Pour que l’agriculture perdure en Vercors

Au cœur du parc régional du Vercors, entre Grenoble et Valence, le renouvellement des exploitations est un enjeu majeur pour l’avenir des territoires et celui de la petite filière AOP (382 tonnes par an de fromages). Partant du constat que les agriculteurs parlaient trop souvent de manière négative de leur métier (climat, marché), des professionnels ont souhaité communiquer de façon plus attractive. « En filière AOP, le lait est rémunéré et l’éleveur ne subit plus le marché », pointe Daniel Vignon, président du Syndicat interprofessionnel du bleu du Vercors-Sassenage. Il y a trois ans, l’idée de tourner un petit film pour valoriser le territoire préservé et ses beaux paysages s’est concrétisée. « Nous voulions faire savoir aux candidats à l’installation qu’il y avait ici des fermes intéressantes à reprendre, avec un syndicat pour les accueillir. Le message “Le bleu, ça marche, on manque de producteurs” est bien passé. Des personnes nous ont contactés deux ou trois ans plus tard. » Parallèlement, le projet Graines d’éveil a été lancé. « Nous constations que les enfants étaient présents aux comices. Pour les fédérer, nous avons eu envie de créer du lien, en leur proposant diverses animations tout au long de l’année. » Soutenu par le parc régional, le projet réunit aujourd’hui une trentaine de jeunes de 6 à 18 ans.

La Fête du bleu

Des enfants d’agriculteurs pour la plupart, mais aussi des proches (voisins, cousins). « Nous travaillons sur le patrimoine vivant, précise Chrystelle Hustache, animatrice du projet. Pour les motiver, nous avons la chance d’avoir une race locale, la villard-de-lans, ainsi que le gypaète barbu⁽¹⁾. » L’été dernier, les jeunes ont participé activement à la 19^e édition de la Fête du bleu, organisée chaque année par l’une des communes de l’appellation (Saint-Martin-en-Vercors en 2019). Deux enfants de Loïc Duchene, producteur de lait AOP bio et membre du bureau de la coopérative Vercors Lait, y ont présenté et promené un petit veau, en expliquant aux non-initiés les étapes de son élevage. « Nous n’avons pas eu besoin de les pousser pour qu’ils s’impliquent, précise le jeune papa. L’ambiance conviviale du groupe a suffi. C’est en passant par des relations amicales que les jeunes se motiveront pour l’élevage et la préservation de nos montagnes. »

(1) Vautour réintroduit dans les Alpes depuis les années 1970.