LE SEMIS DU MAÏS FOURRAGE REVISITÉ

En semant tôt, on recherche la mise en place précoce d'une surface foliaire capable de valoriser le rayonnement des jours longs de fin juin et de juillet, et à bénéficier du potentiel supérieur d'une variété un peu plus tardive.© CHRISTIAN WATIER
En semant tôt, on recherche la mise en place précoce d'une surface foliaire capable de valoriser le rayonnement des jours longs de fin juin et de juillet, et à bénéficier du potentiel supérieur d'une variété un peu plus tardive.© CHRISTIAN WATIER (©)

Semis très précoces, densité et structure de peuplement revues, de nouvelles pratiques apparaissent sur le terrain. Les derniers essais d'Arvalis ne valident pas toujours ces tendances.

DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LA TENDANCE EST D'AVANCER LA DATE DE SEMIS des maïs. Lorsque les conditions d'implantations sont bonnes, on observe parfois des mises en place dès fin mars-début avril et nombreuses sont les cultures semées autour du 15-20 avril.

Depuis vingt-cinq ans, l'offre climatique a changé. La disponibilité en sommes de températures pour un maïs a progressé de 75 à 125°C, l'équivalent d'au moins un groupe de précocité. Ainsi, dans l'Ouest, il est possible de passer sans risque d'une variété très précoce à une variété précoce, et potentiellement d'espérer gagner 0,2 t de MS/ha pour 1 % de MS. Entre un semis du 10 avril et un semis du 25 avril, on peut compter aussi sur 50 à 70°C supplémentaires (médiane 1991-2011). « En semant tôt, on recherche la mise en place précoce d'une surface foliaire capable de valoriser le rayonnement des jours longs de fin juin et de juillet, et à bénéficier du potentiel supérieur d'une variété un peu plus tardive. Cela doit permettre un gain de rendement, mais aussi une récolte plus précoce, donc de meilleure qualité et moins exposée au risque de mycotoxines », explique Michel Moquet, ingénieur Arvalis.

En cas de sécheresse estivale marquée, il est souvent évoqué qu'une implantation précoce permettrait d'éviter à la plante un stress hydrique au moment de la floraison. Ce bénéfice est plus difficile à démontrer car des semis tardifs peuvent aussi profiter des pluies d'orage en été. À l'inverse, une implantation précoce expose à des risques : une mauvaise levée, des dégâts de ravageurs, des gelées. « Le gel précoce, avant 6 feuilles, n'est pas un risque majeur. Par contre, le maïs est particulièrement sensible au stade 8-10 feuilles et quelle que soit la date de semis, un coup de froid tardif est toujours possible. Le danger principal est de subir une levée difficile et hétérogène liée à une période froide et humide après le semis, ou à de la battance après de fortes pluies », précise Michel Moquet.

Normalement, un maïs doit lever en 8-10 jours. Une durée plus longue (trois semaines, voire plus) expose les jeunes plantules aux ravageurs, principalement aux mouches (géomyza et oscinies) responsables de pertes de peuplements importantes (parfois plus de 20 %, même avec une protection insecticide). Contrairement à une idée reçue, la sensibilité aux taupins n'est pas accrue en semis précoce car ces vers ont besoin de chaleur pour remonter à la surface et s'attaquent tout autant aux semis de fin mai.

QUATRE CAMPAGNES D'ÉTUDES AVEC DES PROFILS CLIMATIQUES DIVERSIFIÉS

Ces hypothèses étant posées, quels messages apporter en matière de précocité des semis ? C'était l'objectif des essais réalisés entre 2011 et 2014 par le réseau Arvalis sur trois sites, en Bretagne et en Picardie, avec deux ou trois dates de semis utilisant des variétés de précocités différentes. Ils ont permis de mesurer l'incidence des semis très précoces, sur la première décade d'avril, comparés à des semis réalisés sur la deuxième quinzaine d'avril et un peu plus tard début mai. « Le profil climatique des quatre campagnes de l'étude a été suffisamment diversifié pour en tirer des enseignements intéressants : 2011 et 2014 étaient des années plutôt très favorables, alors que les années 2012 et 2013 ont imposé des conditions de démarrage froides et humides », explique Michel Moquet.

Première conclusion : un semis précoce se traduit par une avance à la floraison très relative. En moyenne, sur les quatre années étudiées, une avance de quinze jours au semis sur le mois d'avril se traduit par une avance de seulement trois à quatre jours à la floraison. L'année 2011, avec des températures très favorables en avril, semblables à 2015, a permis une avance à la floraison de cinq jours par semaine de semis. Au niveau du rendement en fourrage, les semis de maïs très précoces de la première décade d'avril décrochent légèrement, comparés aux semis réalisés entre le 15 et le 30 avril. Le rendement des semis du mois de mai sont eux aussi un ton en dessous. Curieusement, ces essais ne montrent pas non plus l'intérêt d'utiliser une variété demi-précoce par rapport à une précoce. « Nous n'avons pas valorisé la densité foliaire plus importante des variétés plus tardives. Celles-ci restent pénalisées par une moindre vigueur au départ », explique Michel Moquet.

PEU D'INTÉRÊT À SEMER AVANT LE 15 AVRIL

Du point de vue de la qualité du maïs fourrage, la valeur UFL a tendance à diminuer avec des dates de semis de fin avril-début mai. Un effet lié au poids de 1 000 grains qui chute. « En conclusion, il n'y a pas de grands enjeux à semer un maïs fourrage avant le 15 avril. Ce sont les conditions agroclimatiques dans la phase d'implantation qui seront primordiales. De même, les variétés plus tardives ne sont pas nécessairement adaptées aux conditions des semis précoces. Avant de les utiliser, il est pertinent de s'assurer de la bonne vigueur au départ de l'hybride choisi. Nous avons observé aussi une bonne réponse des engrais starter (type 18-46), mais attention à la contrainte phosphore des règles environnementales. »

DOMINIQUE GRÉMY

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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