocelyn trait et Sophie transforme immédiatement en beurre, crème, lait ou yaourts. L’objectif est de monter à neuf vaches afin de développer la production, tout en restant autonome pour alimenter le troupeau. Des clients viennent à la ferme une fois par semaine. Sophie fait le marché de Pontivy tous les lundis. Et ils vendent sur internet avec un groupe d’agriculteurs.
Avec d’autres éleveurs, ils viennent de créer une marque pour identifier la race, la faire connaître, et l’associer à des produits laitiers savoureux. Car la différence est réelle. Dès que Sophie ouvre son seau de crème, c’est toute la pièce qui embaume d’un parfum oublié et qui donne l’envie de déguster.
Sophie et Jocelyn veulent aussi transmettre leur expérience et montrer que l’on peut construire un projet professionnel avec la froment du Léon. « Nous espérons aider d’autres à se lancer », conclut Jocelyn.
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