NE RÉCOLTER QU'UNE PARTIE DE LA PLANTE POUR DOPER LE FOURRAGE

L'ensilage à 55 cm de hauteur permet un petit bonus en énergie et en matière sèche et surtout avec moins d'encombrement, sans trop handicaper le rendement de la parcelle.© ARVALIS INSTITUT DU VÉGÉTAL
L'ensilage à 55 cm de hauteur permet un petit bonus en énergie et en matière sèche et surtout avec moins d'encombrement, sans trop handicaper le rendement de la parcelle.© ARVALIS INSTITUT DU VÉGÉTAL (©)

Relever la hauteur de coupe ou, plus radicalement, n'ensiler que l'épi enrichit sensiblement la valeur du fourrage, qui s'adaptera mieux aux rations où la part d'ensilage d'herbe est importante.

ET SI VOUS NE GARDIEZ QUE LE MEILLEUR DU MAÏS DANS VOTRE ENSILAGE ? » Ceci n'est pas un slogan, mais une pratique d'éleveur qui a tendance à se répandre. La plus courante aujourd'hui est de ne conserver que l'épi pour un ensilage le plus dense possible en énergie.

Mais faut-il vraiment se débarrasser de toute la partie tige-feuilles de la plante ? Pourquoi ne pas relever la hauteur de coupe pour un ensilage à 55 cm ou davantage, afin de concentrer en énergie sans trop handicaper le rendement ? Des essais d'Arvalis et des Ceta d'Ille-et-Vilaine permettent d'objectiver la valeur alimentaire qui en résulte.

Pourquoi de telles pratiques, quand l'ensilage de maïs s'est toujours fait avec une hauteur de coupe d'environ 15 cm ? L'initiative en revient à des éleveurs laitiers qui ont modifié leur système fourrager de façon à améliorer leur autonomie en protéines. Ils ont implanté davantage de luzerne, de ray-grass anglais, de trèfle blanc, et surtout des mélanges céréaliers incorporant une large part de légumineuses qu'ils ensilent précocement.

SE PASSER D'UNE FRACTION DE LA TIGE ET DES FEUILLES

En conséquence, ils disposent en quantité importante d'un fourrage certes riche en MAT, mais aussi en cellulose, donc encombrant pour le rumen qui, au-delà de 30 % dans la ration, la déconcentre en énergie et peut pénaliser la performance laitière. D'où l'intérêt de se passer totalement ou partiellement des tiges et des feuilles du maïs pour associer à ces ensilages d'herbe un aliment plus riche en UFL que l'ensilage de maïs plante entière et surtout moins encombrant.

Que vaut exactement la fraction de plante sous l'épi, entre 15 et 75 cm, que les éleveurs pourraient laisser dans le champ ? De récents essais d'Arvalis-Institut du végétal le précisent. Ces soixante centimètres de tige-feuilles représentent, en moyenne, 13 % du rendement total en matière sèche (MS) du fourrage, avec environ 20 % de MS (pour une récolte plante entière à 35 % de MS). Sans grains présents, il n'y a évidemment pas d'amidon et la digestibilité (dMO) est estimée à 50 % pour une valeur UFL voisine de 0,60. Une richesse alimentaire donc très moyenne pour cette portion de fourrage qui subit une lignification plus précoce et plus abondante que le haut de la tige. L'essai d'Arvalis a ensuite comparé plus précisément deux ensilages : l'un à 15 cm et l'autre à 55 cm, hauteur de coupe souvent maximum permise par une ensileuse (voir tableau). Dans ce cas de figure, la perte de rendement est de 9 % avec un gain de teneur en matière sèche non négligeable (8 %). « La teneur en MS du fourrage augmente de 0,7 point par tranche de 10 cm de hauteur de coupe. Dans des parcelles en manque de maturité ou en cas de récolte anticipée, l'éleveur peut ainsi se rapprocher des 32-34 % de MS recommandés pour l'ensilage », note Arvalis. Mais l'objectif principal est bien de profiter d'un fourrage plus riche en amidon (+ 10 %), plus digestible et plus riche en UFL (+ 0,04) pour l'associer à une part d'herbe importante dans la ration, tout en maintenant la performance laitière. L'autonomie alimentaire du troupeau peut également s'améliorer en diminuant l'apport de concentré énergétique.

« LE MAÏS S'ADAPTE AUX RÉCOLTES PRÉCÉDENTES »

En 2015, les Ceta d'Ille-et-Vilaine ont conduit un essai similaire (voir tableau) en comparant un ensilage classique à 15 cm de hauteur, un autre à 1 m, juste sous l'épi, et un ensilage de l'épi seulement, pratique déjà connue dans l'Ouest. Comme précédemment, remonter les becs de l'ensileuse concentre l'amidon, donc la valeur UFL avec moins de cellulose, donc un fourrage moins encombrant qui s'associera mieux à des quantités d'herbe importantes dans la ration. Mais le gain de 0,02 UFL est loin de ce que permet un maïs épi, qui culmine à 1,12 UFL, certes avec une perte de rendement de 36 % par rapport à un ensilage plante entière. Alors faut-il seulement relever la hauteur de coupe ou radicalement se passer de la tige et des feuilles pour aller vers un ensilage de maïs épi ? « Le maïs est le dernier fourrage de l'année à être récolté. C'est lui qui peut s'adapter aux récoltes précédentes », note Emmanuel Desbois, du Ceta 35. Avec des rendements décevants au printemps sur les ensilages d'herbe ou de méteil, ensiler plus haut permet d'assurer un niveau de stock en matière sèche plus important. Dans ce cas de figure, remonter la barre de coupe de 15 à 55 cm apparaît suffisant car, à ce niveau, la digestibilité des tiges-feuilles devient convenable. Bien sûr, la date de récolte devra s'adapter à l'augmentation du taux de matière sèche pour ne pas se laisser dépasser. « Avec une ration contenant 50 % de maïs coupé haut et 50 % d'un très bon ensilage d'herbe (16 % de MAT), 1,5 kg de soja suffit pour équilibrer une ration à 26 kg de lait », assure Emmanuel Desbois.

D'autres motivations amènent à couper le maïs plus haut :

- quand le rapport grains/tige est jugé trop faible de façon à concentrer l'ensilage en UF ;

- quand l'éleveur ne veut pas distribuer à la fois du maïs ensilage et du maïs épi ;

- quand la parcelle est vraiment loin du silo et que la baisse du rendement limite le nombre de tours des remorques.

Dans le cas où l'éleveur a une quantité d'ensilage d'herbe suffisante, celui de maïs épi reste pertinent, à condition de savoir le conserver.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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