Sur leur route du lait en Inde, Colette Dahan et Emmanuel Mingasson ont croisé celle du géant laitier. Étonnant.
«Nuit avec moustiques mais sans crime. À l’endroit où hier nous avons arrêté la voiture pour la nuit, il y a un mois, un homme a tué une femme », nous dit la propriétaire du terrain venue à notre rencontre, avec cinq autres personnes, pour s’assurer qu’un second meurtre ne serait pas commis sur ses terres.
Ce matin, intrigués par un tuk-tuk chargé de bidons de lait, nous décidons de le suivre. Il vient de quitter la route principale, tourne à droite, à gauche, emprunte les petits chemins. Au village de Jadcherla, le tuk-tuk s’est arrêté sur un parking à côté d’autres pareillement chargés de bidons de lait. Sur la façade blanche d’un bâtiment, trois ouvertures nous souhaitent la bienvenue : Milk reception, Laboratory room, Staff room. Suleiman, le directeur, souriant et « chrétien » s’avance déjà vers nous.
Voici quelques jours, nous nous arrêtions devant le magasin de vente de la laite-rie Tirumala Milk Products d’Hyderabad. Les clients y buvaient à la paille lait, butter milk ou yaourt, dont ils envoyaient le pot vide valser dans un fossé. Ils pouvaient aussi choisir une glace ou une crème gélifiée très sucrée. Aujourd’hui, le hasard vient de nous conduire devant l’un des seize points de collecte de cette laiterie, rachetée il y a une dizaine de jours par Lactalis (1).
Collecte en tuk-tuk
« Connaissez-vous Lactalis ? » Oui, mais nous ne sommes pas ici pour eux. Deux fois par jour, trente tuk-tuk viennent livrer le produit de leur collecte, chacun ramassant dans un rayon de 25 kilomètres auprès de vingt à trente familles. Transporté sans cérémonie à l’arrière du véhicule, le lait est stocké dès l’arrivée dans un tank réfrigéré entre 3 et 5°C. Si sa capacité est de 5 000 l, il n’en contient habituellement pas plus de 2 000, la quantité de lait vendue par chaque famille variant entre un et dix litres. La concurrence ? Elle est rude. Pour soigner ses fournisseurs, l’entreprise propose le conseil d’un vétérinaire ou une aide pour l’obtention d’un prêt bancaire. La laiterie d’Hyderabad, à deux heures de route, vient chercher le lait à 23 h 30, dans un camion non réfrigéré. Avant que le lait ne soit versé dans le tank, les deux techniciens du laboratoire prélèvent les échantillons nécessaires aux analyses de la matière grasse et de l’extrait sec, les deux variables qui serviront à rétribuer le producteur selon un savant calcul.
(1) En 2014.Extrait du livre Voix lactées, de Colette Dahan et Emmanuel Mingasson.www.unansurlaroutedulait.com


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