BRUNE : DAVANTAGE DE RÉFÉRENCES EN SEMENCES SEXÉES

UN AN AVANT L'ORGANISATION DU CONGRÈS MONDIAL de la race brune à Mende en Lozère, le catalogue 2015 fait la part belle au schéma de sélection français. Il se démarque avec un large panel de références disponibles, parmi lesquelles le numéro un mondial en Isu, Ifeeling (195). Ces taureaux sont issus de la sélection réalisée par les techniciens BGS Création qui recrutent les mères à mâles et les mères à femelles sur tout le territoire national. Ils peuvent s'appuyer sur une population de 17 191 vaches inscrites aux contrôle laitier, qui enregistrent une moyenne de 7 224 kg de lait à 41,6 de TB et 34,2 de TP. Une performance qui fait de la brune la troisième race en matière de productivité laitière, derrière la holstein et la pie rouge des plaines, et de TP, derrière la normande et ses 34,6 et, bien sûr, la jersiaise avec 38,4. « On retrouve la brune aussi bien dans des troupeaux mixtes à plus de 10 000 kg de lait avec la holstein, que dans des systèmes herbagers plus extensifs, précise Aurore Grave, conseillère BGS (Brune Génétique Service). Dans les deux cas, les éleveurs misent sur la qualité des taux de matière utile et sur la longévité de ces animaux aux squelettes et aux membres solides. »

DE JEUNES MÂLES AU PROFIL TRÈS LAITIER

La composition de l'Isu qui définit l'orientation de la sélection accorde d'ailleurs une large place aux caractères fonctionnels : Inel à 40 %, fertilité à 20 %, santé de la mamelle à 20 %, morphologie à 15 % et longévité à 5 %. Dans le cadre du dispositif Intergénomics, la brune dispose aussi d'une indexation internationale qui permet d'aller chercher, dans la gamme des jeunes taureaux étrangers, de l'originalité dans les pedigrees pour éviter la consanguinité.

Chez les jeunes taureaux, Ifeeling fait donc une entrée remarquée au catalogue. Fait rare, il présente le double avantage d'être très améliorateur en lait (1 332), sans pénaliser les taux (1,1 en TP et 2,2 en TB), ni la santé de la mamelle (STMA 2,3). Le deuxième au classement Isu est Hercules. Ce taureau allemand numéro un sur le lait (2 009) apparaît en retrait sur les autres caractères, sans pour autant dégrader le TP (0,3), ni la longévité (0,7). Beaucoup moins extrême en lait, Joyau, le premier fils d'Anibal, et Indiana sont en revanche très complets sur tous les postes et disponibles en semences sexées. « Parmi les jeunes taureaux avec index génomiques d'intérêt particulier, on notera aussi la présence de Istar, le champion de la fertilité (1,9), ou encore de Naboo, souligne la conseillère. Ce fils de Norius, lui-même fils de Nesta, a un pedigree original très peu utilisé en France qui le rend facile à intégrer dans les plans d'accouplement. » Absent de cette liste, Japon (Vassili/Prohuvo) est un jeune taureau français très améliorateur en lait (1 392) qui sera disponible à partir du mois de décembre.

LES GÉNOMIQUES CONFIRMENT APRÈS TESTAGE SUR DESCENDANCE

Il y a encore deux ans, BGS recommandait d'utiliser avec parcimonie les doses issues de ces jeunes taureaux, compte tenu de la moindre fiabilité de leurs index. « Ce n'est plus le cas avec des CD qui atteignent aujourd'hui 70, même si nous conseillons néanmoins de garder quelques valeurs sûres dans les plans d'accouplement. En effet, il apparaît que les taureaux génomiques confirment le niveau de leurs index après testage sur descendance. » Ainsi, Elan, le numéro un des confirmés français, est passé d'un Isu de 150 en 2012 à 156 aujourd'hui après testage sur descendance, et devient par la même occasion le champion du TP (2,6 en 2014 contre 1,5 en 2012). Une remarque qui vaut aussi pour Espoir, ou encore Anibal, un taureau suisse dont l'Isu est passé de 164 en 2014 à 183 dans le nouveau catalogue. Avec plus de 2 000 filles et un CD de 90, Huxoy fait partie de ces valeurs sûres pour ceux qui veulent ramener du lait dans leur troupeau. Quant à Carter, c'est le leader américain en morphologie (2,3). « C'est aussi un typé lait (1 011) issu d'une lignée rare, donc facile à utiliser.

UN MANQUE DE GÉNISSES POUR RÉPONDRE À LA DEMANDE

L'Autrichien Voice est beaucoup plus neutre en lait, mais c'est un concentré des atouts de la race brune : il est le champion toutes catégories du TP (3,5), mais aussi le numéro un sur la qualité de la mamelle, avec de la solidité dans son squelette en prime (membres, morphologie). Il transmet le gène de la kappa-caséine BB qui, cumulée à la valeur du TP, améliore le rendement fromager. Pour les concours, on se tournera vers Blooming, issu d'une lignée très appréciée en Suisse et qui confirme ses index génomiques sur la morphologie (3) et la qualité de la mamelle (2,3).

Ce catalogue 2015 de la race brune évolue vers toujours plus de disponibilité en semences sexées issues de taureaux aux profils variés et complets. Un moyen de répondre à la demande des éleveurs qui cherchent à accroître la taille de leur troupeau et peinent à valoriser les veaux mâles. « Il y a actuellement une forte demande en génisses brunes, notamment dans le Nord et l'Ouest, pour laquelle nous sommes obligés de nous tourner vers l'Allemagne, car la disponibilité en France est insuffisante, indique Aurore Grave. Ceci explique le développement de la semence sexée, qui représente 17 % des IA en race pure sur la campagne en cours. » Un rythme qui permettra peut-être, à terme, de vendre de la génique française dans le monde, à l'instar des éleveurs d'outre-Rhin.