
Pour une meilleure prévention des pathologies, l'éleveur peut s'approprier plusieurs gestes de soins sur ses bovins. C'est une question de motivation.
L'ÉLEVEUR DOIT DEVENIR L'INFIRMIER DE SES VACHESet le vétérinaire, le docteur du troupeau. » C'est le message que veut faire passer Jean-Louis Freyheit avec son livre Les Techniques de soins de l'éleveur bovin (voir encadré) : un recueil de gestes, du très simple au plus délicat, que les éleveurs de bovins peuvent effectuer. Jean-Louis Freyheit est un vétérinaire de la prévention. Il veut aussi s'adapter à la taille des élevages qui ne cessent de grandir, aux éleveurs de mieux en mieux formés et aux effectifs en déclin des vétérinaires ruraux.
« Parer des pieds ou poser une perfusion, cela ne devrait plus être de mon ressort. Ces interventions sont à la portée des éleveurs. Mon rôle est qu'il n'y ait plus de fièvre de lait dans le troupeau. Et la science d'aujourd'hui nous donne les moyens de réaliser une prévention efficace. Un troupeau bien nourri et bien logé connaît peu de pathologies parce que l'immunité fonctionne. Par exemple : lutter contre le déficit énergétique de début de lactation est l'un des éléments clés trop souvent négligé. »
TOUT N'EST PAS AUTORISÉ AUX ÉLEVEURS
Les éleveurs sont-ils prêts à acheter du conseil et de la prévention auprès d'un vétérinaire ? « Une fois la confiance établie, ils comprennent vite qu'il est plus efficace et plus rentable d'être dans le préventif, car l'équarrisseur passe moins souvent », poursuit-il. Les gestes techniques qui sont autorisés aux éleveurs sur leurs propres animaux sont encadrés par la loi de janvier 2011. Ce texte a clarifié le flou précédent et permet toutes les interventions liées à la conduite du troupeau, l'application des traitements et les actes relevant de la reproduction. « Il y a bien quelques incohérences : la césarienne est interdite, mais pas la castration. Or, le texte ne précise pas le sexe, si bien que l'éleveur pourrait légalement pratiquer une ovariectomie. Ce que je ne conseille absolument pas. L'autopsie est aussi autorisée. L'éleveur n'a pas la formation pour cette analyse, mais il peut m'envoyer des photos pour tenter une interprétation à distance. » Attention : toute intervention en dehors de votre élevage, même pour une simple injection intramusculaire, s'appelle « exercice illégal de la médecine vétérinaire ». Donc, restez chez vous !
- Est-ce à la portée de tout le monde ? « Il faut d'abord en avoir envie. Ensuite, tout est possible. Certains gestes nécessitent un apprentissage et il faut oser se lancer. C'est la même chose que pour l'acte d'inséminer. C'est la motivation de l'éleveur qui fait qu'il réussira ou pas », insiste Jean-Louis Freyheit.
- Mais quelle attitude l'éleveur doit-il avoir avec son vétérinaire praticien ? Peut-on lui demander de nous apprendre certains gestes, comme poser une perfusion, sans risquer de le vexer ? « Tout dépend de la relation que l'on entretient avec son vétérinaire. Mais il faut poser la question clairement. Quoi qu'il en soit, il n'a pas fait sept ans d'études supérieures pour réaliser une intraveineuse. Si l'éleveur est motivé, il n'y a pas de raison qu'il refuse. » Rappelons que les formations « Éleveur infirmier », initiées par les Groupements de défense sanitaire (GDS) et assurées par les vétérinaires libéraux, existent toujours.
- Par quoi faut-il commencer pour se lancer ?
Par le plus basique, trop souvent oublié : la prise de température. Cela permet de déterminer si le bovin prépare ou pas une maladie infectieuse.
LE THERMOMÈTRE, L'OUTIL BASIQUE INDISPENSABLE
38,5°C est la température normale. À partir de 39°C, il faut chercher la cause. Une température en dessous de la normale peut signaler un animal atteint de péritonite depuis plusieurs jours ou une mammite à toxine détectée tardivement.
« Une prise très précoce de la température, dès que l'éleveur a un doute, peut amener une guérison rapide, parfois sans usage d'antibiotique. Ainsi, sur une infection colibacillaire de la mamelle, la température monte très vite au-delà de 40°C avant que la mammite ne soit déclarée et le lait modifié. En intervenant aussitôt avec un anti-inflammatoire et en vidant le quartier, on le débarrasse de ses colibacilles avant qu'ils ne libèrent leur toxine. Et ceci, bien souvent sans faire usage d'antibiotique. Il est évident qu'un éleveur qui maîtrise les gestes nécessaires à l'examen assurera une meilleure prévention, détectera précocement les pathologies et, au final, diminuera de façon non négligeable sa consommation d'antibiotiques. Un challenge majeur que nous devons tous tenter de relever. »
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