Sur les bovins adultes comme sur les veaux, le drenchage est d'une grande efficacité pour prévenir ou guérir de nombreuses pathologies. Voici les bons gestes pour le réaliser en toute sécurité.
LE DRENCHAGE CONSISTE À FAIRE AVALER DE FORCE à un bovin une grande quantité de liquide (30-40 litres) dans un but bien précis. Cette opération, si elle est bien conduite, n'est absolument pas traumatisante pour l'animal et facile à mettre en oeuvre pour l'éleveur. « C'est une technique très intéressante qui s'utilise immédiatement après le vêlage ou sur des vaches présentant certaines pathologies et en complément du traitement médical. Elle nécessite un matériel spécifique », précise Jean-Louis Freyheit.
Après le vêlage, la majorité des vaches présentent une soif naturelle et sont capables de boire 30 litres d'eau additionnée d'un complément énergétique, de minéraux et d'oligo-éléments.
MOINS DE RISQUES DE FAUSSE ROUTE AU DRENCHAGE QU'AU PISTOLET DROGUEUR
Dans le cas contraire, le drenchage s'impose. « Sur les vaches hautes productrices, cet apport de liquide remplit la caillette et prévient ainsi son déplacement sous la panse. C'est l'occasion aussi de lui apporter de l'énergie et des minéraux qui diminuent la Baca, et contribuent à prévenir la fièvre de lait et la non-délivrance », explique-t-il.
Le drenchage d'une vache malade est indiqué pour réhydrater et éliminer les toxines après une diarrhée aiguë ou une mammite colibacillaire. « Le drenchage est souvent plus efficace qu'une perfusion par voie veineuse. La vache récupère très vite. Le drenchage est contre-indiqué à une vache couchée sur son flanc ou présentant des difficultés respiratoires. »
La technique du drenchage s'applique aussi aux veaux, mais avec un matériel beaucoup plus simple. Elle est utilisée principalement dans deux situations : la prise du colostrum aussitôt après la naissance et dans le cas d'une déshydratation. « Quand un veau refuse de boire, apporter 2 à 4 litres de colostrum par drenchage dès la naissance est d'une efficacité redoutable pour sa santé ultérieure. Pour l'éleveur, c'est aussi plus rapide que le biberon et il y a peu de risques de fausse déglutition, contrairement à l'usage d'un pistolet drogueur. Dans le cas des drenchages de réhydratants, il est important de ne pas dépasser le volume de la caillette du jeune veau, qui est d'environ 2,5 litres. La fréquence des drenchages sera également limitée à deux ou trois afin de ne pas irriter l'oesophage. »
2. Une fois le tube introduit, on le fixe au nez de la vache à l'aide de la mouchette. © CLAUDIUS THIRIET
3. L'éleveur déverrouille la sonde en faisant pivoter le verrou. Puis il pousse la sonde sur 1,20 m en se fiant aux repères marqués sur la sonde. Le premier à 1,10 m n'est plus visible et le second à 1,30 m approche du tube. © CLAUDIUS THIRIET
4. L'éleveur peut alors reverrouiller la sonde afin qu'elle ne bouge plus. Avec ce type de matériel, il y a très peu de risques de fausse route. Si la vache tousse pendant la pose, on revient en arrière et on recommence. © CLAUDIUS THIRIET
5. Le pompage du liquide peut commencer. Ce n'est absolument pas douloureux pour la vache qui, d'ailleurs, reste très tranquille pendant l'opération. © CLAUDIUS THIRIET
6. Une fois le liquide administré, on retire la sonde jusqu'à sa butée dans le tube protecteur et on verrouille à nouveau. Ce n'est qu'après qu'il faut retirer le tube. Si l'éleveur retire le tube avant que la sonde soit protégée, la vache pourrait endommager la sonde avec ses dents. © CLAUDIUS THIRIET
La sonde de la pompe à drencher doit être introduite dans le tube digestif de la vache sur une longueur d'environ 1,20 m. Il est donc important de marquer la sonde avec deux repères visuels à 1,10 m et 1,30 m. La sonde est assez fragile et il faut prendre soin que la vache, en mâchouillant, ne l'endommage pas. © CLAUDIUS THIRIET
La pompe à drencher pour un bovin présente un certain coût (350 € environ). Elle s'accompagne d'une sonde gastrique, et d'un tube protecteur avec mouchette et clé de verrouillage. © CLAUDIUS THIRIET
Pour le drenchage des veaux, il existe plusieurs dispositifs avec un réservoir équipé d'une sonde, terminée par un embout d'une forme spéciale pour éviter une fausse route dans les voies respiratoires. Le modèle Speedy-Drencher est assez pratique avec son réservoir de 4 litres (la dose du colostrum), équipé d'une prise d'air réglable et d'une sonde rigide avec une base rouge qui indique la longueur à introduire dans l'oesophage. © CLAUDIUS THIRIET
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