En lait comme en porc, Jean Deroyant estime que la formation, l'autonomie dans les décisions, l'information et la performance technique constituent des leviers pour résister à la volatilité.
JONGLER AVEC LA VOLATILITÉ DES PRIX FAIT PARTIE DU QUOTIDIEN de Jean Deroyant depuis déjà longtemps. Car, outre ses 385 000 litres de lait, cet éleveur possède un élevage de 180 truies (naisseur engraisseur). « Le cours du porc varie de 1,10 à 1,50 €/kg », souligne-t-il. Sachant que le coût de production tourne autour de 1,30 €/kg, il doit gérer finement pour ne pas perdre d'argent avec cet atelier. Cette expérience acquise au fil du temps va l'aider à résister à la volatilité qui s'installe aujourd'hui en production laitière, même s'il existe des différences notables entre ces deux activités.
« FAIRE PARTIE D'UN GROUPE EST SOURCE D'ÉCONOMIE »
En porc, l'aliment pèse 65 % du coût de production. Pour le maîtriser, Jean joue à la fois sur le prix d'achat et sur les performances techniques. Il s'est équipé pour fabriquer l'aliment lui-même et il produit une partie des matières premières. Malgré tout, il a besoin d'acheter 400 t de maïs grain et 150 t de blé par an. « Je surveille les cours en période de récolte et c'est généralement à ce moment-là que des opportunités se présentent. Cela me permet de me couvrir pour l'année », précise l'éleveur. Il fait partie d'un groupe dans le cadre du Ceta 35. Un cadre précieux pour échanger les informations sur les marchés et les prix. « Il s'agit en soi d'une source d'économie. Grâce au groupe et aux formations, je suis autonome dans la conduite des cultures. Avant, je dépendais de prescripteurs, ce qui ne me garantissait pas le coût de production le plus bas. »
De la même façon, pour prévoir et lisser ses dépenses, il est facturé au mois par la Cuma qui distribue la ration ou qui assure les récoltes. « En lissant les charges, j'ai une meilleure visibilité » estime-t-il.
Il y a deux ans, l'éleveur s'est interrogé sur le maintien de l'atelier de porcs. La mise aux normes était obligatoire pour le bien-être des truies. Un investissement important et non productif. « J'ai décidé de doubler ma capacité de production de porcs de façon à étaler la charge sur un plus grand volume, mais aussi pour pouvoir embaucher une personne spécialisée. » Il pense qu'un salarié polyvalent est moins productif, mais il estime que la complémentarité entre les deux élevages constitue une sécurité pour lui. L'expérience lui montre que le lait et le porc sont rarement en crise en même temps. L'agrandissement lui a aussi permis de rationaliser son organisation entre les différents postes de l'élevage de porcs, au bénéfice de la sécurité sanitaire.
Car la performance technique est une voie explorée pour sécuriser la qualité des produits et donc maximiser le prix de vente. De même, il s'est lancé dans la production de porcs non castrés qui lui apporte une plus-value de 5 c/kg. L'engagement dans une filière sans antibiotique lui procure un autre bonus de 2 c/kg.
« JE PEUX PRODUIRE PRÈS DE 15 % DE LAIT EN PLUS SANS INVESTIR »
« Cet ensemble de pratiques me permet de maximiser ma marge nette, et donc d'être plus solide quand les prix baissent. » Il rajoute que la dimension de l'élevage est un autre atout car elle permet un bon niveau de productivité du travail.
Jean envisage de travailler sur son coût de production du lait. Il analyse les courbes des prix des veaux et des vaches de réforme pour optimiser le moment de la vente. Il réfléchit à des achats groupés pour réduire le coût des intrants.
Il le fait déjà pour certains produits. Il s'interroge aussi sur le développement de son outil pour gagner en productivité du travail. « En transformant l'aire paillée en logettes, je peux produire 10 à 15 % de lait en plus sans me charger en investissement. » Reste à s'assurer que la laiterie suivra.
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