PROFIL COMPLET : LA MIXITÉ AU RENDEZ-VOUS EN 2015

LES ÉLEVEURS NORMANDS SONT PERPÉTUELLEMENT TIRAILLÉS ENTRE DEUX ORIENTATIONS : améliorer le potentiel laitier pour répondre aux volumes supplémentaires que proposent les laiteries ou cultiver le caractère mixte de la race en faisant progresser le trio lait-morphologie-aptitude bouchère. Un exercice pas si facile dans le second cas. Quel niveau laitier faut-il retenir pour obtenir un profil complet ? Faut-il fixer un index lait minimal ? Faut-il focaliser la performance laitière uniquement sur les taux ? Pour repérer les profils aussi complets que possible, L'Éleveur laitier choisit un minimum de lait (400 kg), accompagné d'un TP positif et d'une note morphologie d'au moins 0,8. Enfin, a minima, le jeune mâle ne dégrade pas l'aptitude bouchère. Les index négatifs autour de la neutralité sont tolérés. Mettre la barre à 400 kg de lait ferme certes la porte à un jeune mâle comme Dérable (Rafiot sur Nivea) qui s'illustre à 1,7 d'index musculature, mais qui ne dépasse pas les 300 kg de lait. Cette malchance est partagée par Evryday qui plafonne à 134 kg de lait. Il tient son aptitude bouchère à 1 de son père, Trocadero (109 d'Isu et 1,3 de musculature), son format et la mamelle de son grand-père maternel Manizales (118 d'Isu).

DES PROFILS TRÈS MIXTES AU PEDIGREE BÂTI SUR MESURE

« Les indexations précédentes sont riches en taureaux très laitiers. La diffusion de profils mixtes contribue à contrebalancer cette tendance », indique Origenplus qui les met en service. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir. La génération 2015 offre des profils en phase avec la mixité de la race. Sur les vingt qui émergent du tri effectué, la moitié allie un niveau laitier grosso modo compris entre 450 et 650 kg, à des index TP et TB positifs à très positifs.

Cinq nouveaux émergent véritablement. À leur potentiel de production équilibré entre lait et taux s'ajoute un potentiel viande à ne pas négliger grâce à leur index musculature qui varie entre 0,7 et 1. Les éleveurs en système herbager ou les Bas-Normands en appellation d'origine protégée trouveront leur compte dans ces caractères. Le plus remarquable est sans doute Jefroid qui publie un index musculature à 1 et un index aplombs à... 1,7. Il le doit à son grand-père maternel Arnica, avec le soutien du grand-père paternel Ulozon pour les aplombs. Dommage qu'il ne booste pas la résistance aux cellules et aux mammites (- 0,2 et 0,2). Ceux que cela gênerait et qui sont dans un système de production plus laitier pourront se reporter sur l'autre petit-fils d'Arnica, Inferno (0,5 de musculature, 0,8 de santé mamelle et surtout 1,8 de mamelle, voir aussi p. 49). Origenplus conseille Jefroid sur les descendantes d'Atome, Manieales, Nivea ou Tonifiant. Inferno, lui est recommandé sur Banania, Boursin, Finnois, Folden ou Galbraith.

DES PEDIGREES CLASSIQUES

À égalité avec Jefroid en musculature et potentiel laitier (34 points d'Inel), on trouve Joran, petit-fils d'Upérise bien connu pour sa forte propension à dégrader l'aptitude bouchère. Il a fallu les forces combinées des ancêtres Manager (voie paternelle) et de Grivois (voie maternelle) pour décrocher ce graal. Ces origines laissent au même niveau Isu et Isuo (Isu corrigé de la parenté).

Les deux petits-fils d'Uvray, Inexces et Impacto, sont juste derrière (respectivement 0,9 et 0,8). Tout le mérite en revient à leur père Faredo Isy (1,4 en musculature). Il a su capter le zeste d'aptitude bouchère d'Uvray (0,3) et surtout profiter de ce point fort chez son grand-père maternel Noisy (Grivois).

Le cinquième profil très mixte est Jockey (origine Manizales)via son Inel aussi élevé qu'Inferno (44 points) pour moins de lait (623 kg). Pour lui aussi, il faut remonter en amont de son pedigree pour retrouver des géniteurs dotés d'un potentiel viande (Nivea, Grivois).

Ces cinq jeunes mâles ont tous une origine classique : Diamètre par Uvray ou Redondo, Driver par Ulozon ou Upérise, ou encore Saintyorre (10 600 filles). Heureusement, ils sont construits avec des origines complémentaires mais, de ce fait, brassent les grands courants de sang. Vigilance donc pour les accouplements et la parenté du veau à naître.

Parallèlement à ces taureaux mixtes au potentiel de production équilibré entre lait et taux évolue une autre tendance : des jeunes mâles hauts en lait, qui ne renoncent pas pour autant à la morphologie et maintiennent ou améliorent d'un « chouïa » l'aptitude bouchère. Six surfent sur 800 kg d'index lait et beaucoup plus. Avec 1 322 kg, la palme revient bien sûr à Jesse PC. Il est détaillé, comme son contemporain Jaures dans les profils laitiers page 52. De son côté, avec sa santé mamelle à 0,8 et ses aplombs à 1,3, Ironville (809 kg) est présenté dans les profils fonctionnels p. 56.

Phénomène de dilution oblige, tous ont un TB négatif.

UNE TROISIÈME CHANCE POUR IZOARD

Izoard est passé entre les mailles des filets « fonctionnalité » et « lait » définis par L'Éleveur laitier. Son index « mammites » neutre a minoré la synthèse STMA (0,5). Son lait juste sous les 800 kg ne lui permet pas d'accéder au deuxième profil. Il se rattrape cette fois-ci grâce à sa capacité à améliorer le squelette, la mamelle et les aplombs. Son aptitude bouchère neutre lui évite le « déclassement » final. Dans les accouplements, il faudra veiller à corriger la vitesse de traite qu'il dégrade, tout comme la fertilité vache (- 0,8). Attention également à sa parenté avec la population (6,3 %). C'est que, fils de Falbert sur Uvray, il cumule les familles Diamètre, Valabri et Hollydays. Il estconseillé sur les filles de Ael Mat, Arantilly, Boursin, Vidocq ou Vomicol.

Ivaldi (Atome sur Uvray, 6,5 % de parenté) et Infiniti (Ayala-Nonante sur Uvray) achoppent sur le même écueil. Origenplus conseille le premier sur Evian, Urbalano, Utc ou Vademecum. Evolution recommande le second sur Visuel, Fylio Isy, Fabineau ou Upérise.